La course à la taille sera plus sélective dans les ingrédients alimentaires

Le prix moyen des dernières transactions a atteint en valeur d’entreprise 12,5 fois l’excédent brut d’exploitation contre 10,5 fois auparavant
Yves-Marc Le Reour

Si le secteur des ingrédients alimentaires s’est déjà bien consolidé depuis le début des années 2000, la reprise du mouvement de concentration depuis la mi-2010 se caractérise par une augmentation de la taille des transactions, accompagnée d’une hausse des niveaux de valorisation. C’est l’un des constats du département «recherche et conseil en agroalimentaire» de Rabobank, qui souligne dans sa dernière étude le manque d’intervenants de taille moyenne sur ce marché de 37 milliards de dollars (25,7 milliards d’euros).

Cette nouvelle phase de consolidation a été stimulée par les rapprochements ayant eu lieu en aval au sein des producteurs agro-alimentaires qui ont entraîné une rationalisation de leur chaîne de fournisseurs. Elle a également été nourrie par «l’intérêt des groupes chimiques cherchant à réduire le caractère cyclique de leur activité et à alléger la menace de concurrents situés dans les marchés émergents». BASF s’est ainsi lancé en juin 2010 à la conquête de Cognis pour 3,1 milliards d’euros, juste avant l’annonce par l’américain CPI de la reprise de National Starch pour l’équivalent de 878 millions d’euros. En février dernier, DSM s’est emparé de Martek Biosciences pour 800 millions d’euros, tandis que DuPont a finalisé en mai l’acquisition de Danisco pour près de 4,9 milliards d’euros.

Pour ces quatre opérations, le prix de rachat moyen a atteint une valeur d’entreprise équivalent à 12,5 fois l’excédent brut d’exploitation (EBE) de la cible, contre un ratio de 10 à 11 fois l’EBE durant la décennie écoulée, sauf en 2008-2009 où il était tombé à 7,5 fois. «Ces multiples élevés tiennent à la rareté des cibles potentielles, à la possession d’un savoir-faire spécifique et à la solidité de leurs relations clients», expliquent les analystes de Rabobank. Ils ajoutent que les entreprises les plus convoitées génèrent un cash flow élevé malgré d’importantes dépenses en R&D, et qu’elles possèdent une réserve de croissance liée à leur exposition aux émergents.

Alors que dans les parfums et arômes, les enzymes, les vitamines ou les acides lactiques, la moitié du marché est déjà dans les mains de quelques leaders, «d’autres segments comme la nutrition, les protéines, les fibres ou les ingrédients de boulangerie sont encore très fragmentés, ce qui devrait attirer l’intérêt de prédateurs désirant renforcer leur position concurrentielle», conclut l’étude.

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