
Le FMI s’inquiète de la dette des entreprises

Dans un rapport publié hier, le Fonds monétaire international met en garde contre le niveau d’endettement élevé des entreprises de la périphérie notamment au Portugal et en Espagne. Le contexte de taux bas a facilité l’accès aux marchés financiers pour les émetteurs européens. L’institution de Washington identifie aussi des risques liés à la politique d’assouplissement monétaire agressive menée par la Fed aux Etats-Unis, et pointe ainsi «des petits signes d’excès» dans la valorisation du crédit corporate outre-Atlantique.
Le système financier est beaucoup plus stable qu’il y a six mois mais d’autres risques pourraient émerger, et faire peser un risque sur la stabilité de l'économie mondiale, prévient le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport d’une soixantaine de pages publié hier. L’institut de Washington met notamment en évidence le risque de crédit lié aux entreprises des pays périphériques en Europe. Il souligne que les entreprises de ces pays se sont trop fortement endettées dans un environnement de taux bas, et qu’elles doivent désormais faire de la réduction de leur endettement une priorité.
«La principale conclusion est que la part la plus fragile des entreprises avec un niveau de dette élevé et non soutenable est située dans la périphérie, principalement au Portugal et en Espagne, ce qui nécessite la vigilance continue des superviseurs sur la qualité des actifs bancaires», souligne l’étude. Les entreprises italiennes et françaises sont également concernées mais dans une moindre mesure. Dans son analyse, le FMI estime qu’il est urgent pour les entreprises de la périphérie de mener à bien un processus de consolidation et de restructuration notamment via des cessions d’actifs afin de réduire leur effet de levier.
Le FMI identifie aussi des risques liés à la politique d’assouplissement monétaire agressive menée par la Fed aux Etats-Unis, à tel point que les niveaux de valorisation du crédit corporate montrent aujourd’hui «des petits signes d’excès» indique le rapport. «Les taux d’intérêt à court terme très bas ont réduit le coût de la dette pour les entreprises emprunteuses, leur permettant d’allonger le profil de la maturité de leur dette [...]», se félicite le FMI. Il s’inquiète toutefois du fait que le volume d’émission obligataire élevé est parfois utilisé par les entreprises à des fins peu productives, pour financer les programmes de rachats d’actions par exemple.
L’appétit pour les actifs à haut rendement notamment de la part des compagnies d’assurance et des fonds de pension, et les risques qui y sont liés, est également une source de préoccupation pour le FMI. Ces éléments ne constituent pas un risque systémique imminent mais ils doivent être regardés de près, prévient le Fonds.
Le rapport sur la stabilité financière mondiale liste également d’autres sources de préoccupation que le crédit. Il évoque la dégradation des marges bancaires et le coût des litiges juridiques pour les banques. La détérioration de la situation des fonds de pension, avec un déficit de financement estimé à 28% fin 2012 aux Etats-Unis, et la faiblesse des rendements trouvés par les assureurs vie, constituent pour leur part des risques à maturation lente.
{"title":"","image":"79619»,"legend":"Endettement excessif des soci\u00e9t\u00e9s d’Europe du Sud. Illustration L’Agefi.»,"credit":""}
Plus d'articles du même thème
-
L’inflation de la zone euro n’a quasiment pas augmenté en août
Eurostat a révisé de 2,1% à 2% le taux d’inflation pour la zone euro en rythme annuel en août, et de 0,2% à 0,1% en rythme mensuel. Et a confirmé que la croissance des salaires a encore été tirée par l’Allemagne et les Pays-Bas au deuxième trimestre. -
Patrick Drahi s’apprête à relancer la vente de ses parts dans XpFibre
Un an après une première tentative avortée pour vendre ses 50,01% de parts dans le réseau français d'accès haut débit, l'homme d'affaires relance le processus. Cela pourrait prendre effet dès cette semaine. -
Cyrus Herez ajoute Aliquis Conseil dans son escarcelle
Ses trois associés historiques deviennent associés du groupe Cyrus. -
Verisure veut lever 3,1 milliards d’euros en rejoignant la Bourse de Stockholm
Le spécialiste de la sécurité compte utiliser le produit de cette augmentation de capital pour réduire son endettement et financer l’acquisition d’ADT Mexico. Deux actionnaires devraient participer à l’opération. -
EXCLUSIF
Philipp Freise et Jérôme Nommé (KKR) : «C’est le moment d’investir en Europe et en France !»
