
La Cour des comptes s’inquiète du dérapage des dépenses locales
La Cour des comptes souhaite que les collectivités locales participent à l’effort de redressement des finances publiques en diminuant leurs dépenses de fonctionnement et notamment de personnel. Dans son rapport de près de 500 pages publié hier, elle note que les dépenses de fonctionnement des collectivités sont celles qui ont le plus progressé au sein des administrations publiques, à un rythme de 3,1% en plus de l’inflation chaque année depuis 1983. Certes, l’Etat a transféré au cours de cette période un certain nombre de ses compétences mais cela n’explique pas tout. A périmètre constant, les dépenses ont augmenté chaque année de 1,38 point de PIB en plus de l’inflation.
Aux yeux des magistrats, cette dynamique n’est pas soutenable, notamment à l’heure où l’Etat se serre la ceinture. Les concours de l’Etat représentent 36% des ressources des collectivités, soit 75 milliards d’euros. La Cour rappelle que les dépenses des collectivités représentent 20% des dépenses publiques et que près de 10% de la dette publique est constituée par celle des administrations locales. Celle-ci a atteint 174 milliards d’euros en 2012. Le déficit était quant à lui de 3,1 milliards d’euros, soit 3% du déficit public. Ce niveau peut paraître faible mais les magistrats préviennent que les recettes ne pourront pas indéfiniment s’ajuster aux dépenses.
Dans ce contexte, les collectivités doivent notamment, selon la Cour, mieux maîtriser leur dépenses de personnel qui représentent 35% de leurs dépenses de fonctionnement. La Cour pointe entre autres du doigt la gestion des communes. Alors que ces dernières n’ont pas fait l’objet de transferts de compétences du pouvoir central, leurs dépenses de personnel ont augmenté en moyenne de 3,2% par an entre 2000 et 2012.
Tandis que les effectifs dans la fonction publique territoriale semblent se stabiliser, les collectivités ont bien d’autres moyens pour baisser leurs dépenses de personnel, selon la Cour. Cette dernière fait valoir que la durée annuelle de travail des agents est souvent inférieure à la durée réglementaire. Elle recommande de mieux contrôler les absences pour arrêt-maladie, de maîtriser l’augmentation des heures supplémentaires ou encore de ne pas promouvoir les agents de façon systématique. Les magistrats suggèrent par ailleurs de veiller à ce que le développement des intercommunalités permette de faire des économies alors que c’est souvent le contraire.
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Paris - Eviter que des bébés restent trop longtemps placés dans des pouponnières de l’ASE sur-occupées: le gouvernement a publié samedi un décret réformant l’accueil des tout-petits en protection de l’enfance, jugé alarmant. Les pouponnières de l’Aide sociale à l’enfance accueillent des bébés de la naissance à trois ans, placés le plus souvent par la justice car ils sont à risque de danger dans leur famille: maltraitances, toxicomanie ou troubles psychiatriques des parents, violences conjugales par exemple. Le décret refonde le cadre réglementaire datant de 1974, jugé «obsolète». «Notre objectif est d’aider des enfants qui ont été particulièrement secoués par les difficultés dans leur toute jeune vie à avoir les conditions de développement les plus adaptées possible», a expliqué la ministre des Familles Catherine Vautrin, vendredi en visitant la pouponnière de Brétigny-sur-Orge (Essonne). Un rapport de la députée socialiste Isabelle Santiago a dénoncé en avril des conditions alarmantes dans certaines pouponnières, sur-occupées, avec un encadrement insuffisant. Le texte limite la durée de placement en pouponnière à quatre mois, renouvelable une seule fois après une évaluation de «l'évolution de la situation de l’enfant». «L’objectif est d’essayer le plus possible que l’enfant ne passe pas plus de trois, quatre mois dans la pouponnière, (...) pour être le plus possible orienté vers une famille», a