
Le nouveau taux de change du bolivar vénézuélien tombe à plat
L'écran de fumée du gouvernement vénézuélien n’a pas fonctionné. Le premier jour de cotation du nouveau taux de change du bolivar instauré la semaine dernière a été marqué par une dépréciation de sa valeur contre dollar de 69%. La banque centrale du pays a indiqué vendredi que sa cotation moyenne avait été de 170. Un niveau certes inférieur à sa cotation de 189,55 sur le marché noir mais 27 fois supérieur au taux de change officiel (Cencoex) qui prévaut pour la convertibilité des échanges extérieurs du pays.
Si le but affiché de ce nouveau régime de changes (Simadi) est de regagner la confiance des investisseurs en instaurant une devise flexible, le détail des nouvelles opérations révèle qu’«en pratique, on est loin d’un marché libre pour les particuliers», estime BNP Paribas.
Le nouveau régime, qui s’applique aux entreprises et aux particuliers, est soumis à de nombreuses restrictions. Les acteurs souhaitant y prendre part doivent détenir un compte en dollars dans une banque vénézuélienne et prouver l’origine et la destination des fonds utilisés. Les opérations de détail sont limitées à 300 dollars par jour, 2.000 dollars par mois et 10.000 dollars par an, alors que le montant minimum de devise dure autorisée à la cotation par l’intermédiaire des banques est de 3.000 dollars. «Le nouveau marché offre certes aux sociétés étrangères ayant une activité au Venezuela un moyen légal de rapatrier leurs profits, mais en concédant une décote très importante», indique BNP Paribas. Or, le montant des arriérés dû par le pays est estimé à 23 milliards de dollars.
«La persistance d’une très forte distorsion entre les différents marchés de change rendra encore plus difficile la réalisation des économies nécessaires dans le nouveau contexte de faiblesse des prix du pétrole», ajoute Barclays. Elle a pourtant déjà fait fondre les recettes fiscales et grimper le déficit public à 19% du PIB, et tari la première source d’approvisionnement en dollars du pays, le contraignant ainsi à solliciter un nouveau prêt de 20 milliards de dollars auprès de la Chine.
«S’assurer d’une source de financement pérenne pour le système de changes dépendra d’autres mesures économiques nécessaires: des coupes budgétaires drastiques, l’arrêt de sa monétisation par la banque centrale et le Trésor vénézuéliens et la réduction de l’inflation anticipée à 70% cette année», explique BNP Paribas.
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Risques de «débordements»: Retailleau veut un Premier ministre «rapidement» face aux manifestations de septembre
Paris - Le président des Républicains (LR) et ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a jugé mardi qu’il y avait «urgence à nommer un Premier ministre» parce qu’il ne doit pas «y avoir de pouvoir vacant» à la veille de manifestations et face à «un mois de septembre propice à tous les débordements». «Nous avons besoin très rapidement d’un Premier ministre pour que le pouvoir soit incarné. C’est capital, y compris d’ailleurs en matière de maintien de l’ordre», a insisté le ministre devant la presse à l’issue d’une réunion des dirigeants de LR. «Demain il y a cette journée où Monsieur Mélenchon et ses amis veulent créer un climat insurrectionnel, il y aura une possible dégradation de la note (de la dette de la France) le 12 et ensuite la journée intersyndicale le 18. On est sur un mois de septembre propice à tous les débordements», a-t-il alerté. Une fois désigné, le nouveau Premier ministre devra, avant de former un gouvernement, «se retourner vers l’ensemble des formations politiques pour dessiner un chemin d’intérêt général pour la France et nos compatriotes», a-t-il jugé. M. Retailleau a répété qu’il jugeait «inconcevable» que le Premier ministre soit «socialiste» car, selon lui, «le projet socialiste ne correspond pas à ce que veulent la majorité des Français qui sont plutôt à droite». Quant à la participation des LR au gouvernement, «elle n’a rien d’automatique» et dépendra du «contenu de la politique», a-t-il assuré, répétant les priorités de la droite sur la sécurité, l’immigration et la fiscalité. © Agence France-Presse -
Hong Kong: le sort du magnat des médias Jimmy Lai, emprisonné, inquiète en raison de sa santé fragile
Washington - S’il mourait en prison, le magnat des médias pro-démocratie de Hong Kong, Jimmy Lai, deviendrait un porte-parole plus puissant encore de la liberté, selon son fils Sebastien Lai, interrogé par l’AFP lors d’un passage à Washington. «C’est horrible pour moi de dire cela, mais si mon père mourait en prison, il deviendrait en réalité un symbole encore plus fort pour la liberté, un martyr de ses convictions», a estimé Sebastien Lai, en visite à Washington pour rencontrer des responsables et parlementaires américains et réclamer une plus forte pression internationale sur Pékin. Accusé de sédition et de collusion avec des forces étrangères lors des manifestations prodémocratie de 2019 dont il a été une figure clé, Jimmy Lai, 77 ans, est emprisonné depuis décembre 2020. Jugé pour atteinte à la sécurité nationale lors d’un procès fleuve entamé en décembre 2023, il encourt une peine pouvant aller jusqu'à la perpétuité. Il a plaidé non coupable. Le jugement, mis en délibéré, sera annoncé «en temps utile», a indiqué fin août une juge du tribunal de Hong Kong. Selon Sebastien Lai, la libération de son père serait dans l’intérêt même des autorités chinoises. «Comme on l’a vu avec beaucoup de dissidents, une fois libérés, ils perdent une grande partie de leur supposé pouvoir», a-t-il fait remarquer. Fondateur du journal prodémocratie Apple Daily, aujourd’hui interdit, Jimmy Lai est accusé d’avoir demandé à des gouvernements occidentaux qu’ils