
Paris manquerait l’objectif d’un déficit de 3% en 2015, selon Bruxelles
La France ne sera pas en mesure de respecter son engagement de déficit public de 3% du Pib en 2015, mais pourrait afficher 3,4%, selon les prévisions de printemps de la Commission européenne (CE) publiées ce lundi. Pour 2014, elle anticipe un déficit public à 3,9% contre un objectif de 3,8% retenu par le gouvernement, après 4,3% en 2013.
En termes de croissance du Pib, les économistes de la Commission anticipent une hausse du Pib français de 1% en 2014, sans changement par rapport à leur précédente prévision, mais revoient celle de 2015 en baisse à 1,5%, contre 1,7% auparavant.
A Paris, le ministère des Finances a confirmé l’objectif d’un déficit public ramené à 3% du PIB en 2015, comme le prévoit le programme de stabilité voté la semaine passée, en soulignant que les prévisions de l’exécutif européen ne prennent en compte qu’une partie des économies prévues dans le pacte de responsabilité. «Notre stratégie d'économies doit nous permettre de descendre à 3% de déficit en 2015. Ce n’est pas remis en cause par les prévisions de la Commission aujourd’hui», déclare Bercy. On ajoute que les économistes de la CE ont pris en compte «un certain nombre d’annonces mais pas tout» sur l’effort de 21 milliards d’euros d'économies publiques prévues pour 2015, qui fait partie du plan de 50 milliards sur 2014-2017.
Sur cette base, la dette publique de la France devrait progresser à 95,6% du Pib cette année, après 93,5% en 2013, puis 96,6% en 2015.
La Commission européenne estime d’autre part que le chômage ne devrait pas baisser avant 2015 en France. Elle table ainsi sur un taux de chômage de 10,4% de la population active cette année, soit 0,1 point de plus qu’en 2013, puis 10,2% l’an prochain.
A l’échelle de la zone euro, la Commission européenne a confirmé lundi ses prévisions de croissance 2014 à 1,2% et ses principaux pays membres. Pour 2015 Bruxelles a revu en légère baisse sa prévision à 1,7% contre 1,8% prévu en février. S’agissant de l’inflation, elle a revu à la baisse ses prévisions pour cette année à 0,8% pour 2014 après 1,3% l’an dernier, et table sur 1,2% pour 2015, des chiffres nettement inférieurs à l’objectif d’une hausse des prix inférieure à mais proche de 2% que s’est fixé la BCE. Bruxelles juge très faible le risque de déflation.
«L’inflation pourrait se révéler plus basse qu’envisagé dans le scénario central si la situation du marché du travail et les prix des matières premières se révèlent plus faibles qu’attendu», ajoute la CE dans ses prévisions de printemps.
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Strasbourg - Le Rassemblement national ne veut pas censurer immédiatement le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, mais attend une «rupture» avec la politique menée jusqu’ici, a expliqué son président Jordan Bardella mercredi à Strasbourg. Le parti d’extrême droite ne compte pas censurer «a priori» mais d’abord «écouter le discours de politique générale» de M. Lecornu, a déclaré M. Bardella lors d’un point presse en marge d’une session plénière du Parlement européen. «Soit il y a rupture, soit il y aura censure», a-t-il résumé. Le Rassemblement national réclame notamment un durcissement de la politique migratoire et s’oppose à toute hausse de la fiscalité pour la «France qui travaille», a-t-il souligné. Jordan Bardella a aussi réclamé que parmi les premières mesures de Sébastien Lecornu soit actée l’opposition de la France au traité de libre-échange avec les pays latino-américains du Mercosur. Après la chute de François Bayrou lundi lors d’un vote de confiance des députés, puis son remplacement à Matignon au bout de 24 heures par M. Lecornu, le chef du RN n’a toutefois «aucune illusion» et juge le bail du nouveau chef du gouvernement «très précaire». © Agence France-Presse -
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