« Nous prévoyons une remontée seulement très modeste des rendements longs allemands »

Vincent Chaigneau, responsable de la stratégie taux de SG CIB
Violaine Le Gall

L’Agefi: Existe-t-il encore un potentiel de baisse des taux d’intérêt à 10 ans des Etats «core» de la zone euro ?

Vincent Chaigneau: La baisse de plus de 50pb des rendements longs français (3,30% pour le 10 ans) et allemands (2,87%) depuis deux mois reflète deux phénomènes. Premièrement, des inquiétudes sur la croissance globale. Notre analyse montre toutefois que le marché obligataire a intégré l’idée d’un ralentissement temporaire, lié en particulier au désastre japonais, mais pas celle d’une rechute en récession. Nos économistes acquiescent et anticipent un rebond de la croissance américaine au troisième trimestre, ce qui devrait globalement pousser les rendements à la hausse. Deuxièmement, la crise grecque et les craintes de contagion ont suscité un mouvement de fuite vers la qualité. Un répit pourrait suivre en juillet, si le Parlement grec adopte les mesures d’austérité demandées et si les partenaires européens s’accordent sur un second plan de sauvetage. La contribution de certains investisseurs privés à ce plan pourrait toutefois causer des nouvelles baisses de notation en Europe, et entretenir le stress. Au total, nous prévoyons une remontée seulement très modeste des rendements longs.

Quel effet la fin prochaine du QE2 aura-t-elle aux Etats-Unis sur les taux d’intérêt ?

La Fed a acheté depuis début 2011 plus de 100 milliards de dollars de Treasuries par mois, soit quasiment toutes les émissions nettes au premier semestre. Le QE2 s’achève fin juin, et le choc d’offre-demande devrait contribuer à la remontée des rendements. Nous ne prévoyons pas de QE3, mais la poursuite d’une croissance américaine molle, à la surprise de la Fed, raviverait le débat.

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