
Les déboires de LendingClub laissent de marbre l’industrie du crowdlending

L’américain LendingClub (LC), pionnier du «crowdlending» (prêt participatif) - un mode de financement consistant à mettre en relation, via internet, des particuliers en quête d’argent frais et des épargnants ou investisseurs à la recherche de rendement - n’en finit pas de payer le prix de ses problèmes de gouvernance.
La fintech a publié mardi, après la clôture de la Bourse de New York, une perte nette de 31,2 millions de dollars, pour le premier trimestre, contre une perte de 29,8 millions de dollars sur la même période de l’exercice précédent, malgré une progression de 22% de son chiffre d’affaires, à 151,7 millions de dollars.
Si les comptes de la fintech sont demeurés dans le rouge, c’est notamment en raison des litiges auxquels elle se trouve en butte. Les coûts juridiques liés aux enquêtes gouvernementales dont LendingClub fait l’objet au titre d’irrégularités dévoilées en 2016 lui ont encore coûté 17 millions de dollars sur les trois premiers mois de l’année. En 2017 déjà, LendingClub avait dû débourser 125 millions de dollars pour mettre un terme à des poursuites judiciaires engagées contre elle en 2016.
C’est à cette époque qu’avaient commencé les problèmes de gouvernance de la société, née en 2007 et qui se faisait fort de révolutionner une industrie du prêt dominée par les banques. La mise au jour d’un conflit d’intérêts et d’une vente de prêts à un investisseur institutionnel, non conforme aux critères de celui-ci, avaient provoqué en mai 2016 la démission de l’emblématique patron du groupe, le français Renaud Laplanche.
Un cours de Bourse divisé par 10
Introduite en fanfare à la Bourse de New York le 11 décembre 2014, à 15 dollars, l’action LendingClub ne s’est jamais remise des affres de 2016. Après avoir atteint un plus haut historique de 29,29 dollars le 18 décembre 2014, le titre vaut dix fois moins aujourd’hui. L’action semble d’autant moins susceptible de remonter la pente que LendingClub se trouve de nouveau dans le collimateur des autorités, dans le cadre d’un autre dossier. Le 25 avril, la Federal Trade Commission (FTC) a engagé des poursuites contre la société, au motif de commissions cachées facturées à sa clientèle d’emprunteurs particuliers. La FTC reproche également à la fintech d’avoir continué à prélever des mensualités de crédit à des clients qui avaient remboursé leur emprunt.
Envol des montants collectés
Autant de péripéties a priori susceptibles de porter un coup au jeune secteur du crowdlending, dont le modèle économique repose en grande partie sur la confiance et la réputation. Il n’en est rien pour le moment. Aux Etats-Unis, près de 40 milliards de dollars de nouveaux prêts devraient être accordés cette année par LendingClub et ses concurrents Prosper, SoFi et On Deck Capital, soit un bond de 46% par rapport à 2017, selon la société d'études AltFiData. Autre preuve de confiance dans les perspectives du secteur aux Etats-Unis, un autre rival, GreenSky, a fait part à la fin avril de son intention de se coter à Wall Street.
En France également, l’essor du prêt participatif se poursuit, avec des fonds collectés qui se sont envolés de 102% l’an dernier, à 195,4 millions d’euros. Ce montant représente 58,2% du marché français de la finance participative, qui comprend également les plates-formes de dons et celles spécialisées dans l’investissement en capital. «Les problématiques de LendingClub n’ont pas de conséquences sur l’activité de nos clients. En France, peu de gens connaissent cette entreprise», explique Nicolas Lesur, président de la plate-forme de prêt participatif Unilend.
«Ce sujet nous amène toutefois à la réflexion suivante : à la différence des Etats-Unis, la France a bâti la régulation du crowdlending avant même de construire l’industrie», souligne le dirigeant. «Les acteurs du secteur et les pouvoirs publics ont mis en place un corpus réglementaire cohérent et qui sert de garde-fou, au point que le plafond des levées de fonds sur les plates-formes de financement participatif pourrait être prochainement relevé à 8 millions d’euros [contre 2,5 millions d’euros actuellement, ndlr]», poursuit Nicolas Lesur.
