
L’Europe retrouve de son attrait

Deux ans après le puissant mouvement de retrait des capitaux provoqué par la crise de l’euro, les marchés actions européens ont retrouvé une partie de leur attrait. L’indice EuroStoxx 50, qui regroupe les cinquante premières capitalisations de la zone euro, a gagné plus de 8% depuis le 1er juillet, portant à 13% son gain annuel. Deux facteurs principaux expliquent ce mouvement: l’amélioration confirmée de l’économie de la zone euro et l’afflux des capitaux en prévision de la fin du programme de soutien de la Fed.
«Seules les actions de l’OCDE et peut-être le pétrole semblent avoir profité du retrait des capitaux depuis les pays émergents» constaté ces dernières semaines, indiquent les économistes de Natixis. Les derniers chiffres leur donnent raison. Lors de la semaine achevée le 21 août, seuls les fonds actions européens sont parvenus à attirer des capitaux: 1,6 milliard de dollars, leur huitième progression hebdomadaire d’affilée, selon Bank of America Merrill Lynch.
Les actions européennes semblent donc relativement bien accuser le coup du ralentissement prochain du «quantitative easing» de la Réserve fédérale, à la différence des autres grandes catégories d’actifs. Les fonds actions américains ont par exemple perdu pas moins de 14,3 milliards de dollars en une semaine, soit le plus fort retrait jamais enregistré par Bank of America Merrill Lynch depuis juin 2008. Inquiets des conséquences des décisions de la banque centrale américaine, et compte tenu de la hausse de 16% du S&P 500 depuis le début de l’année, à son plus haut historique, les investisseurs prennent leurs précautions. Et ils se replacent sur les marchés européens, jugés en retard, moins bien valorisés (12,2 fois les bénéfices attendus pour l’EuroStoxx 50 contre 14,4 fois pour le S&P 500), et plus susceptibles de profiter du début de reprise économique en Europe.
Les résultats du deuxième trimestre des groupes européens ont certes réservé leur plus fort taux de mauvaises surprises depuis 2008, notent les stratèges actions de Credit Suisse. Mais selon eux, trois éléments poussent à l’optimisme. D’une part, le degré de déception est proche des niveaux à partir desquels les résultats commencent à rebondir. Ensuite, si les prévisions de bénéfices à douze mois baissent, ce n’est qu’à un très faible rythme: seulement 1,7% par rapport au trimestre précédent. Enfin, la reprise en Europe appelle une accélération des résultats des entreprises européennes. Credit Suisse attend ainsi 4,5% de croissance des bénéfices par action en 2013 puis une hausse d’encore 9% en 2014. Cette estimation est inférieure au consensus. Ce dernier attend 14,6% de croissance en 2014.
Enfin, deux autres indices tendent à confirmer le regain de confiance des investisseurs pour l’Europe. D’une part, à un peu plus de 120 milliards de dollars, le montant des capitaux levés ou placés sur les différents marchés européens au sens large a augmenté de 52% par rapport à son niveau de la fin de l’été 2012, selon Dealogic. D’autre part, si août a été calme, en raison des vacances, juillet a été le mois le plus actif de l’année en Europe pour les fusions-acquisitions: 106 milliards de dollars sur l’Europe, selon Thomson Reuters, soit le mois de juillet le plus actif depuis 2008.
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État palestinien : l'ONU se penche sur la "déclaration de New York", écartant le Hamas
Nations unies - L’Assemblée générale de l’ONU se prononce vendredi sur la «déclaration de New York» visant à donner un nouveau souffle à la solution à deux Etats, israélien et palestinien, mais en excluant sans équivoque le Hamas. Alors qu’Israël fustige depuis près de deux ans l’incapacité de l’Assemblée -- et du Conseil de sécurité -- à condamner les attaques sans précédent du mouvement palestinien du 7 octobre 2023, le texte préparé par la France et l’Arabie saoudite est clair. «Nous condamnons les attaques perpétrées le 7 octobre par le Hamas contre des civils» et «le Hamas doit libérer tous les otages» détenus à Gaza, dit-il. Mais la déclaration, qui avait déjà été co-signée en juillet par 17 Etats, dont plusieurs pays arabes, lors de la première partie d’une conférence de l’ONU sur la solution à deux Etats, va plus loin. «Dans le contexte de l’achèvement de la guerre à Gaza, le Hamas doit cesser d’exercer son autorité sur la bande de Gaza et remettre ses armes à l’Autorité palestinienne, avec le soutien et la collaboration de la communauté internationale, conformément à l’objectif d’un Etat de Palestine souverain et indépendant.» Ce texte a déjà récemment été endossé par la Ligue arabe, une décision saluée par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, comme «une étape majeure dans l’isolement international et régional du Hamas». «Nous espérons le voir adopté à une très large majorité par l’Assemblée» vendredi, a commenté une source de la présidence française, qui voit cette déclaration comme le socle du sommet que Paris et Ryad co-présideront le 22 septembre à l’ONU à New York, où le président Emmanuel Macron a promis de reconnaître l’Etat palestinien. «Bouclier» contre les critiques «Le fait que l’Assemblée générale soutienne enfin un texte qui condamne le Hamas directement est important», même si les Israéliens diront que «c’est bien trop peu et bien trop tard», a souligné Richard Gowan, de l’International Crisis Group. Grâce à ce texte, les pays qui soutiennent les Palestiniens pourront «rejeter les accusations israéliennes selon lesquelles ils cautionnent implicitement le Hamas», a-t-il déclaré à l’AFP. Et cela «offre un bouclier contre les critiques d’Israël» à ceux qui s’apprêtent à reconnaître l’Etat palestinien». A la suite du président Macron, plusieurs pays ont annoncé qu’ils reconnaîtraient l’Etat palestinien lors de la semaine de haut niveau de l’Assemblée générale de l’ONU qui s’ouvre le 22 septembre. Ce processus est vu comme un moyen supplémentaire de faire pression sur Israël pour mettre un terme à la guerre à Gaza, déclenchée par les attaques du Hamas du 7 octobre 2023. La «déclaration de New York» soumise à l’Assemblée vendredi plaide d’ailleurs aussi pour la «fin de la guerre à Gaza» et un «règlement juste, pacifique et durable du conflit israélo-palestinien reposant sur une mise en oeuvre véritable de la solution à deux Etats». Une position habituelle de l’Assemblée. Dans la perspective d’un futur cessez-le-feu, elle évoque également le déploiement d’une «mission internationale temporaire de stabilisation» à Gaza, sous mandat du Conseil de sécurité de l’ONU, pour protéger la population, soutenir le renforcement des capacités de l’Etat palestinien et apporter des «garanties de sécurité à la Palestine et à Israël». Environ trois-quarts de 193 Etats membres de l’ONU reconnaissent l’Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988. Mais après près de deux ans de guerre dans la bande de Gaza ravagée, l’extension de la colonisation israélienne en Cisjordanie et les velléités de responsables israéliens d’annexer ce territoire occupé, la crainte que la création d’un Etat palestinien soit physiquement impossible gagne du terrain. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyhu, a lui été très clair: «Il n’y aura pas d’Etat palestinien», a-t-il affirmé jeudi. Et son allié américain avait déjà annoncé que le président palestinien, Mahmoud Abbas, ne serait pas autorisé à venir à New York. Amélie BOTTOLLIER-DEPOIS © Agence France-Presse