KLS alimente le ruisseau digital du crédit syndiqué

La fintech du Crédit Agricole entend fluidifier les interactions entre prêteurs et emprunteurs, tout au long du cycle du crédit.
Benoît Menou
CA
La filiation au Crédit Agricole permet à KLS de s’appuyer sur les experts des métiers bancaires pour concevoir des solutions.  -  SP

Le crédit syndiqué n’échappe pas à l’optimisation numérique des relations entre ses intervenants. Née dans le berceau des fintechs du Crédit Agricole qu’est La Fabrique by CA, KLS suit cette tendance. Avec un premier produit, KLS Syndication. « Une majorité des 39 caisses régionales du Crédit Agricole y sont déjà actives, pour plusieurs dizaines d’opérations de montants compris entre 2 et 300 millions d’euros, avance Cécile Joly, directrice générale de KLS. Notre objectif est d’accompagner en deux ans la production de 8 à 10 milliards d’euros de crédits syndiqués. » La manœuvre remonte à la source du crédit. Via la plateforme et selon les termes définis avec l’emprunteur, la banque arrangeuse boucle le financement en en invitant d’autres au bal, en sondant leur intérêt, puis en définissant l’allocation. « L’outil permet d’alimenter un annuaire intelligent des banques invitées, puis de suivre en temps réel leur position », précise Cécile Joly. Sans oublier que « la centralisation au sein d’unedata room’ offre un partage optimisé de la documentation, les traditionnels et nombreux échanges d’e-mails constituant un véritable casse-tête ». KLS entend ainsi permettre de « proposer facilement un dossier et trouver ses futurs partenaires pour créer un syndicat bancaire », ajoute la dirigeante.

Ni plancher ni plafond

Une fois tout le monde d’accord et même si bien souvent la même banque conserve la baguette de chef d’orchestre, l’agent prend le relais de l’arrangeur, tout comme, côté KLS, le module « arrangement » déjà disponible cède la place au module « agency » utilisable d’ici à mi-avril. KLS ne propose pas encore de signature électronique du contrat, ce pourrait être le cas début 2022 selon Cécile Joly, qui précise que cette fonctionnalité, bien qu’en progression du fait de la crise sanitaire, n’est pas encore monnaie courante sur le secteur de la dette structurée. KLS pourrait d’ailleurs s’en remettre aux solutions développées individuellement par les banques. Ensuite, le pilotage concerne le suivi des engagements de l’emprunteur concernant la fourniture de documents et le respect d’indicateurs financiers. Cela permettra, selon un testeur du module côté corporate, « de transmettre de manière plus rapide et sécurisée les documents. Ma perception est que la plateforme va simplifier le traitement et la centralisation de l’information ». L’outil pourra faciliter la gestion de dérogations sollicitées par l’emprunteur sur ces covenants, en centralisant en ligne le vote nécessaire des prêteurs pour accorder ou non ces waivers. Cécile Joly vise une traduction en anglais de KLS d’ici à un an, et souhaite progressivement stimuler, au sein de la plateforme, un échange de bonnes pratiques ou de standardisation des documents.

KLS se veut accessible sans plancher ni plafond de taille d’opération ou d’emprunteur. « Si les grandes banques et ‘corporates’ ont déjà digitalisé une bonne part de leurs process, dont ceux sur le crédit syndiqué, ce n’est probablement pas le cas des plus petites », souligne Philippe Berneur, vice-président de la commission financements de l’AFTE (Association française des trésoriers d’entreprise). Dès lors, aux yeux du vice-président de la commission fintech de l’association, Lionel Jouve, « les solutions digitales promettant de s’adresser à un large spectre d’emprunteurs peuvent revêtir une réelle valeur ajoutée innovante. Tout ce qui permet d’atténuer la lourdeur administrative, de mutualiser les efforts et d’obtenir une meilleure communication tout en renforçant la sécurité opérationnelle, tout cela est positif ».

« Notre filiation au Crédit Agricole nous permet de nous appuyer sur les experts des métiers bancaires avec lesquels nous co-concevons nos solutions, afin de répondre à un besoin de place, plaide Cécile Joly. Nous disposons d’une indépendance de stratégie et d’infrastructures nous permettant d’assurer une égalité de traitement. » Jusqu’à cet été, seules les caisses du Crédit Agricole peuvent être arrangeuses et en inviter d’autres, y compris hors du groupe.

Meilleurs coûts

KLS n’est pas seul en scène. La fintech avance en parallèle notamment à Finastra qui, au-delà de son outil de référence de back-office au sein des banques, Fusion Loan IQ, s’apprête à concrétiser son lancement sur le segment des interactions entre prêteurs et emprunteurs, avec Fusion LenderComm. « En collaboration pragmatique avec la fintech Hubx, Finastra a développé une nouvelle solution digitale, Finastra front office syndication powered by Hubx, qui prend en charge la phase d’arrangement/‘bookrunning’ jusqu’à la signature du crédit quand Fusion Loan IQ s’occupe de sa vie », comme le précise Olivier Brien, responsable des équipes avant-ventes des solutions lending chez Finastra. Qui ne doute pas qu’« à terme, nos outils permettront aux banques de faire profiter de meilleurs coûts à leurs clients tout en améliorant leurs marges, même si l’impact du digital va bien au-delà de critères quantitatifs. Qualitativement, il améliore le traitement ».

Ces nouveaux venus rejoignent l’ancêtre Debtdomain. La plateforme en ligne se targue d’avoir accompagné depuis 2002 « le lancement de dizaines de milliers de transactions par des centaines de banques ». Elle est depuis 2018, par le biais su rachat d’Ipreo, la propriété d’IHS Markit, lui-même en cours d’acquisition par S&P Global. « Aujourd’hui, la grande majorité des banques utilisent Debtdomain, souligne un observateur averti. Mais nombreuses sont celles faisant part de leur mécontentement quant à son coût d’utilisation et à sa complexité d’utilisation », tacle-t-il.

Soucieuse d’alimenter le souffle de l’innovation technologique, KLS a d’autres projets. Dont, au printemps, le lancement de KLS Credit & Guaranty, destiné à digitaliser les programmes publics de financement soutenus notamment par le Fonds européen d’investissement ou la Banque européenne d’investissement. Il s’agit toujours d’aider les banques à mieux accompagner leurs clients bénéficiaires de ces financements. « La digitalisation sera notamment utile en matière d’analyse, historiquement très complexe, des critères d’éligibilité », pointe Cécile Joly. Avec le soutien européen à la relance économique en vue, ces programmes ont eux aussi de beaux jours devant eux.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Financement

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...