
La contrainte financière devient majeure pour WeWork

La consommation de trésorerie de WeWork semble difficilement compatible avec ses ambitions de croissance. Si le spécialiste américain des espaces de coworking (travail partagé) a repoussé fin septembre sine die son projet d’IPO, il a fortement accéléré le rythme de ses ouvertures au cours des derniers mois. Selon des chiffres arrêtés au 10 octobre, il possédait à cette date 622 sites répartis dans 123 villes à l’échelle mondiale. En moins de trois mois et demi, il a ainsi ouvert 94 espaces de travail partagés supplémentaires, soit presqu’autant que les 97 sites ouverts durant le premier semestre 2019. Il compte de surcroît ouvrir «à brève échéance» 89 autres sites et 117 autres à plus long terme.
Le prospectus publié en prévision de son entrée en Bourse indiquait que le coût moyen afférent à la conception et à la construction d’un site sur la période de janvier à juin 2019 avait atteint 2,63 millions de dollars (2,39 millions d’euros), soit un bond de 37,7% par rapport au coût unitaire des 82 espaces ouverts au premier semestre 2018. WeWork a ainsi dépensé plus de 500 millions de dollars depuis début 2019 pour financer son développement.
Son programme de restructuration prévoit des licenciements visant au moins 10% des effectifs ainsi que la cession ou la fermeture de certains sites jugés non stratégiques. Mais le groupe a dû faire une croix sur une ligne de crédit de 6 milliards de dollars dont le déblocage était soumis à la levée d’au moins 3 milliards de dollars par le biais de son IPO. Après l’abandon de cette opération, WeWork, qui consomme environ 2,8 milliards de dollars par an, «sera à court de liquidités au deuxième trimestre 2020 s’il continue à croître au rythme actuel», selon les analystes de Sandford Bernstein. Pour d’autres analystes, une cessation de paiement pourrait intervenir avant la fin de cette année. Sa perte nette a atteint 690 millions de dollars sur le semestre écoulé, correspondant à 45% de son chiffre d’affaires, pour une trésorerie disponible de 2,5 milliards à fin juin.
Plan de sauvetage
Conscient des risques qui pèsent sur l’avenir du groupe, ‘The We Company’, maison mère de WeWork, travaille à un plan de sauvetage dont les contours ne sont pas encore définitivement fixés. Le conglomérat nippon SoftBank, qui détient déjà un tiers du capital, envisage de dépenser plusieurs milliards de dollars pour renflouer l’entreprise en augmentant le niveau de sa participation et en lui fournissant de nouveaux prêts. En cas d’accord entre les deux groupes, une grande partie des droits de vote du cofondateur Adam Neumann - déjà réduits le mois dernier - serait transférée à l’actionnaire japonais qui prendrait ainsi le contrôle de WeWork.
Face aux inquiétudes exprimées sur sa gouvernance, le cofondateur a dû renoncer à son poste de directeur général fin septembre pour devenir président non exécutif du conseil d’administration. Il a été immédiatement remplacé par deux co-directeurs généraux, Artie Minson et Sebastian Cunningham, qui étaient respectivement directeur financier et vice-président de WeWork.
Une solution alternative est en gestation. «WeWork a fait appel à une importante institution financière de Wall Street pour monter un financement», a déclaré dimanche un porte-parole de la société. «Environ 60 sources de financement ont signé des accords de confidentialité et rencontrent la direction de l’entreprise et ses banquiers depuis la semaine dernière», a précisé celui-ci. Selon plusieurs sources de presse concordantes, c’est la banque américaine JPMorgan Chase qui a été mandatée par le conseil d’administration pour mettre en place un financement totalisant 5 milliards de dollars.
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Katmandou - La nouvelle Première ministre du Népal, Sushila Karki, s’est engagée dimanche à répondre aux revendications des manifestants qui réclament «la fin de la corruption», après les émeutes du début de la semaine qui ont poussé son prédécesseur à la démission. «Nous devons travailler en accord avec la pensée de la génération Z» regroupant les personnes nées entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, a déclaré Sushila Karki dans ses premières déclarations publiques depuis son entrée en fonction vendredi, après la démission du chef du gouvernement, KP Sharma Oli. «Ce que ce groupe réclame, c’est la fin de la corruption, une bonne gouvernance et l'égalité économique», a exposé l’ancienne présidente de la Cour suprême âgée de 73 ans. Et d’ajouter: «Vous et moi devons être déterminés à atteindre cet objectif». Au moins 72 morts La capitale, Katmandou, a été le théâtre lundi et mardi de violentes manifestations antigouvernementales qui ont fait au moins 72 morts et 191 blessés, selon un nouveau bilan communiqué dimanche par le secrétaire en chef du gouvernement, Eaknarayan Arya, révisant à la hausse un précédent bilan de 51 personnes tuées. Mme Karki a observé une minute de silence dimanche à la mémoire des victimes de ces troubles, les plus graves depuis l’abolition de la monarchie en 2008, suscités par la répression policière de manifestations dont les participants dénonçaient un blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites. Elle a ajouté qu’elle et son gouvernement intérimaire «ne (resteraient) pas pas plus de six mois», des élections législatives étant prévues le 5 mars 2026, après la dissolution du Parlement. L’agenda de la première femme chargée de diriger le Népal s’annonce chargé et sa mission difficile, tant sont nombreuses les revendications des jeunes qui ont provoqué le départ du précédent gouvernement. La génération Z, durement frappée par le chômage, avait fait exploser sa colère lundi dans les rues du pays contre un gouvernement jugé corrompu et incapable de répondre à ses besoins. Dimanche, Mme Karki a entamé une série de réunions dans le complexe gouvernemental de Singha Durbar de la capitale, Katmandou, dont plusieurs bâtiments avaient été incendiés lors des manifestations mardi. Son nom a émergé en début de semaine sur les réseaux sociaux, semblant faire l’objet d’un certain consensus parmi les jeunes contestataires pour diriger le gouvernement provisoire. «Pas plus de six mois» Connue pour son indépendance et son franc parler, sa nomination a fait l’objet d’intenses négociations entre le chef de l’armée, Ashok Raj Sigdel, et le président, Ram Chandra Paudel. «La situation dans laquelle je me trouve, je ne l’ai pas souhaitée. Mon nom a émergé dans les rues,» a-t-elle affirmé. «Quelque soit la situation, nous ne resterons pas ici plus de six mois, nous assumerons nos responsabilités et promettrons de transmettre (le pourvoir) au prochain Parlement et aux ministres,» a-t-elle ajouté dans son allocution. Le président Paudel a affirmé samedi soir qu’"une solution pacifique avait été trouvée à l’issue d’un processus difficile». Il qualifié la situation de «très difficile, compliquée et grave» dans ce pays himalayen de 30 millions d’habitants. «Je lance un appel sincère à chacun pour tirer le meilleur parti de cette opportunité (...) pour réussir les élections du 5 mars,» a-t-il déclaré. Les soldats étaient moins présents dimanche dans les rues de la capitale, où ils avaient été déployés en grand nombre après les manifestations. Environ 12.500 détenus, qui ont profité des troubles pour s'évader de leurs prisons, étaient toujours dans la nature dimanche. Des dirigeants asiatiques ont félicité Mme Karki, notamment ceux des deux grands voisins du Népal, l’Inde et la Chine. Paavan MATHEMA © Agence France-Presse