Si les déboires réglementaires du numéro un mondial du prêt participatif n’entachent pas le secteur dans son ensemble, reste en revanche à voir comment cette jeune industrie, née il y a une dizaine d’années, traversera un cycle de crédit complet, avec son lot de taux de défauts sur fond de concurrence accrue.
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Orem - Boeden Seitzinger est encore «traumatisé» par la mort de Charlie Kirk. Cet électricien américain était dans les tous premiers rangs du rassemblement où l’influenceur pro-Trump a été tué d’une balle dans le cou. «J’ai vu le sang jaillir de son artère carotide», raconte à l’AFP le jeune homme, coiffé d’une casquette rouge «Make America Great Again». «Il était évident qu’il n’allait pas s’en sortir. C'était terrifiant.» Malgré la mort de cette figure de la droite américaine, il rejette en bloc l’idée d’instaurer des contrôles plus stricts pour obtenir des armes à feu aux Etats-Unis. "Ça n’aurait rien changé. Quand on veut, on peut, les gens se procurent des armes, quoi qu’il arrive», souffle-t-il, lors d’une veillée à la mémoire du militant conservateur à Orem, dans l’Utah (ouest). Un suspect est actuellement en garde à vue pour le meurtre de M. Kirk. Les autorités n’ont pas encore expliqué dans quelles conditions le fusil à lunette, retrouvé dans des bosquets près de la scène de crime, a été acquis. Mais une chose est sûre : l’Utah, où l’influenceur a trouvé la mort, est un des Etats les plus permissifs en matière d’armes à feu. Dans cette région très conservatrice, les adultes peuvent porter des armes à feu sans permis, sauf pour les jeunes âgés de 18 à 20 ans. Sur les campus, comme celui de l’université Utah Valley, où M. Kirk a été tué, avoir une arme est possible à condition d’avoir un permis. Défenseur du deuxième amendement Âgé de 18 ans, M. Seitzinger a grandi en chassant avec sa famille et s’est procuré il y a quelques mois son premier fusil. L’achat a pris trente minutes, temps nécessaire pour que la boutique vérifie ses antécédents. Il refuse toute règle qui l’aurait obligé à attendre plusieurs jours. «Ce n’est pas ce que Charlie aurait voulu», estime-t-il. «Charlie disait souvent que le danger d’une arme à feu vient uniquement de son propriétaire. Il ne faut pas blâmer l’arme à feu, mais plutôt la personne qui la brandit», reprend-il. «Le fait qu’il soit mort ne m’inspire pas une peur des armes à feu, cela me rend méfiant envers les gens.» Le militant, qui a été abattu alors qu’il répondait à une question sur les tueries par armes à feu, était un ardent défenseur du deuxième amendement de la Constitution américaine. Il avait par exemple estimé que «cela vaut la peine, hélas, de déplorer chaque année un certain nombre de morts par arme à feu afin de pouvoir jouir du deuxième amendement, qui protège nos autres droits offerts par Dieu». Avec plus d’armes à feu en circulation que d’habitants, les Etats-Unis affichent le taux de mortalité par arme à feu le plus élevé de tous les pays développés. En 2024, plus de 16.000 personnes, sans compter les suicides, ont été tuées par arme à feu, selon l’ONG Gun Violence Archive. «Dissonance» Les gouvernements successifs n’ont jusqu'à présent pas réussi à endiguer les tueries, fléau de la vie quotidienne systématiquement suivi des traditionnelles «prières» envoyées par la classe politique. A 73 ans Reed Fansworth, a lui aussi prié pour M. Kirk avec des centaines de personnes lors de la veillée. Dans la foule, ce manager d’une entreprise d’informatique a aperçu quelques personnes porter des armes, et s’est senti rassuré. «L’Utah, c’est un peu le Far West», sourit-il, grand drapeau étoilé en main. «Quand tout le monde porte une arme, vous faites attention à votre comportement.» «La mort de Charlie ne change pas grand-chose», poursuit-il. «Nous devons nous préoccuper des personnes qui ressentent cette colère, mais nous ne devons pas retirer les armes de tout le monde.» De son côté, Leah Marett avoue ressentir une «dissonance», face à l’assassinat de M. Kirk. Mais pour cette étudiante de 25 ans, le débat reste «insoluble». «Il y a tellement d’armes à feu en circulation, même si nous essayions de les retirer, tout le monde ne les rendrait pas», pressent-elle. «Nous laisserions beaucoup de personnes en possession d’armes à feu, et les innocents se retrouveraient sans défense.» Romain FONSEGRIVES © Agence France-Presse -