Dans une interview exclusive à L’Agefi, le co-responsable du private equity en Europe et le patron des activités françaises dressent le bilan des 20 ans de présence de KKR en France et affichent leurs ambitions pour le futur. -
L’écosystème technologique des métiers du chiffre est en plein essor
La première édition de l’Observatoire des techs de la profession comptable recense 262 entreprises.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

BlackRock lance le premier ETF adossé à la méthodologie MSCI World sur la neutralité géographique et sectorielle
- Nicolas Namias assure que le projet de fusion des gestions d’actifs de BPCE et Generali se poursuit
- En deux ans, les ETF «datés» ont réussi à se faire une place en Europe
- Valérie Baudson : «Amundi n'a pas besoin d'acquisition pour croître»
- BlackRock lance le premier ETF adossé à la méthodologie MSCI World sur la neutralité géographique et sectorielle
- Eric Bertrand va prendre la direction générale d’Ofi Invest AM
Contenu de nos partenaires
-
Népal : à la prison de Katmandou, les évadés d'un jour regagnent leur cellule
Katmandou - «C'était terrible à l’extérieur... alors je rentre». Quelques jours seulement après s'être enfui de sa prison de la capitale népalaise Katmandou, Avinash Rai, 46 ans, s’est représenté à sa porte, le ventre plein d’un bon repas pris en famille. Comme lui, plus de 13.500 détenus ont profité des émeutes meurtrières qui ont renversé, la semaine dernière, le gouvernement népalais pour fausser compagnie à leurs gardiens. Quand il évoque le désordre qui a précipité son évasion, Avinash Rai en tremble encore. «Nos vies étaient en danger», décrit-il, ses deux sacs en bandoulière, avant de rejoindre sa cellule. «C'était fou. Il y avait des milliers de manifestants hors de contrôle qui criaient à l’extérieur et aucun policier nulle part», raconte le détenu. «Il y avait le feu partout, des actes de vandalisme. Et soudain, les portes se sont ouvertes». Il les a franchies sans réfléchir, poussé vers la liberté dans un pays en plein chaos. Les troubles ont éclaté le 8 septembre lorsque la police a ouvert le feu sur des milliers de jeunes manifestants, réunis sous la bannière de la «Génération Z», qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites. Au moins 19 protestataires ont été tués ce jour-là à Katmandou et dans le reste du pays. «Revenez plus tard» Le lendemain, la colère s’est déchaînée dans les rues de la capitale, où les symboles du pouvoir, le parlement en tête, ont été incendiés, détruits ou pillés. Au pouvoir depuis 2024, le Premier ministre KP Sharma Oli a dû démissionner. Au total, 73 personnes ont été tuées, selon le dernier bilan officiel publié mercredi. «Les autorités de la prison, ou ce qu’il en restait, nous ont dit +partez, et revenez plus tard, quand ce sera plus sûr+", se souvient Avinash Rai. Condamné à vingt-deux mois de prison pour contrebande avec l’Inde, il ne lui en reste plus que deux à purger. Alors il a décidé, sagement, de suivre le conseil de ses geôliers. «C'était fou que tous ces gens aient pu s'évader», s'étonne encore Nagendra Sreshtha, un ami venu le raccompagner. «On lui a dit que c'était dans son intérêt de rentrer en prison de son plein gré». En échange, Avinash Rai espère désormais «un peu de clémence» du gouvernement provisoire mis en place jusqu’aux élections prévues en mars 2026. D’autres que lui ont fait ce pari. Selon le porte-parole de la police, Binod Kharel, environ 5.000 évadés avaient retrouvé mercredi leur cellule, pour la plupart volontairement. Parmi ceux qui se pressent devant la prison de Bakhu, il y a aussi Som Gopali, 40 ans. Condamné à cinq ans pour agression, il revient accomplir les neuf mois qui lui restent. «Pas une évasion» Une dernière étreinte avec son épouse, et il franchit la lourde porte de l'établissement. «Ca a été un choc quand Som m’a téléphoné pour me dire qu’il était dehors. J'étais sidérée», confie sa sœur Preeti Yonyan, 42 ans, qui se pince encore pour croire à sa sortie inattendue. «Il n’aurait pas tenu très longtemps dehors, avec la police à ses trousses», raisonne-t-elle. Noircis par les flammes, recouverts de graffitis à la gloire de la «Génération Z», les hauts murs de la maison d’arrêt de Bakhu ont gardé les traces de l’assaut lancé par les émeutiers. «La structure des bâtiments n’a pas été atteinte mais il n’y a plus de couvertures, de matelas ou d'équipement. Et de la suie partout», témoigne Savyata Bahkati, 22 ans, volontaire pour une association qui intervient en détention. «Ils ont commencé à nettoyer les murs et à les repeindre», poursuit-elle, «mais ça va encore prendre trois ou quatre jours». Les derniers candidats à la réincarcération se pressent devant la prison. «Ce n'était pas une évasion. Mon fils est innocent», répète Suresh Raj Aran, 40 ans, espérant que Sevak, 23 ans, ne soit pas puni pour s'être fait la belle. «Bien sûr, je préfère qu’il soit à la maison», dit-elle, «mais dans le respect de la loi». Bhuvan BAGGA © Agence France-Presse -
Parole parole
Déçu par leur rencontre avec Sébastien Lecornu, le PS envisage la censure « dès la déclaration de politique générale »
Rien de constructif n’est ressorti du premier round de discussion entre le Premier ministre et les socialistes, ce mercredi matin. Le mot de « justice fiscale » a bien été prononcé, mais sans véritable contenu, laissant les cadres du PS sceptiques sur la « rupture » promise par le nouveau locataire de Matignon -
Peut mieux faire
Le conflit avec la Thaïlande pèse sur une économie du Cambodge à la peine
Même si le pays a échappé à des droits de douane américains exorbitants, sa situation économique est fragilisée par les tensions avec son voisin thaïlandais et des pesanteurs intérieures