La Hongrie envoie des signaux contradictoires sur sa stabilité financière

Le gouvernement et les banques ont conclu un accord sur la gestion des prêts en devises étrangères
Violaine Le Gall

Entre 2003 et 2008, les prêts en devises étrangères ont connu un essor considérable dans les pays d’Europe de l’Est, en particulier en Hongrie. L’effondrement de la monnaie locale suite à la faillite de Lehman Brothers avait fait basculer dans la crise le pays qui avait alors demandé le soutien du FMI.

Hier, le gouvernement et les banques ont conclu un accord qui marque une étape importante dans le processus d'élimination de ces prêts en devises étrangères sur lesquels les défauts et les retards de paiement se sont accumulés. Les banques hongroises, dont les filiales de KBC et Erste, supporteront des pertes à hauteur de 600 milliards de forints (1,99 milliard d’euros) sur les cinq prochaines années tandis que l’Etat prendra en charge 300 milliards de forints. Précisément, 25% de la dette sera effacée pour les emprunteurs déjà défaillants qui convertiront leurs prêts en forints. Les autres emprunteurs pourront par ailleurs réduire leurs mensualités. Parallèlement, les banques déduiront les pertes liées à ces prêts du lourd impôt sur les banques mis en place par le gouvernement.

Cet accord marque une inflexion car Budapest avait d’abord imposé aux banques de supporter les pertes de change liées à ces prêts. Il intervient alors que, fin novembre, la Hongrie a adressé une demande d’assistance financière au FMI et à la Commission européenne.

Or, l’institution de Washington a déjà prévenu qu’elle n’aiderait le pays que s’il respecte certaines conditions. Cet accord «augmente la probabilité» d’une nouvelle aide du FMI, estime Murat Toprak, stratégiste chez HSBC, cité par Bloomberg. Toutefois, le gouvernement a parallèlement pris une décision qui inquiète les institutions internationales. Il a proposé le 14 décembre une loi visant à affaiblir le pouvoir du gouverneur de la banque centrale de Hongrie, Andras Simor, en l’entourant d’un troisième vice-gouverneur nommé par le gouvernement. Dans le même temps, des députés de centre-droit proposent de rapprocher la banque centrale du régulateur financier national PSZAF.

Autant de projets qui ont déjà fait réagir la Banque centrale européenne. Elle craint la perte d’indépendance de la banque centrale nationale. «Il est de la première importance de concevoir une structure institutionnelle qui sépare la politique monétaire des intérêts politiques à court terme», a-t-elle rappelé.

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