
Les transactions boursières s’envolent sur fond de réallocation d’actifs
Plus dévastatrice que le flash crash américain de mai 2010, la débâcle historique des Bourses mondiales la semaine dernière déclenchée par la dégradation des Etats-Unis en catégorie «AA+» par S&P et exacerbée par les rumeurs sur le «AAA» de la France et sur la Société Générale a été encore plus intense que celle provoquée par la chute de Lehman Brothers. Particulièrement outre-Atlantique. Le volume journalier d’actions traitées sur les marchés actions américains (hors transactions de gré à gré) entre le 4 et le 10 août 2011 a atteint un pic de 15,97 milliards d’actions, battant le record de 15,94 milliards enregistré entre le 15 et 19 septembre 2008, selon les données de Bloomberg. Au cours de la semaine du flash crash, 14,31 milliards d’actions avaient été échangées.
En France, sur la semaine allant du 5 au 11 août, l’activité de Nyse Euronext sur le CAC 40 s’est établie à 35,78 milliards d’euros, contre une moyenne hebdomadaire depuis début juin de 20,4 milliards. L’activité journalière s’est maintenue entre mardi et jeudi à des niveaux très élevés ‑autour de 7,5 milliards d’euros‑ avec en toile de fond une volatilité de 44%. Pourtant, le pic de 8,53 milliards observé le 17 juin sur l’indice parisien dans un contexte de regain d’espoir sur le sauvetage de la Grèce n’a pas été dépassé. En moyenne, depuis juin, l’activité journalière du CAC 40 s’élève à 4,1 milliards. La dynamique sur la place de Paris est cependant moins marquée qu’au moment de la chute de la banque américaine. Selon les données de Nyse Euronext, son activité s'élevait le 15 septembre 2008 à 8,9 milliards pour toucher un record de 18,3 milliards le 19 septembre 2008, soit 53,9 milliards en une semaine. Toutefois, la réduction continue des volumes de transactions en Europe, qui s’est intensifiée depuis Lehman, vient tempérer le fort décalage.
Contrairement au flash crash, qui avait été déclenché par un seul ordre de vente d’un total de 4,1 milliards de dollars et surtout confiné aux places américaines, la chute des marchés ces derniers jours s’est inscrite dans un contexte de panique vendeuse généralisée, amputant la capitalisation boursière mondiale de près de 6.000 milliards de dollars entre le 1er et 15 août. Ce processus impressionnant de fuite vers la qualité s’est traduit par des mouvements violents de flux financiers et de réallocation d’actifs. D’après les données EPFR Global, les fonds en actions ont rapporté 26,1 milliards de dollars de sorties de flux combinées, contre 10,4 milliards pour les fonds obligataires à l’issue de la semaine close le mercredi 10 août, avant même les rumeurs sur la France. Les fonds en actions internationales ont subi 3,5 milliards de dollars de rachats nets. Les investisseurs ont retiré 11,7 milliards de dollars des fonds investis en actions américaines, un record depuis mai 2010. Les fonds monétaires ressortent les grands vainqueurs avec 49,8 milliards de dollars d’entrées de flux nettes. La dynamique favorable à l’or et aux métaux précieux semble ralentir, les souscriptions aux fonds de cette classe d’actifs n’ayant pas dépassé les 2,2 milliards. Les fonds en actions émergentes ont également subi 7 milliards de dollars de retraits.
Les conditions de volatilité extrême ont surtout profité au trading haute fréquence. Aux Etats-Unis, l’un des courtiers spécialisés dans le courtage électronique, Wedbush, a observé un montant tonitruant de trading haute fréquence, notant que la volatilité crée davantage d’opportunités de transactions pour leurs algorithmes et leurs automates, qui peuvent ainsi traiter jusqu’à cinq fois le nombre d’actions qu’ils auraient pu traiter dans un environnement de volatilité normalisé. D’après la société Tabb, les traders haute-fréquence ont triplé le nombre de transactions sur les actions et vu leur part, dans le volume total de trading sur les marchés actions américains, passer de 53%, au cours des mois qui ont précédé la débâcle d’août, à 65%. Selon Nyse Euronext, les ordres de transactions électroniques sur tous les marchés gérés par la plate-forme se sont établis ‑en prenant en compte les deux pattes de transactions (achat-vente)‑ à 110,78 milliards d’euros rien que sur la période allant du 1er au 12 août, contre 138,09 milliards en juillet et 134,83 milliards en juin. Alors que les traders haute-fréquence ont plutôt tendance à passer d’importants ordres sur les actions de grandes capitalisations, sur la période du 8 au 12 juillet, BNP Paribas figure en tête du palmarès des valeurs les plus traitées du CAC 40 sur Nyse Euronext, avec 3,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires contre 2,42 milliards pour Total et 2,29 milliards pour Société Générale.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse