La France a échappé en 2022 à la dégradation du cycle d’exploitation des entreprises

Le besoin en fonds de roulement (BFR), ce nombre de jours de chiffre d’affaires nécessaires au financement du cycle d’exploitation, a l’an dernier dans le monde progressé à un rythme inédit depuis 2008, selon l’étude de l’assureur-crédit Allianz Trade, réalisée sur un panel d’entreprises cotées.
Cet indicateur a bondi de 9 jours, pour s'établir à 72 jours. Cette progression est à relier au ralentissement de la croissance économique, au tempo élevé de l’inflation, à la hausse des coûts de financement ou à la normalisation du rythme des défaillances d’entreprises après un creux pandémique.
Pour Maxime Lemerle, responsable des études défaillances chez Allianz Trade, cette augmentation «signifie que les entreprises comptent plus sur leurs ressources financières pour financer leur activité, et ont donc moins de trésorerie disponible pour investir, développer leur offre ou leur présence géographique, grandir, se moderniser voire réduire leur dette».

L’étude pointe que toutes les régions du globe sont touchées, la hausse du BFR atteignant par exemple 10 jours en Asie-Pacifique (à 77 jours), et même 15 jours en Chine, ou 7 jours en Europe de l’Ouest (68 jours), passant par un bond de 12 jours en Allemagne.
En France pourtant, le BFR est resté stable selon l’étude, à 52 jours. «La France se distingue de ses voisins européens par une plus grande maîtrise des délais de paiement, tant côté clients que fournisseurs, qui lui a permis de compenser la hausse des stocks et au final d’afficher un BFR stable et sensiblement inférieur à la moyenne européenne», relève Maxime Lemerle.
Des fournisseurs banquiers
Au niveau mondial, le rallongement des délais de paiement - ou DSO (daily sales outstanding), ce nombre de jours nécessaires à l’encaissement à compter de l’émission de la facture - explique également la hausse du BFR. Le DSO moyen a ainsi enflé de 5 jours à 59 jours en 2022 dans le monde, selon l’étude d’Allianz Trade. «Le rôle de banque invisible joué par les fournisseurs devient de plus en plus essentiel» note Maxime Lemerle. «Le souci, c’est que cela met directement la pression sur la trésorerie des fournisseurs», regrette-t-il. Pis, l’étude pointe que près d’une entreprises sur cinq est payée après 90 jours, cela «implique un important risque de liquidité à court terme».
A lire aussi: La remontée des défaillances s’étalera dans le temps
L’évolution du niveau des stocks fait aussi bouger les lignes de flottaison. Ces stocks ont représenté l’an passé «un poids financier de plus en plus important», relève Allianz Trade. Pour son responsable des études défaillances, les entreprises sont passées «d’une logique de ‘juste à temps’, où elles produisaient à flux tendus, à une logique de ‘juste au cas où', où elles se montraient prévoyantes dans la constitution de leurs stocks». Ce qui représente un fardeau quand le ralentissement économique freine l’écoulement des stocks.
Et en 2023 alors ? Allianz Trade attend une «année de la stabilité» du BFR, passant par une dégradation de 2 jours du DSO et une amélioration des stocks de 4 jours. Cette stabilisation a été observée «lors des précédents épisodes de ralentissement économique, et nous ne voyons pas de raison pour que cela se passe différemment en 2023», avance Maxime Lemerle.
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