imposent des sanctions à la Chine et à sa région administrative spéciale de Hong Kong, après la répression du mouvement pro-démocratie. Il est également accusé d’avoir produit des articles et contenus séditieux, notamment dans des éditoriaux signés de son nom. Ces deux infractions sont sévèrement réprimées par la loi. La première en vertu de celle sur la sécurité nationale, adoptée après les manifestations parfois violentes de 2019 dans l’ex-colonie britannique rétrocédée à la Chine en 1997. L’autre selon une loi datant de l'ère coloniale. La santé du militant s’est nettement détériorée en prison. Diabétique, il souffre d’insuffisance cardiaque et ne reçoit que des soins médicaux limités. Il a été maintenu à l’isolement dans une cellule étouffante, sans climatisation. Pour Sebastien Lai, les pays occidentaux comme la France devraient convaincre la Chine qu’il y aurait «des conséquences très concrètes» pour Hong Kong si son père devait mourir en prison. Il a salué le soutien de l’Allemagne et du Royaume-Uni, où il réside aujourd’hui et dont son père Jimmy a acquis la nationalité en 1994. «On ne peut pas vraiment faire beaucoup plus que de donner la citoyenneté à quelqu’un», a-t-il fait valoir. Quant au président américain Donald Trump, il a promis pendant sa campagne de «sortir de là» le militant hongkongais. «Je vais faire tout ce que je peux pour le sauver», a réaffirmé le président américain le 14 août sur Fox News, précisant avoir mentionné le dossier auprès du numéro un chinois Xi Jinping. Shaun TANDON © Agence France-Presse -
Festival international du film de Toronto: le monde du cinéma s'affronte autour d'un documentaire israélien sur le 7-Octobre
Toronto - Un documentaire sur un ancien militaire israélien, qui doit être présenté en avant-première au festival du film de Toronto après avoir initialement été retiré du programme, cristallise les profondes divisions d’Hollywood sur le conflit à Gaza. «The Road Between Us: The Ultimate Rescue» retrace comment le général israélien à la retraite Noam Tibon a sauvé sa famille et d’autres personnes lors des attaques du Hamas du 7 octobre 2023. Il sera projeté mercredi au plus grand festival de cinéma d’Amérique du Nord. Le film, produit au Canada, utilise notamment des images de caméras corporelles du Hamas lors des attaques qui ont fait 1.219 morts en Israël, principalement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les données officielles. Les organisateurs avaient initialement évoqué le manque de «clarté juridique» autour de ces images pour retirer le film de la programmation, le mois dernier. Avant de le réintégrer face aux multiples accusations de censure. Plus de 1.000 personnalités de l’industrie du divertissement, dont Amy Schumer et Debra Messing, avaient signé une pétition accusant le festival de réduire les voix juives aux silences. Et ce week-end, le réalisateur Barry Avrich a balayé ce prétendu problème juridique. «Pour autant que je sache, le Hamas ne dispose pas d’un organe de gestion des droits d’auteur», a-t-il ironisé dans une table ronde. Dans un communiqué, les organisateurs du festival ont finalement déclaré avoir trouvé «une solution pour satisfaire les importantes préoccupations en matière de sécurité, de légalité et de programmation», tout en s’excusant pour «la douleur et la frustration» provoquées par leur réponse initiale. Hollywood opposé "à lui-même» Barry Avrich a salué, sur le site spécialisé Deadline, la «réaction de la communauté cinématographique de Hollywood». Le sujet est pourtant loin d’y faire l’unanimité. Dans une tribune publiée lundi dans le New York Times, la vétéran du divertissement Sharon Waxman a estimé que la guerre à Gaza déclenchée par Israël après le 7-Octobre «oppose Hollywood à lui-même». Pour une industrie à la fois progressiste et influencée par un puissant lobby pro-israélien, la question «reste un sujet explosif, avec des convictions profondes et exacerbées» de part et d’autre, écrit-elle. Lundi également, plus de 1.500 acteurs et professionnels du cinéma, dont Olivia Colman et Mark Ruffalo, se sont engagés dans une lettre ouverte à ne pas travailler avec des organisations cinématographiques israéliennes, qu’ils ont accusées d'être «impliquées dans un génocide» à Gaza. La guerre déclenchée par Israël sur le territoire palestinien après les attaques sans précédent du Hamas a tué près de 65.000 personnes à Gaza, selon les chiffres du ministère de la Santé dirigé par le gouvernement du Hamas, considérés comme fiables par les Nations unies. «Une famille, pas un pays» Avant la première mercredi de «The Road Between Us» et d'éventuelles manifestations, le réalisateur a déclaré à Deadline vouloir faire appel à sa propre équipe de sécurité pour compléter celle du festival. La police de Toronto a fait état à l’AFP d’une «forte présence» sur les lieux du festival, sans autre précision. Le documentaire raconte comment le général Tibon a «voyagé de Tel Aviv au kibboutz Nahal Oz pour tenter de sauver son fils», journaliste de renom, ainsi que d’autres membres de sa famille. Il s’appuie sur des interviews inédites, des images de caméras de sécurité du kibboutz et des caméras portées par des combattants du Hamas. Et il a été monté selon les codes des «thrillers», son auteur qualifiant même le soldat comme un héros du monde réel rappelant le film d’action «Taken», avec Liam Neeson. «On le regarde comme un homme qui finalement, ce jour-là, a montré du leadership», estime Barry Avrich. Mais «ce n’est pas vraiment un film politique. Il est enveloppé dans le drapeau d’une famille, pas d’un pays», a-t-il assuré au Hollywood Reporter. Une précision qui pourrait avoir échappé au microcosme hollywoodien. Andrew MARSZAL and Ben SIMON © Agence France-Presse