
Le FRR est de nouveau appelé à la rescousse du financement des retraites
L’existence du Fonds de réserve pour les retraites (FRR) n’est pas un long fleuve tranquille. Dans un projet de loi «garantissant l’avenir et la justice du système de retraites» transmis selon Reuters la semaine passée au Conseil d’Etat et aux caisses de la Sécurité sociale avant examen en conseil des ministres le 18 septembre, le gouvernement entend «redonner un rôle» à un FRR «détourné de son objectif par la loi de 2010». Cela dans le cadre de l’instauration d’un «mécanisme de pilotage» des retraites.
Le fonds retrouverait, en partie, sa vocation de soutien au financement du système français de retraite par répartition, en «serv(ant) d’instrument de stabilisation conjoncturelle afin de lisser les écarts à la trajectoire financière liés à une dégradation de la conjoncture», selon l’exposé des motifs du texte. Si le FRR conserve officiellement pour mission la gestion d’actifs «afin de constituer des réserves destinées à contribuer à la pérennité des régimes de retraites», la réforme Fillon de 2010 a changé la donne en faisant du fonds un instrument de financement de la Caisse d’amortissement de la dette de la Sécurité sociale (Cades), à raison depuis 2011 d’un versement annuel de 2,1 milliards d’euros et de la réorientation des abondements prévus.
La contribution envisagée du FRR s’inscrit dans un mécanisme de suivi destiné à s’assurer en continu du respect des objectifs, financiers et sociaux. Le gouvernement souhaite ainsi «en finir avec le pilotage à vue du système de retraite qui a conduit à de trop nombreuses réformes ces dernières années».
Un nouveau «Comité de surveillance des retraites» aura pour mission d’émettre chaque année des recommandations publiques sur la base notamment du rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), recommandations susceptibles de passer par le recours au FRR. Le nouveau comité rendra un avis public sur le suivi de ses recommandations.
De quoi donc accentuer la cure d’amaigrissement subie par le FRR du fait de la ponction au bénéfice de la Cades. Ce versement n’a pas empêché le montant des actifs sous gestion de progresser de 1,5 milliard d’euros en 2012, à 36,6 milliards. Cela grâce, selon le rapport annuel publié fin juillet, à une performance de gestion à deux chiffres de chacune des deux poches d’actifs (10,1% pour la défensive dite «de couverture», 12,7% pour l’offensive, dite «de performance»).
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse