
Les réseaux sociaux, nouvel eldorado des arnaques financières

500 millions d’euros chaque année. Cette estimation du préjudice global subi par les victimes d’escroqueries financières en France par le Parquet de Paris a été livrée lors d’une conférence de presse conjointe sur l'évolution du phénomène avec l’Autorité des marchés financiers (AMF), l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Un chiffre relativement stable d’une année sur l’autre, mais possiblement en-dessous de la réalité car lié au nombre de procédures. Les autorités ont d’ailleurs rappelé que la crise sanitaire s'était accompagnée d’un regain d’offres frauduleuses d’investissement qui attirent les épargnants en quête de rendements dans un contexte de taux bas. Guy Grangirard, président de l’association de consommateurs ADC France, avait fait part en mai dans L’Agefi Actifs d’une augmentation exponentielle des préjudices rapportés sur les arnaques aux faux livrets d'épargne.
Montée en puissance des réseaux sociaux dans les arnaques
Si le spectre des arnaques financières est en constante évolution, le mode opératoire des escrocs présente des constantes : faux sites usurpant l’identité de vrais acteurs, recueil de données personnelles pour proposer un produit «ciblé», conseiller empathique au bout du fil... Là où les arnaques se renouvellent, et accèdent ainsi à un nouveau public, c’est par un nouveau point d’entrée, celui des réseaux sociaux. «Le partage des faux bons plans sur les réseaux démultiplie l’impact des arnaques, indique Virginie Beaumeunier, directrice générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. Cet impact est maximisé par le recours aux influenceurs comme vecteurs publicitaires.»
Le consommateur, rassuré par l’appartenance à une communauté de relation ou par la promotion de l’influenceur, est moins regardant au moment d’investir dans des produits financiers. Or, ceux-ci servent souvent de vitrine légale à un système pyramidal. Le vendeur se rémunère en réalité sur les gains financiers qui résultent de l’affiliation des nouveaux membres.
Les CSP - et les jeunes, cibles privilégiées
Les CSP - et les jeunes, notamment issus de quartiers périurbains, sont les cibles privilégiées de ces arnaques qui passent par Instagram, Tik Tok, Snapchat ou Whatsapp. Si la pyramide de Ponzi est le schéma le plus rencontré, le domaine du trading n’est pas en reste, notamment sur le Forex et les crypto-monnaies.
Dans le même registre, L’ACPR a souhaité attirer l’attention sur le développement d’offres frauduleuses de crowdfunding ou de crowdlending créant la confusion avec l’activité régulée de financement participatif.
Il arrive aussi que les influenceurs proposent des placements alléchants sans respecter les avertissements d’usage. Nabilla Benattiaavait en 2018 promu un service de formation au crédit proposé par un site internet spécialisé dans la vente et l’achat de bitcoins. Problème, sa story ne mentionnait pas qu’elle était rémunérée par la société concernée. Par ailleurs, elle alléguait de rendements allant jusqu'à 80%, de placements garantis et d’une gratuité du service. Allégations qui se sont soldées par une amende transactionnelle de 20.000 euros pour pratiques commerciales trompeuses, assortie d’une mesure de publicité.
«L’escroquerie est difficile à prouver et nécessite des actes d’enquête longs alors que la pratique commerciale trompeuse est une infraction quasiment matérielle, prévient Françoise Benezech, première vice-procureure au Parquet de Paris. Les réponses sont nombreuses et variées, comme la transaction pénale qui est un premier niveau de réponse et permet d’aborder une gradation aux sanctions.» Pour ceux qui seraient surpris de la faiblesse de la sanction, la procureure rappelle qu’il s’agit d’une première en la matière qui fait office d’avertissement à l’endroit des autres influenceurs.
Le phénomène est en effet loin d'être isolé : la DGCCRF a confirmé une montée des pratiques commerciales trompeuses en ligne dans le domaine des services financiers, notamment de la part d’influenceurs. En réaction, elle a fait de la lutte contre les pratiques déloyales du marketing d’influence l’un de ses axes de contrôle prioritaire pour 2022.
