La Fed fait fi des attentes pour piloter la sortie de son QE

En prenant les marchés à contre-pied pour la deuxième fois depuis mai, la Fed souhaite accompagner le «tapering» d’une remontée progressive des taux
Patrick Aussannaire

L’effet de surprise devient le nouveau mode de communication de la Fed. En décidant mercredi de maintenir son programme de rachats d’actifs à un rythme mensuel de 85 milliards de dollars, la Fed a pris une nouvelle fois les marchés à contre-pied, après avoir évoqué le «tapering» le 22 mai.

«La Fed a souhaité répondre aux marchés financiers qui sont allés trop loin dans leurs anticipations de normalisation de sa politique monétaire», explique BNP Paribas, qui avait prévu le statu quo.

Après avoir gagné plus de 100 pb depuis mai, le rendement des Treasuries à 10 ans s’est détendu hier de 20 pb pour revenir à 2,67%, son plus faible niveau depuis le 13 août. Sur le marché des changes, le dollar a également fortement corrigé en passant de 1,3355 mardi à 1,3533 contre euro, et de 99,16 à 97,86 contre yen.

Mercredi, le président de la Fed, Ben Bernanke, a notamment mis en avant ses craintes concernant le durcissement des conditions de financement, le niveau de l’inflation qui reste faible ainsi que l’incertitude des effets du choc fiscal de début d’année sur les perspectives de reprise de l’activité aux Etats-Unis. La réunion du FOMC d’octobre n’étant pas suivie d’une conférence de presse, HSBC prévoit l’annonce du début du «tapering» en décembre, une fois levés les risques liés aux discussions sur le plafond de la dette.

Pourtant, «sur la durée, les annonces surprises vont entamer la crédibilité de la forward guidance de la Fed, et les marchés se montreront moins enclins à prendre les déclarations de la Fed au pied de la lettre», prévient Citigroup. Un retour du taux 10 ans sous les 2,5% reste d’ailleurs improbable et la Fed prend le risque de se placer «derrière la courbe», selon GaveKal. Sans compter que les marchés doutent de la cohérence de ses prévisions. «Bien qu’elle sache parfaitement que le cycle d’inflation accuse souvent un retard sur le cycle de croissance, la Fed a décidé de prendre le risque», estime la Société Générale.

L’autorité table sur une croissance à 3,25% en 2015 et 2,9% fin 2016, un taux de chômage ramené à 5,65%, pour une inflation de seulement 2%. Dans le même temps, 82% des membres du FOMC continuent d’anticiper que les taux Fed funds seront stables à 0,25% jusqu’à fin 2014, avant de monter à 1% fin 2015 et 2% fin 2016. «La croissance en 2016 devrait être supérieure à sa moyenne de long terme (de 2,4%), alors que le taux Fed funds devrait être bien en dessous de son niveau moyen de long terme», s’étonne ainsi CA CIB.

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