Le Dollar Index fait son retour

Le retour du Dollar Index (mesure de la parité du dollar par rapport à un panier de six grandes devises, l’euro, la livre, le yen, le dollar canadien, la couronne suédoise et le Franc suisse) est le fait marquant de l’été. Depuis ses points bas de mi-juillet, le Dollar Index a gagné 3%. Cela s’explique par la hausse des taux d’intérêt réels aux Etats-Unis et intervient alors que les marchés actions diminuent un peu, indiquant que les investisseurs vont vers les valeurs refuge. Le mouvement haussier devrait perdurer le reste de l’année. Nous nous attendons à ce que le dollar continue d’être privilégié par les investisseurs. C’est une mauvaise nouvelle pour la paire EUR/USD qui reste sous pression, également à cause du risque de récession en zone euro. Le yuan continue de retenir notre attention. La Chine cherche manifestement à stabiliser sa devise avec un objectif légèrement inférieur au seuil de 8,00 pour l’EUR/CNH. Nous n’avons pas eu de données confirmant cela pour les dernières séances mais il est probable que les banques étatiques continuent d’intervenir sur le marché onshore et offshore, comme ce fut le cas vers mi-août. Pas de stratégie de dépréciation en vue.
Nouvelle trajectoire baissière pour l’EUR/USD ?
Il n’y a pas si longtemps de cela, on pensait que la paire EUR/USD allait tutoyer la zone de prix autour de 1,14-1,15$ d’ici la fin de l’année. C’était d’ailleurs la cible des trésoriers. Cependant, l’été est passé par là et on voit plutôt la paire amorcer une nouvelle traversée du désert. Pour l’instant, elle s’est stabilisée autour de 1,08$. Mais le potentiel de baisse n’est certainement pas encore épuisé. Comment expliquer cette contre-performance ? Tous les catalyseurs haussiers pour l’euro ont disparu.
1) Avantage économique : on pensait que la récession allait frapper l’économie américaine mais les Bidenomics sont passées par là. C’est plutôt la zone euro qui risque d’expérimenter une récession dès ce trimestre au regard de l’effondrement des indicateurs d’activité PMI et des crédits aux ménages (plus faible croissance depuis 2015 !).
2) Avantage monétaire : l’euro a longtemps été porté par l’espoir que la Banque Centrale Européenne augmenterait les taux plus longtemps que la Réserve Fédérale américaine. Ce n’est plus certain désormais. Le risque de récession plaide en faveur d’une pause de politique monétaire dès ce mois-ci avec une première baisse des taux qui pourrait intervenir dès le premier trimestre 2024.
3) L’effondrement chinois : nous vous en parlions la semaine dernière, la situation en Chine s’apparente à une récession. C’est une mauvaise nouvelle pour l’Europe et en particulier pour les secteurs du luxe, de l’automobile et de l’aéronautique qui vont voir la demande chinoise chuter.
Un glissement de la paire vers les 1,05$ n’est en rien certain. Mais c’est un scénario qui ne peut plus être écarté au regard de la dégradation économique à l’œuvre en zone euro. Il y a encore un mois de cela, une telle chute était inimaginable. L’épisode actuel nous rappelle l’importance de prévoir l’imprévisible lorsqu’on est exposé aux problématiques de taux de change.
Defthedge propose de l’analyse technique, un outil de pilotage et du conseil opérationnel en risques de change et de matières premières.
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