La Fed ne resserre pas le robinet monétaire

Le Comité de politique monétaire attend plus de preuves d’une reprise durable de l'économie
Antoine Duroyon
La "Fed". Photo: Andrew Harrer/Bloomberg
La "Fed". Photo: Andrew Harrer/Bloomberg  - 

Le Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed a déjoué les pronostics. Par neuf voix contre une, les responsables de la politique monétaire américaine ont décidé de ne pas toucher au programme d’assouplissement quantitatif. Les rachats d’actifs vont donc se poursuivre au rythme de 85 milliards de dollars par mois. En outre, la Réserve fédérale n’a pas modifié les conditions attachées au maintien des taux en l'état : tant que le taux de chômage ne descendra pas à 6,5% et tant que l’inflation ne risquera pas de dépasser 2,5%.

Pour expliquer ce refus de donner un coup d’envoi au «tapering» (ralentissement des rachats d’actifs), le FOMC dit vouloir attendre davantage de preuves d’une amélioration durable de l'économie. Tout en soulignant que les «risques baissiers» pesant sur la conjoncture ont diminué, malgré l’alourdissement de la fiscalité et les coupes budgétaires, le Comité souligne que le «resserrement des conditions financières observé au cours des derniers mois, s’il persistait, pourrait ralentir le rythme de l’amélioration». Pour la troisième fois cette année, la banque centrale américaine a abaissé sa prévision de croissance pour 2013. Elle table désormais sur une hausse comprise entre 2% et 2,3%, contre 2,3% à 2,6% dans son estimation de juin.

Lors d’une conférence de presse, le président de la Fed a soutenu que cet attentisme constituait une «mesure de précaution», l’intention étant d’attendre un peu plus longtemps pour avoir une confirmation de l'état de l'économie. Préparant tout de même le terrain à un futur «tapering», Ben Bernanke a rappelé que même en cas de réduction des rachats d’actifs, «nous pouvons être accommodants par les taux».

A ce sujet, le FOMC n’a pas réservé de surprises aux observateurs. Il confime les conditions assorties au maintien des taux à leur niveau actuel, que ce soit en termes de taux de chômage (au-dessus de 6,5%) ou d’inflation (pas plus de 2,5%). A ceux qui imaginaient un plancher d’inflation, Ben Bernanke a expliqué que cela représenterait une «modification notable de la politique de communication prévisionnelle».

Selon l’estimation médiane des membres du conseil de la Fed et des présidents de banques régionales (dix-sept au total), le profil de taux des Fed funds atteindra 2% à la fin de 2016. Douze d’entre eux estiment en outre que la première hausse interviendra en 2014. Ils étaient quatorze précédemment. Ben Bernanke, dont le mandat à la tête de la Fed s’achève en janvier prochain, n’a pas caché que ces anticipations pourrait être malmenées par des facteurs externes. Il a ainsi prévenu que le fait de ne pas relever le plafond de l’endettement aurait de très graves conséquences économiques.

«La Réserve fédérale reste assez inquiète face à la mollesse générale de l'économie, préférant prendre le risque d'être trop laxiste pendant trop longtemps plutôt de resserrer prématurément», résume Mohamed El-Erian, co-chef des investissements du fonds Pimco.

Ce maintien d’un biais accommodant a plongé les marchés actions dans l’euphorie; le Dow Jones a clôturé sur un gain de 0,95%, à un niveau record. Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat à 10 ans baissait hier soir de 16 points de base, à 2,69%.

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