Le Panel Taux reste dubitatif sur la rhétorique utilisée par la BCE

Seuls le Crédit Agricole et BNP Paribas attendent aujourd’hui une baisse du taux de refinancement, alors que le discours de la BCE se muscle
Patrick Aussannaire

L’évocation d’un possible assouplissement quantitatif (QE) lors de la réunion de la BCE qui s’est tenue la semaine dernière n’a pas fait bouger le Panel Taux qui ne croit toujours pas, dans sa grande majorité, à une baisse du taux de refinancement dans les six prochains mois. Seuls le Crédit Agricole et BNP Paribas tablent sur une baisse de 10 pb à horizon trois et six mois, alors que Barclays s’est ravisé pour rejoindre à présent le camp des économistes pariant sur un statu quo.

Pourtant, ils réajustent depuis deux mois à la baisse leurs prévisions de hausse du Bund allemand à 10 ans, anticipé à 2,01% dans six mois, contre une prévision de 2,12% en février. Vendredi, les rendements des obligations des pays de la zone euro étaient tous en fort recul. Le taux à 10 ans français chutait de 8 pb à 2,02%, le taux allemand de 5 pb à 1,55%, le taux espagnol de 8 pb à 3,14%, le taux italien de 9 pb à 3,16% et le taux portugais de 13 pb à 3,82%. Symboliquement, le taux espagnol à 5 ans est même passé sous celui de son homologue britannique de même maturité. «L’absence de rally sur le court allemand et les tensions sur l’Eonia impliquent que le marché, en cas d’action de la BCE, favorise davantage l’idée d’un QE que celle d’une baisse des taux, alors même que Mario Draghi a indiqué que l’institution n’en avait pas terminé avec les mesures conventionnelles», explique Natixis.

Après le soutien apporté par Mario Draghi au développement du marché des ABS, son vice-président, Victor Constancio, a jeté le trouble vendredi dans un entretien accordé à CNBC dans lequel il précise qu’aucune discussion n’a eu lieu entre gouverneurs sur de possibles rachats de titres publics ou privés sur le marché. Dans le même temps, le journal allemand FAZ indiquait que la BCE aurait lancé des simulations sur les effets d’un QE sur le niveau d’inflation. Il en ressortirait que 1.000 milliards d’euros de rachats d’actifs rajouteraient entre 0,2 et 0,8 point au taux d’inflation.

Autre canal pour «ré-inflater» la zone euro: le taux de change. Mario Draghi a affirmé qu’il constitue un «facteur de plus en plus important» dans la détermination de la politique monétaire. «Un discours qui souligne que le taux de change est, selon nous, le canal le plus important de transmission d’un assouplissement de la politique monétaire à l’économie de la zone euro. Le canal du crédit étant, a contrario, bien plus complexe avant les résultats de l’AQR», estime Morgan Stanley.

Pourtant, le Panel Change ne semble pas accorder de crédit à cette volonté affichée depuis quelques temps par la BCE. Il a même légèrement modifié à la hausse ses prévisions sur l’évolution de la parité entre l’euro et le dollar, à 1,35 d’ici trois mois et 1,32 d’ici six mois. «La baisse du taux de dépôt en territoire négatif dépend toujours de la résistance de l’euro», estime CA CIB.

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