
Les PRI lancent des pistes pour atteindre une trajectoire inférieure à 2°C

Les objectifs de l’Accord de Paris sont réalisables, si les responsables politiques accélèrent l’exécution de leurs plans de décarbonation d’ici à cinq ans. C’est le nouveau constat du réseau des signataires des Principes pour l’Investissement Responsable (PRI, Principles for Responsible Investment), soutenu par les Nations unies, avant d’aborder la COP 26, qui se tiendra à Glasgow en Ecosse lors de la première moitié de novembre.
Au sein de son programme dénommé Inevitable Policy Response (IPR), les PRI viennent de publier le 18 octobre deux rapports importants, axés sur le développement des politiques dédiées au changement climatique et leurs effets sur l’économie réelle.
Le premier, intitulé IPR Forecast Policy Scenario (FPS), et destiné aux investisseurs institutionnels et aux gérants d’actifs, anticipe les développements des politiques liées au changement climatique et leurs impacts sur des émissions carbones. Selon ce document, la combinaison de divers facteurs tels que la pression des investisseurs, des entreprises et de la société civile en faveur d’engagement sur la neutralité carbone, la volatilité des modèles météorologiques, et les développements technologiques à faible émission carbone au cours des prochaines années, poussera les décideurs politiques à effectuer les changements nécessaires d’ici 2025 pour atteindre une trajectoire inférieure à 2°C.
Selon le FPS, les stratégies de décarbonation se concentrent autour des systèmes énergétiques, des secteurs de l’agriculture et de l’utilisation de la terre. En ce qui concerne la décarbonation des systèmes énergétiques, elle s’appuie sur la priorisation des véhicules à émission de carbone nulle (environ 30% des véhicules en circulation d’ici 2030) ainsi qu’une préférence pour les énergies renouvelables (environ 30% de la génération d’électricité globale d’ici 2030 par rapport à 10% aujourd’hui). Pour les systèmes d’agriculture et de la terre, l’utilisation des terres pourrait devenir un puits de carbone net d’ici 30 ans ainsi que l’accélération des solutions basés sur la nature (Nature-based solutions, NBS).
Ces actions sont cependant insuffisantes pour réussir à s’aligner d’ici 2025 sur une trajectoire de réchauffement inférieure à 1,5°C. Des actions de grandes ampleurs de la part des responsables politiques sont nécessaires le plus tôt possible, estiment les PRI. Le Required Policy Scenario (RPS), le second document publié, s’attaque à ces enjeux. Destiné aux responsables politiques, il énumère des actions importantes à mener au niveau national afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.
C’est le rôle des décideurs politiques de s’assurer que les actifs verts reçoivent les investissements au lieu des actifs polluants, selon Eric Ling, senior engagement manager chez Vivid Economics et l’un des auteurs de ces rapports. « Le RPS met en évidence les politiques qui ne sont pas prévues comme probables dans le FPS mais qui doivent être mises en œuvre pour atteindre la trajectoire de 1,5°C. Par exemple, au sujet de l’élimination du charbon, les pays tels que la France et le Royaume-Uni ont déjà fixé leurs objectifs. En revanche, plusieurs pays, y compris les grands utilisateurs du charbon comme la Chine et les Etats-Unis, n’ont pas encore fixé ces objectifs. C’est un outil pour les décideurs à mieux comprendre les leviers politiques disponibles », a expliqué l’économiste à Newsmanagers.
Des rythmes différents
Les pays émergents, notamment la Chine qui compte 30% des émissions globales d’ici 2050, vont décarboner moins vite que des pays de l’OCDE. Selon Eric Ling, les pays de l’OCDE, dont la croissance est relativement lente, seront en mesure de réduire leurs émissions beaucoup plus rapidement que les pays non-membres, dont la croissance est plus rapide. Le FPS constate par ailleurs que le coût de la décarbonation « sera environ de 1% du PIB mondial, [ce] qui ne sera pas contraignant pour des citoyens ou des consommateurs ». Le rapport précise toutefois que « ces frais se réduiront avec les avancements de la technologie ».
À la suite de la publication de ces documents, les PRI approfondiront les détails du RPS en novembre avec l’ajout des « value drivers ». « Ce sont des variables détaillées dans ce scénario qui permettent aux investisseurs de comprendre à quoi ressemblerait l’avenir pour les tendances économiques clés telles que détaillées dans les deux publications, et donc ce que cela pourrait signifier pour les investissements », précise Eric Ling.
Les gérants d’actifs tels que BlackRock et Goldman Sachs ont déjà commencé à utiliser ces projections afin de gérer leurs décisions d’investissements. « L’IPR a comblé un vide réel sur le marché pour les investisseurs », conclut l’économiste.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse