
Kepler Cheuvreux ouvre son capital au fonds de Bob Diamond

Kepler Cheuvreux semble abonné aux cycles décennaux. 21 ans après sa création dans le giron de la banque suisse Julius Baer et 10 ans après le MBO (management buy-out) consécutif à la faillite de son actionnaire islandais Lansdbanki, le courtier interbancaire basé à Paris ouvre une nouvelle page de son histoire à un moment crucial pour la recherche et l’intermédiation financières : l’entrée en vigueur de la directive européenne MIF 2, le 1er janvier dernier. «Nous annonçons ce matin l’arrivée à notre capital d’Atlas Merchant Capital, le fonds de l’ancien patron de Barclays Bob Diamond, et d’Eres (Edmond de Rothschild Equity Strategies), déclare à L’Agefi Laurent Quirin, co-fondateur et président du conseil de surveillance de Kepler Cheuvreux. Ils remplacent BlackFin, ses co-investisseurs, et Arkéa qui nous accompagnaient depuis 2011». L’opération, signée hier, sera définitivement bouclée au quatrième trimestre sous réserve de l’approbation des régulateurs.
«Nous pensons que les courtiers sont aujourd’hui plus efficaces en dehors des banques, explique à L’Agefi Bob Diamond. Nous connaissons déjà bien le secteur après avoir investi dans Panmure Gordon, une merchant bank britannique, et dans South Street Securities, un broker américain spécialiste des bons du trésors et des titres hypothécaires.» Donné favori ces dernier mois, le fonds du banquier américano-britannique prend 19,7% du capital et le français Eres 8%. Le parisien BlackFin, spécialiste des services financiers, détenait 23,9% des parts au côté notamment du Crédit Mutuel Arkéa (à 5%). Au sein du bloc d’actionnaires historiques demeure seulement la Caisse des dépôts (CDC), à 5,2%.
Actionnariat éclaté
«Notre actionnariat repose toujours sur trois piliers, explique Laurent Quirin. Le management qui passe de 31% à 25,5% des parts mais contrôle toujours 40% des droits de vote ; des partenaires financiers minoritaires (aujourd’hui à 32,9% avec la CDC, ndlr), et des partenaires industriels et financiers noués ces dernières années via nos cinq accords avec UniCredit, Crédit Agricole CIB (CA CIB), Rabobank, Swedbank et Belfius». Ce dernier bloc contrôle 41,6% du groupe : UniCredit a profité de la recomposition du capital pour monter de 5,2% à 10,3%, CA CIB (qui a apporté le bloc Cheuvreux en 2013) détient toujours 15,1% du capital et les autres banques oscillent entre 5,2% et 6%.
Les parties prenantes à l’opération ne dévoilent pas les détails financiers de la recomposition du tour de table. Conseillé par Rothschild, «BlackFin réalise une bonne sortie mais l’intensité concurrentielle a été moins forte que sur un deal classique compte tenu du caractère minoritaire de la participation, de l’absence de levier imposée par la nature régulée des activités, et des incertitudes liées à MIF 2», assure une source proche du dossier.
Kepler Cheuvreux affiche 100 millions d’euros de fonds propres prudentiels et un ratio de solvabilité supérieur à 15%. Il vise un chiffre d’affaires d’au moins 270 millions d’euros cette année, contre 253 millions l’an dernier et 50 millions il y a dix ans. A l’époque tout juste à l’équilibre, le courtier devrait atteindre environ 50 millions d’euros d’Ebitda cette année et 40 millions de résultat net.
Cap sur les Etats-Unis et le Royaume-Uni
«Nous avons terminé notre stratégie d’alliance en Europe continentale. Bob Diamond et son fonds vont nous aider désormais à nous développer au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, pointe Laurent Quirin. Nous souhaitons notamment nous positionner à contre-courant à l’issue du Brexit, et continuer à combiner petites acquisitions ciblées et développement organique». Outre ses onze implantations dans l’Union européenne et en Suisse, Kepler Cheuvreux dispose d’un bureau de recherche à Londres, et d’antennes à Boston et à New York pour vendre ses produits. Numéro un de la recherche en Europe continentale avec 130 analystes pour couvrir 1.100 valeurs, le groupe ne produit pas d’analyse financière aux Etats-Unis mais a noué sur place un partenariat avec son homologue Piper Jaffray.
