
Les minutes du FOMC laissent présager un rythme de remontée des taux plus prudent
Le compte-rendu publié hier soir du dernier comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine des 18 et 19 mars derniers permet d’en savoir un peu plus sur le sentiment de ses membres quant à l’évolution possible des taux d’intérêt de l’institution.
A l’issue de la réunion le mois dernier, le communiqué de la Fed indiquait qu’il pourrait bien s’écouler «une période considérable» entre la fin de son programme d’achats d’obligations QE3 et le début d’un cycle de resserrement des conditions de crédit. Mais, dans la foulée, Janet Yellen, qui venait de présider pour la toute première fois le FOMC, avait laissé entendre en conférence de presse que cette période pourrait durer «environ six mois». De fait, les prévisions médianes chiffrées des membres du FOMC publiées au sein du communiqué concernant leurs anticipations de taux directeurs à fin 2016 laissaient envisager une réaction relativement rapide de l’institution.
Mais les minutes dévoilées hier laissent voir que certains membres du FOMC se sont inquiétés du risque de voir les investisseurs déduire des prévisions publiées par la banque centrale qu’un resserrement de la politique monétaire pourrait être plus rapide qu’anticipé jusqu’alors. Le compte-rendu montre que les responsables de la Fed étaient attachés à souligner que le communiqué de politique monétaire était plus important que les prévisions chiffrées en termes d’indications sur l'évolution possible des taux. Plusieurs des participants à la réunion ont déclaré que les prévisions chiffrées «exagéraient l'évolution des projections», ce qui permet de penser que la Fed n’est pas aussi encline à durcir sa politique que l’avaient conclu certains observateurs le mois dernier.
Wall Street a salué la teneur des minutes, qui renforce la tonalité «colombe» du discours de la Fed, tandis que le dollar cédait du terrain. Le Dow Jones a fini en hausse de 1,11% et l’euro est repassé au-dessus de 1,3850 dollar.
Le compte-rendu du dernier FOMC a par ailleurs montré que ses membres ont été unanimes pour abandonner les seuils quantitatifs qu’ils utilisaient jusqu’alors comme déterminants d’un resserrement de la politique monétaire. «Presque tous les membres ont jugé que le nouveau langage devait être qualitatif par nature et devait indiquer que, pour déterminer le délai du maintien du taux actuel des fonds fédéraux, le Comité devrait évaluer les progrès, à la fois réalisés et attendus, vers ses objectifs de plein emploi et d’une inflation de 2%», avance le document.
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