A Matignon, les partenaires sociaux réclament des preuves de « rupture »
Paris - Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a commencé à consulter les partenaires sociaux, à moins d’une semaine de la mobilisation intersyndicale du 18: comme les oppositions, la CFDT qui a ouvert le bal, a réclamé des preuves de «rupture» avec les orientations budgétaires du gouvernement sortant. Si la secrétaire générale du premier syndicat français a trouvé Sébastien Lecornu "à l'écoute», Marylise Léon a profité de cet entretien pour réaffirmer sa ferme opposition à la suppression de deux jours fériés et à la relance du conclave sur les retraites, une idée «définitivement enterrée» par la CFDT, a-t-elle dit en sortant de Matignon à la mi-journée. «Il n’y a pas eu de terrain d’atterrissage au moment de la fin du conclave, donc on ne reprend pas les discussions», a-t-elle résumé, à l’issue d’une heure et demie de discussions. Alors que le nouveau Premier ministre a prôné des «des ruptures» sur la forme et le fond, la suppression des deux jours fériés, la plus inflammable des mesures d'économie annoncées par François Bayrou cet été, pourrait être abandonnée. Le nouveau locataire de Matignon «a dit qu’il répondrait sur ce sujet prochainement», a sobrement dit Marylise Léon à la presse. Y aura-t-il une reprise dans un autre cadre que le conclave des négociations sur la réforme des retraites ? Selon elle, Sébastien Lecornu «n’a pas donné de position sur ce qu’il allait donner comme suite sur le sujet des retraites». La CFDT est l’un des trois syndicats à avoir discuté jusqu’au terme du conclave lancé par François Bayrou, pour tenter d’amender l’impopulaire réforme des retraites de 2023. Les négociations avaient pris fin sur un constat de désaccord avec le patronat concernant les modalités de prise en compte de la pénibilité. Avant ou après le 18 Les rencontres bilatérales à Matignon doivent se poursuivre avec le président du Medef vendredi à 19H45, avant la CGT, la CFTC et la CFE-CGC lundi et les deux organisations patronales CPME et U2P, lundi et mardi. Le chef de file de FO, Frédéric Souillot, a quant à lui accepté de rencontrer M. Lecornu mais après le 18 septembre, date de la journée intersyndicale de grèves et manifestations. Elle mettra à nouveau les autorités sous pression, après la participation de 197.000 personnes, selon le ministère de l’Intérieur, à la journée du 10 pour demander la fin de l’austérité budgétaire, l’abrogation de la réforme des retraites ou encore plus de justice fiscale. La cheffe de file de la CGT Sophie Binet a appelé de ses vœux «encore plus de manifestations et de grèves» le 18 que le 10. «Nous avons réaffirmé que nous étions plus que jamais motivés pour aller dans la rue et que nous réussirons la mobilisation du 18 septembre», a assuré Marylise Léon vendredi. Le Premier ministre «n’a pas démenti qu’il pourrait y avoir un certain nombre (...) de travaux, sur une contribution des plus hauts revenus», selon des modalités encore floues, a-t-elle évoqué, tout en demandant des «preuves» de la «rupture». Côté politique, le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a expliqué vendredi lors de la Fête de l’Humanité que son parti ne censurerait pas Sébastien Lecornu «a priori» mais qu’il le ferait «sans marque profonde d’un changement de politique», disant lui avoir fait «des demandes sur l’augmentation des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites et la diminution des aides accordées aux grosses entreprises». Le PS propose, lui, de revenir sur la réforme des retraites et de mettre en place une taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, deux lignes rouges pour le bloc central. Le numéro un de la CFTC, Cyril Chabanier, entend rappeler lundi au Premier ministre «qu’il ne peut pas repartir sur la même page (budgétaire, NDLR) que l’ancien Premier ministre» car «les efforts reposaient trop sur les travailleurs, les chômeurs, les retraités». Béatrice JOANNIS © Agence France-Presse -
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