La Caisse d’Epargne décline le prêt à impact pour les PME

Financement des entreprises
Alexandra Oubrier
caisse d’Epargne
De gauche à droite, Pascal Pouyet, directeur du développement des Caisses d'Epargne (CE), Michel Funfschilling, directeur général de Gaïago, qui a obtenu le premier prêt à impact octroyé par la banque, et Christophe Pinault, président du directoire de la CE Bretagne Pays de Loire.  - 

Les engagements environnementaux et sociaux des PME ne demandent qu’à être amplifiés. Déjà, ces entreprises sont nombreuses à se transformer pour atteindre des objectifs dans ce domaine. C’est pourquoi la Caisse d’Epargne a créé un prêt à impact spécifiquement conçu pour elles et pour les entreprises de l’économie sociale et solidaire. Le principe est simple : la banque octroie un prêt dont le taux est bonifié chaque année si les objectifs d’impact social ou environnemental fixés au départ sont atteints. Dans le cas contraire, il n’y a pas de sanction. Mais le concept ne s’arrête pas là. La Caisse d’Epargne encourage les entreprises à verser tout ou partie de la bonification à une association liée à l’objectif recherché. Le prêt à impact fait donc l’objet d’une convention tripartite entre les trois intervenants : la banque, l’entreprise emprunteuse et l’association bénéficiaire.

Seize thématiques d’impact ont été définies, notamment énergie verte, mobilité et transports, empreinte carbone, bâtiments, gestion des déchets, de l’eau dans le domaine environnemental, et ressources humaines, santé-sécurité, épargne responsable et achats responsables dans le domaine social. Une batterie d’indicateurs a aussi été répertoriée afin de mesurer si les objectifs d’impact sont effectivement atteints, comme la consommation d’énergie par mètre carré occupé ou la part des véhicules à faible émission dans la flotte de l’entreprise, par exemple. La méthodologie a d’ailleurs été auditée par Moody’s ESG Solutions (ex-Vigeo).

Le premier de ces prêts à impact a été octroyé par la caisse d’Epargne Bretagne Pays de Loire à la société Gaïago, installée près de Saint-Malo. Celle-ci fabrique des produits de revitalisation des sols pour les agriculteurs qui souhaitent restaurer la qualité de leurs terres et de leurs écosystèmes. Compatible avec la transition vers l’agriculture biologique, la gamme proposée permet d’améliorer les rendements, de réduire les intrants (engrais et pesticides), d’améliorer la capacité de rétention d’eau et de stocker du carbone. « En réveillant les bons champignons présents dans le sol, les produits Gaïago parviennent à recréer de l’humus et à améliorer la fertilité, explique Michel Funfschilling, directeur général de l’entreprise. Les résultats sont visibles dès six mois ! » Plus les sols sont dégradés – et c’est le cas de 52 % des sols agricoles –, plus les résultats sont tangibles.

Crédits carbone

Au-delà des bénéfices pour l’agriculture, ces produits génèrent également un important impact environnemental en activant le stockage du carbone dans les sols. C’est cet aspect qui fait l’objet d’une convention tripartite : Gaïago a obtenu un prêt à impact de un million d’euros sur cinq ans pour développer son programme carbone. Ce dernier repose sur une analyse de sols afin de mesurer la quantité de carbone contenue dans les parcelles agricoles. Les produits Gaïago de revitalisation des sols sont ensuite utilisés classiquement. Puis une nouvelle mesure de la quantité de carbone séquestrée est effectuée au bout de trois ans et au bout de cinq ans. Les agriculteurs reçoivent les bénéfices des crédits carbone qu’ils génèrent grâce à Gaïago Financement. C’est une entreprise à mission chargée de vendre ces crédits carbone aux entreprises qui souhaitent compenser leurs propres émissions de carbone. C’est également dans cette société que Gaïago a choisi de placer la bonification de 15 points de base que pourra lui verser la Caisse d’Epargne, si les objectifs communs du prêt à impact sont atteints.

Dix mille hectares de terre sont actuellement engagés dans le programme carbone, dont une partie du Domaine du Montmarin, entre Dinard et Saint-Malo, qui compte plusieurs dizaines d’hectares de pommeraies ainsi que des jardins à la française. La saison 2022 a été particulièrement mauvaise en raison de la sécheresse, mais Thibault de Montmarin constate déjà des bénéfices concrets de l’utilisation des produits Gaïago dans la vigueur de la reprise de la végétation dès les premières pluies du mois d’août, après des mois sans eau. A terme, il espère ne plus avoir besoin d’irriguer ni ses jardins, ni ses pommiers. Ce sera un autre impact bénéfique pour l’environnement.

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