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États-Unis : les démocrates publient une lettre attribuée à Trump pour l’anniversaire de Jeffrey Epstein
Washington - Une lettre attribuée à Donald Trump à l’attention de Jeffrey Epstein pour son anniversaire en 2003 a été rendue publique lundi par des parlementaires démocrates, alors que le président américain en avait démenti l’existence en juillet, en pleine polémique sur ses liens avec le délinquant sexuel. La lettre, obtenue par les membres démocrates d’une commission de la Chambre des représentants, montre une esquisse de buste féminin avec des citations attribuées à tour de rôle à Jeffrey Epstein et à Donald Trump, deux figures alors de la jet-set new-yorkaise, avec la signature du futur président américain au pied de la note. L’affaire Epstein, du nom du financier new-yorkais mort en prison en 2019 avant son procès pour crimes sexuels, enflamme de nouveau les Etats-Unis depuis que le gouvernement de Donald Trump a annoncé début juillet n’avoir découvert aucun élément nouveau qui justifierait la publication de documents supplémentaires ou le lancement d’une nouvelle enquête dans ce dossier. La mort, par suicide selon les autorités, de Jeffrey Epstein a alimenté d’innombrables théories du complot, selon lesquelles il aurait été assassiné pour l’empêcher d’impliquer des personnalités de premier plan. Selon le Wall Street Journal, qui avait le premier révélé en juillet l’existence de la lettre, celle-ci a été envoyée par les légataires de Jeffrey Epstein à une commission du Congrès ayant exigé auprès d’eux d’obtenir de nombreux documents liés à l’affaire. «Merveilleux secret» Après les révélations du quotidien américain, Donald Trump avait nié être l’auteur de la lettre et avait attaqué le «WSJ» pour diffamation, ainsi que son patron Rupert Murdoch, leur réclamant au moins 10 milliards de dollars de dommages-intérêts. Le texte de la missive représente un échange imaginaire entre Donald Trump et Jeffrey Epstein, dans lequel le premier dit: «Nous avons certaines choses en commun Jeffrey». «Les énigmes ne vieillissent jamais, as-tu remarqué cela», dit-il également avant de conclure: «Joyeux anniversaire. Que chaque jour soit un autre merveilleux secret». Après avoir promis à ses partisans pendant sa campagne présidentielle des révélations fracassantes sur cette affaire, Donald Trump tente aujourd’hui d'éteindre la polémique, qu’il a de nouveau qualifiée récemment de «canular» monté par l’opposition. Les élus démocrates qui ont publié la lettre lundi ont exhorté le président républicain à faire la lumière sur l’affaire. «Trump parle de merveilleux secret que les deux partageaient. Qu’est-ce qu’il cache? Publiez les documents!», ont-ils écrit sur X avec une image de la lettre. Taylor Budowich, un conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche, a réagi en affirmant que la signature en bas de page ne correspondait pas à celle du président. «DIFFAMATION!», a dénoncé sur X le responsable. Le très populaire podcasteur conservateur Charlie Kirk a également mis en doute la véracité de la lettre. «Est-ce que ça ressemble à la vraie signature du président. Je ne crois pas du tout», a-t-il lancé sur X, estimant que celle-ci avait été «falsifiée». Robin LEGRAND © Agence France-Presse -
Après la chute de Bayrou, des rassemblements improvisés dans plusieurs villes de France
Paris - Des manifestants fêtent lundi soir dans différents endroits de France la chute du gouvernement de François Bayrou devant des mairies, à l’appel du mouvement «Bloquons tout» le 10 septembre. A Nantes, quelque 300 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées en début de soirée, en musique et sous des pancartes marquées «Bye bye Bayrou» et «le 10/09 on bloque tout», quelques confettis survolant le regroupement. «On en profite pour échanger sur les différentes actions prévues le 10 septembre, les informations circulent», rapporte Inès Guaaybess, 30 ans, qui prévoit de se mobiliser mercredi. A Rennes, quelques centaines de personnes, pour beaucoup des étudiants, se sont réunis place de la mairie autour d’une table avec quelques bouteilles et du pain, sur fond de musique et de confettis. Les manifestants se sont ensuite rendus place Sainte-Anne au centre ville, haut lieu de la vie étudiante rennaise. «On est au bout du système» avec «une alternance droite gauche qui ne remet pas en cause le côté capitaliste libéral. Il va falloir bifurquer», assure Jérémie, ingénieur de 37 ans, venu en vélo avec son enfant. A Paris, des rassemblements étaient organisés devant plusieurs mairies d’arrondissement. Dans le 20e, au moins 200 personnes se sont réunies place Gambetta dans une ambiance bon enfant. «C’est une grande victoire ce soir! Le prochain gouvernement devrait penser aux pauvres et aux retraités. Tout est cher, tout augmente. Macron, je voudrais qu’il s’en aille, pourtant j’ai voté deux fois pour lui pour faire barrage» à l’extrême droite, explique Amina Elrhardour, 60 ans. Selon Marius, 25 ans, «il y a vraiment de la démocratie locale qui s’organise» en vue du 10 septembre, tandis que Xavier Keller, 25 ans lui aussi, dit que «le Nouveau Front populaire doit gouverner. On est capable de faire accepter un budget de gauche, je n’ai aucun doute là-dessus». A Bordeaux, plus d’une centaine de personnes, dont de très nombreux jeunes, ont applaudi et crié de joie à l’annonce de la chute du gouvernement Bayrou, au son d’une fanfare. «Il faut qu’on soit visible, on est nombreux à en avoir ras le bol et n’avoir plus confiance en Macron», lance Mathilde, trentenaire ceinturée d’une banane Confédération paysanne. Un rassemblement a également été organisé en fin d’après-midi à Pau, ville dont M. Bayrou est le maire. Le chef de l’Etat a dit vouloir nommer un nouveau Premier ministre «dans les tout prochains jours». © Agence France-Presse