Le renforcement du rôle du FMI interpelle les investisseurs privés

Pour certains, le statut de créancier senior du Fonds pourrait dissuader le secteur privé d’investir dans la dette italienne et espagnole
Solenn Poullennec

La contribution du FMI au sauvetage européen fait grincer des dents. Certains s’inquiètent du risque encouru par le fonds qui jouit du statut de créancier senior. D’autres estiment que les investisseurs privés risquent de pâtir de ce statut.

Lors du sommet du 8 décembre, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont donné dix jours pour augmenter les contributions au fonds jusqu’à 200 milliards d’euros afin de s’assurer qu’il «a des ressources suffisantes pour faire face à la crise». Dans une interview au Monde hier, le président français Nicolas Sarkozy affirme que le «contenu juridique» de l’accord sera précisé d’ici quinze jours pour déboucher sur un traité en mars 2012.

Pour les économistes de Barclays, cette enveloppe au FMI est cruciale afin de soutenir des pays comme l’Italie et l’Espagne en cas d’aggravation des tensions sur les marchés obligataires. L’Italie doit refinancer 340 milliards d’euros l’année prochaine et l’Espagne 120 milliards d’euros. Or, le taux des titres d’Etat à dix ans italiens remontait à 6,50% hier après être descendu à 5,7% la semaine dernière. Les titres espagnols qui affichaient un rendement de 5,08% il y a sept jours se sont tendus à 5,71%. La BCE, qui a fortement réduit ses rachats de dettes souveraines la semaine dernière à 635 millions d’euros contre 3,66 milliards la semaine précédente, aurait repris hier du papier italien à 3 et 10 ans pour limiter la tension, selon des traders cités par Reuters.

Pour autant, alors que beaucoup d’investisseurs se sont détournés de la dette périphérique, «des prêts importants du FMI pourraient abaisser le taux de recouvrement de la dette par les créanciers privés en cas de défaut ou de restructuration étant donné le statut de créancier senior du FMI», notent les économistes. Pour eux, la contribution du FMI permettrait seulement de gagner environ deux ans si les taux restent élevés. Dans le long terme, elle devrait être remplacée par des prêts garantis par les Etats membres.

Pour les économistes de SG CIB, cette potentielle contribution du FMI serait même «dangereuse pour la zone euro, car les prêts conduiraient de facto à une subordination des investisseurs». Selon eux, elle pourrait par ailleurs précipiter de nouvelles dégradations de notes souveraines et compromettre encore le financement des pays européens via les marchés. Une dégradation de la France ne serait «pas insurmontable», a indiqué hier Nicolas Sarkozy.

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