La crainte de retards de paiement accrus monte en Europe

Plus de 83% des entreprises françaises interrogées par Intrum ont allongé cette année les délais de paiement accordés à leurs clients.
Yves-Marc Le Réour
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Pour 60% des entreprises sondées, le risque afférent aux retards de paiement devrait s’accroître au cours des 12 prochains mois.  -  photo Pixabay.

Les incertitudes économiques grandissantes ont eu raison de l’optimisme relatif qui prévalait l’an dernier sur le comportement de paiement des entreprises. C’est l’un des principaux enseignements de la dernière étude (European Payment Report) publiée mardi par le spécialiste suédois du recouvrement des créances Intrum. Ce rapport se fonde sur les résultats d’une enquête menée simultanément dans 29 pays européens entre le 17 janvier et le 13 avril 2022 auprès de 11.007 entreprises de toute taille appartenant à 15 secteurs d’activités, dont 600 sociétés interrogées pour la France.

«Le conflit russo-ukrainien, l’accélération de l’inflation et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement ont entraîné une frilosité plus importante des entreprises sur leur capacité à se développer», commente pour L’Agefi Jean-Luc Ferraton, directeur général d’Intrum en France. Compte tenu des impératifs de remboursement des aides bancaires et des prêts garantis par l’Etat (PGE) accordés au début de la crise sanitaire, respectivement 52% et 50% des dirigeants français et européens interrogés jugent que l’augmentation de l’écart entre les échéances de paiement et les remboursements dûs représente un risque réel pour la croissance de leur entreprise.

Six jours en plus pour les paiements interentreprises

Dans l’Hexagone, plus de 83% des entreprises sondées ont allongé cette année les délais de paiement accordés à leurs clients, contre 64% en 2021. Alors que l’écart entre les délais contractuels et effectifs est passé de 11 à 17 jours d’un an sur l’autre pour les paiements interentreprises, cet écart atteint désormais 23 jours pour les clients gouvernementaux (contre 9 jours en 2021) et il s’est réduit d’une journée pour les consommateurs (B2C), en tombant à 8 jours. En dépit de cette situation, 37% des répondants ont indiqué que les pertes découlant des créances impayées ont diminué cette année.

Une proportion de 65% de l’échantillon français, contre 59% à l’échelle européenne, prévoit d’autre part une poursuite de la hausse des taux d’intérêt, ce qui conduira ces entreprises à davantage de prudence dans la gestion de leurs emprunts et de leurs dépenses. Si 61% des entreprises françaises et 51% de leurs homologues européennes affirment que la crise du Covid-19 les a aidés à mieux gérer les risques liés à la gestion des retards de paiement, respectivement 41% et 48% d’entre elles reconnaissent que si une nouvelle crise devait à nouveau survenir durant les deux prochaines années, elles ne pourraient pas gérer les perturbations liées aux flux de trésorerie plus efficacement qu’avant la pandémie.

Un manque de ressources internes

Pour 60% des entreprises françaises et 61% des entreprises européennes, le risque afférent aux retards de paiement devrait s’accroître au cours des 12 prochains mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Par ailleurs, 58% de l’échantillon français (contre 53% au niveau européen) souligne un manque de compétences ou de ressources internes pour améliorer la gestion des retards de paiement. «Les pratiques d’externalisation de la gestion du poste client sont globalement moins répandues en France et dans les pays d’Europe du Sud que dans ceux de l’Europe du Nord», relève Jean-Luc Ferraton.

Compte tenu de l’interdépendance de l’activité des entreprises liée aux chaînes d’approvisionnement, le respect des délais de paiement a également un impact sur la perception de leur responsabilité sociétale et environnementale (RSE). Environ 47% des sociétés françaises sondées déclarent que les exigences grandissantes de leurs clients dans ce domaine pourraient inciter ces derniers à remettre en cause leur relation d’affaires en cas de carences dans la politique RSE des fournisseurs. Cette inquiétude est toutefois moins forte (39%) pour l’ensemble de l’échantillon européen.

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