
Le retrait de la liquidité aurait des conséquences catastrophiques
Prêtons-nous ce mois-ci à un petit exercice d’actualité: que se passerait-il si les banques centrales décidaient de reprendre la totalité des liquidités injectées depuis le début de la crise? Laissons parler les modèles…
La base monétaire mondiale se contracterait de 35% et, autre point d’entrée du scénario, l’aversion pour le risque connaîtrait, à n’en pas douter, une forte résurgence. Une remontée du VIX à 50 points ne serait guère surprenante.
Les effets immédiats du retrait de liquidité et de la hausse de l’aversion pour le risque sont une hausse des taux longs souverains: 80 pb aux Etats-Unis et au Royaume-Uni et 50 pb en zone euro. Le pétrole chuterait lourdement, de plus de 40% disent nos modèles. Les effets combinés de ces développements laisseraient le dollar effectif s’apprécier de 10%, l’euro baisser de 16% et la livre sterling se déprécier de presque 9%. Il s’ensuivrait une contraction extrêmement sévère du commerce mondial, voisine de 14%.
Tout ceci amputerait la croissance du PIB de 5,6% aux Etats-Unis, 3,1% en zone euro et jusqu’à 6% au Royaume-Uni. Le chômage augmenterait de près de 3 points aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.
Les variations du pétrole et des changes auraient des répercutions instantanées sur l’inflation: -0,9 point de pourcentage aux Etats-Unis. Mais le ralentissement de la croissance étant plus violent que la hausse du chômage, il est probable que les salaires s’ajusteraient à la baisse pour contenir les coûts salariaux unitaires. L’inflation sous-jacente ralentirait à terme de 2,9% aux Etats-Unis, 2% en zone euro et 3,6 % au Royaume-Uni. La déflation s’installerait.
Les pays émergents seraient encore plus durement frappés, car les flux de capitaux étrangers se tariraient. Leur arrêt soudain provoquerait une récession de l’ordre de 8% en Europe de l’Est. Or, au vu des portefeuilles que détiennent les banques dans ces pays, leur santé est primordiale pour la stabilité financière du monde. Souhaitons donc que ce petit exercice ne reste jamais que fiction !
Plus d'articles du même thème
-
«Nous pensons que les taux devraient finir par se stabiliser»
Eliana de Abreu, directrice des gestions chez Crédit Mutuel AM -
«Dans le crédit, nous sous-pondérons les titres de la catégorie triple B»
Bart aan den Toorn, gérant senior obligataire crédit chez Van Lanschot Kempen -
«L’année 2024 devrait permettre un nouveau rebond de l’euro-dollar»
Kit Juckes, responsable stratégie change chez Société Générale CIB
Sujets d'actualité
- Ark Investment débarque en Europe avec le rachat de Rize ETF
- Lorenzo Gazzoletti: « Richelieu Gestion est en quête d’acquisitions »
- Amundi ajoute un fonds event driven à sa plateforme de hedge funds Ucits
- Le régulateur américain adopte ses nouvelles règles sur les dénominations de fonds d’investissement
- Delubac AM dévoile son premier fonds monétaire
Contenu de nos partenaires
-
Europe
Ukraine: pourquoi la Pologne a perdu ses nerfs
Sur fond d'élections incertaines dans trois semaines, Varsovie ouvre une crise avec Kiev en annonçant la fin des livraisons d'armes -
Exclusif
Séisme au Maroc: dans les coulisses du jour le plus long de Mohammed VI
L'Opinion a reconstitué les premières heures post sinistre du roi du Maroc pour répondre à la catastrophe naturelle la plus mortelle de son règne -
Spécial Pologne
« Les Russes veulent revenir » - la tribune d'Eryk Mistewicz
« Il y a 30 ans, le dernier soldat soviétique a quitté la Pologne. À en croire les idéologues de Poutine, les Russes aimeraient aujourd'hui retourner en Pologne et dans toute l'Europe centrale. Nous faisons tout, nous, Polonais et Ukrainiens, Français aussi, tous en Europe et aux États-Unis, pour les en empêcher », explique le président de l'Instytut Nowych Mediówryk.