
Rallye prend ses banques à revers

La «ligne magique» s’est transformée en mauvais tour. Les cinq banques françaises (BNP Paribas, CIC, Crédit Agricole CIB, HSBC France et Natixis) qui avaient accordé à Rallye dans l’urgence, en septembre 2018, une ligne de crédit non garantie de 500 millions d’euros pour couper court aux rumeurs de crise de liquidité, se trouvent coincées par la procédure de sauvegarde engagée jeudi par la maison mère de Casino.
La holding a tiré 202 millions d’euros sur ce crédit, quelques jours seulement avant la demande de sauvegarde. Frank Hattab, le directeur financier de Rallye, avait en effet indiqué à L’Agefi début avril que la ligne de 500 millions d’euros était «intacte». «En période de difficultés, les entreprises sont souvent tentées de tirer le maximum de liquidités avant la mise en sauvegarde afin de l’aborder avec un peu plus de confort», explique un professionnel des restructurations de dette.
Désormais, avec la procédure de sauvegarde, les banques ne peuvent plus espérer toucher leurs intérêts. Intérêts que Rallye a d’ailleurs révélés publiquement jeudi pour la première fois : 6% au-dessus de l’Euribor pour un crédit d’une maturité de 18 mois. De quoi voir rouge pour un banquier. «Le sujet est ‘touchy’. C’est remonté au plus haut niveau», souffle un proche d’une des cinq banques.
L’ouverture de la procédure de sauvegarde ne signifie pas que les banques devront obligatoirement abandonner leurs créances. Mais cette ligne n’étant pas secured, à la différence des autres financements bancaires de Rallye, garantis par des actions Casino, le risque de perte sèche n’est pas nul. Compte tenu du prix de marché des obligations non garanties et des CDS de Rallye depuis la mise en sauvegarde, un spécialiste de ce type de situation estime la perte de valeur à 160 millions d’euros pour les cinq banques.
Ce crédit, qualifié de magique en raison de son effet sur le cours de Bourse de Rallye au moment de son annonce (+13% en une séance), avait soulevé des interrogations. Pourquoi Rallye refusait-il d’en dévoiler le taux d’intérêt ? Pourquoi cinq banques de premier plan acceptaient-elles de mobiliser 500 millions d’euros, qui plus est sans nantissement, dans une holding déjà endettée à hauteur de 2,86 milliards d’euros ?
Aucun des cinq établissements contactés par L’Agefi n’a souhaité faire de commentaire ni préciser son exposition individuelle à ce crédit.
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