Après l’entrée en vigueur de MIF 2, qui dissocie la facturation de la recherche de l’exécution des ordres, «nous avons une très grande confiance dans la capacité de Kepler Cheuvreux à gérer cette transition. La société a déjà converti ses clients l’an dernier à sa nouvelle grille de facturation», assure Jean-François Felix, associé chez Eres. Le groupe est dans le top 10 européen de l’exécution, au côté des plates-formes électroniques comme Instinet et des grandes banques mondiales comme UBS et Morgan Stanley». «La directive MIF2 a augmenté nos volumes d’exécution et nous avons stabilisé nos revenus liés à la recherche financière par rapport à 2017», assure de son côté Laurent Quirin. Autre gage de solidité, le groupe vient de redessiner sa gouvernance pour s’adapter au nouvel environnement et se conformer aux attentes du régulateur bancaire.
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Picasso: un portrait inédit de Dora Maar dévoilé à Paris et bientôt aux enchères
Paris - Un portrait «exceptionnel» de Dora Maar portant un chapeau à fleurs coloré, peint par Pablo Picasso en 1943 en pleine Occupation et inconnu du public, a été dévoilé jeudi à Paris à l’Hôtel Drouot. Intitulé «Buste de femme au chapeau à fleurs», ce tableau d’une taille de 80x60 centimètres, peint à l’huile, représente la photographe, égérie des surréalistes, qui fut la compagne de Picasso pendant une dizaine d’années. Il est «estimé autour de huit millions d’euros, une estimation basse, raisonnable, qui peut s’envoler», a expliqué Christophe Lucien, commissaire-priseur chargé de sa vente fixée au 24 octobre par sa maison de vente aux enchères. Signé par Picasso et daté du 11 juillet 1943, le tableau a été acquis en août 1944 par un grand collectionneur français, grand-père des actuels ayants droit qui souhaitent le vendre dans le cadre d’une succession, a-t-il précisé. «Inconnu du public et jamais exposé hormis dans l’atelier de Picasso pour quelques amis, il n’a jamais été vernis ni restauré, est juste encadré de minces baguettes et dans son jus», a précisé Agnès Sevestre-Barbé, spécialiste de Picasso, présente lors du dévoilement de l’oeuvre. Il est «assez exceptionnel et marque un jalon dans l’histoire de l’art et dans celle de Picasso», a estimé M. Lucien. D’inspiration "à la fois naturaliste et cubiste», selon lui, la toile montre Dora Maar en proie à la tristesse mais au visage empreint de douceur, contrairement à d’autres portraits où le maître espagnol l’a représentée avec une expression où la violence et les émotions semblent exacerbées. Elle porte un chapeau à fleurs aux couleurs plutôt vives (rouge, jaune, vert, violet) avec un buste plus sombre, au moment où Picasso la délaisse pour une plus jeune femme, Françoise Gilot. «Les coloris joyeux sont surprenants, on est en 1943, une année difficile avec des oeuvres plutôt sombres dans cette période», dit à l’AFP Olivier Picasso, petit-fils du peintre, en voyant une photo de l’oeuvre qu’il n’a pas encore découverte physiquement. «Très rare» «Une peinture et en plus un portrait de Dora Maar c’est rare. Qu’il soit vendu en France c’est même vraiment très rare comme sur le marché en général d’ailleurs», ajoute-t-il. Plusieurs portraits de Dora Maar ont surtout été vendus aux Etats-Unis par les grandes maisons de vente anglo-saxonnes, rappelle-t-il. En 2006, «Dora Maar au chat» avait été vendu 95 millions de dollars à New York, après «Femme assise dans un jardin» (1938) acquise en 1999 également à New York pour 49 millions de dollars. Authentifié par l’administration Picasso, le portrait dévoilé jeudi n'était connu des spécialistes et passionnés de Picasso qu’en noir et blanc et à travers le catalogue raisonné de ses œuvres (inventaire officiel) le mentionnant, selon Drouot. Des photos de Brassaï, ami de Picasso, prises dans l’atelier du peintre (rue des Grands-Augustins) attestent également de la présence du tableau, installé au sol près de la célèbre " femme au rocking-chair et d’un lapin (momifié), accroché au mur, récupéré par Picasso dans la cour carrée du Louvre», selon M. Lucien. Dora Maar, de son vrai nom Henriette Théodora Markovic (1907-1997), est surtout réputée comme photographe et s’est fait connaître notamment à travers ses innombrables portraits de Picasso. Picasso a réalisé plusieurs portraits d’elle en «Femme qui pleure», sa «nature profonde», prétendra-t-il. Elle lui inspirera aussi un ensemble de toiles sur le thème des «Femmes assises». Dora Maar réalisera de son côté un reportage photographique sur le chef d’oeuvre de Picasso «Guernica» en cours de création en 1937 dans son atelier des Grands-Augustins, aujourd’hui au musée de la Reine Sofia à Madrid. Sandra BIFFOT-LACUT © Agence France-Presse