Les trésoriers européens ont une approche pragmatique de l’innovation

Les contraintes de confidentialité et de sécurité influencent le rythme de transformation des systèmes de gestion financière des entreprises.
Yves-Marc Le Réour

Les trésoriers européens sont confrontés à des innovations technologiques qui jouent un rôle d’aiguillon dans l’évolution de leur fonction. Les participants d’une table ronde, organisée hier lors des Journées 2018 de l’AFTE (Association française des trésoriers d’entreprise), ont néanmoins souligné la nécessité d’intégrer ces innovations, comme le paiement instantané, en fonction des besoins réels exprimés par les sociétés.

«Le rythme d’adoption des innovations dépend principalement des contraintes internes à l’entreprise», relève Joanna Bonnett, responsable de la trésorerie de PageGroup. Au cours des 18 derniers mois, le cabinet britannique de recrutement s’est réorganisé en créant une plate-forme centrale de gestion de trésorerie. Il a par ailleurs décidé de diminuer le nombre de ses partenaires bancaires. Les risques de fraude et de contrepartie doivent aussi être pris en compte en matière de transformation digitale.

La dématérialisation et l’automatisation des processus visent à faciliter les prises de décision en temps réel en vue de mieux protéger l’intérêt des entreprises. Si certains outils proposés par les fintech permettent de simplifier la gestion de leur situation journalière de trésorerie, «le partage de fichiers via la technologie ‘peer-to-peer’ n’a jusqu’à présent pas été utilisé par Akzo Nobel», indique Benoît Cuignet, directeur des marchés financiers du groupe chimique néerlandais.

Ce groupe a choisi de mettre en place une centrale de paiement («payment factory») gérée par une équipe interne car cette solution facilite les procédures de contrôle et amoindrit les risques par rapport à un système externalisé. Le besoin de confidentialité et de sécurité implique en outre l’utilisation de logiciels qui doivent être parfaitement fiables.

Benoît Cuignet n’a pas constaté de différences significatives dans les missions d’un trésorier en France ou aux Pays-Bas, hormis une plus grande proximité d’Amsterdam avec des partenaires bancaires basés à Londres. José Carlos Cuevas de Miguel, directeur financier du groupe espagnol d’ingénierie Duro Felguera, estime de son côté que le trésorier a jusqu’à présent «un rôle plus restreint dans les pays d’Europe du Sud comme l’Espagne, le Portugal ou l’Italie». Akzo Nobel, qui a bouclé début octobre la vente de sa chimie de spécialités à Carlyle et au fonds souverain singapourien GIC, précise avoir couvert sa dette libellée en dollars durant une période de 18 mois.

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