indiqué Mme Vautrin. En quelques années, la durée moyenne de placement est passée de cinq à huit mois, selon le ministère. Certains enfants y restent jusqu'à leurs trois ans, voire plus. La capacité d’accueil sera «plafonnée à 30 enfants», avec une organisation en «petites unités de vie», plus «chaleureuse et sécurisante», selon le ministère. Le texte renforce les normes d’encadrement, avec une auxiliaire de puériculture pour cinq enfants le jour et quinze enfants la nuit. Les équipes devront s’attacher à répondre aux besoins d'éveil et de développement des enfants, mais aussi d’attachement et de sécurité. Les pouponnières auront aussi un rôle de soutien aux parents, en vue du retour du bébé dans sa famille, avec une «équipe dédiée à l’accompagnement à la parentalité», indique le ministère. Un budget de 35 millions d’euros est alloué pour mettre en oeuvre ces nouvelles normes, a précisé Mme Vautrin. La députée Isabelle Santiago a salué samedi une «avancée majeure pour la prise en charge des bébés les plus vulnérables», tout en demandant à «refonder» plus largement la protection de l’enfance. La Cnape, une des principales fédérations d’associations du secteur, a salué «une ambition qui va dans le bon sens, avec quelques moyens encore à confirmer dans le budget». Réduire la durée de placement en pouponnière nécessite de renforcer l’accès à des familles d’accueil dont beaucoup approchent de l'âge de la retraite, souligne-t-elle. Mme Vautrin a annoncé en juin qu’elle déposerait à l’automne un projet de loi sur la Protection de l’enfance, pour notamment élargir le vivier des assistants familiaux, en leur permettant de cumuler cette activité avec un autre emploi. «Nous sommes en train de le finaliser, ce qui veut dire que si d’aventure demain d’autres que moi ont la responsabilité de ce sujet, ils trouveront un projet de texte de loi», a précisé vendredi Mme Vautrin, alors que le gouvernement pourrait tomber lundi avec le vote de confiance demandé par le Premier ministre François Bayrou. © Agence France-Presse -
Serbie : après une manifestation pour des élections anticipées, 42 personnes arrêtées
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Vatican : un pèlerinage inédit des catholiques LGBT+ marque une ouverture historique de l’Église
Cité du Vatican - Une première au Vatican: plus d’un millier de catholiques LGBT+ et leurs proches effectuent ce weekend un pèlerinage dans le cadre de l’"Année sainte», un «signal important» vers davantage de diversité dans l’Eglise catholique. Ils sont plus de 1.400, originaires d’une vingtaine de pays à avoir répondu à l’invitation de l’association italienne «La Tendi di Gionata» (La tente de Jonathan) pour participer à l’année jubilaire de l’Eglise, organisée tous les 25 ans. Aucune audience privée avec le pape Léon XIV n’est prévue. Mais si des groupes LGBT+ se sont déjà rendus au Vatican, c’est la première fois qu’un tel pèlerinage est inscrit au calendrier officiel du Jubilé. Yveline Behets, femme transgenre de 68 ans venue de Bruxelles, a parcouru 130 km à pied avec une trentaine de personnes LGBT+ le long de la Via Francigena pour rejoindre Rome. Devant les «difficultés relationnelles et culturelles» au sein du milieu catholique où elle ne se sent «pas toujours reconnue», elle attend que l’Eglise accorde plus de place à «la pluralité». «Il ne faut pas se tromper sur le mot accueil: nous ne sommes pas des étrangers accueillis exceptionnellement ou plus régulièrement, nous faisons partie de la même famille», souligne-t-elle, vêtue d’un T-shirt blanc portant les couleurs de l’arc-en-ciel. L’Eglise est comparable à «une montagne que l’on grimpe et il y a plusieurs versants». «On ne voit pas les choses toujours de la même manière mais c’est comme ça et c’est très heureux.» «Méconnaissance» Comme des millions d’autres pèlerins, les participants remonteront samedi après-midi la principale artère menant au Vatican pour franchir la «Porte sainte» de l’imposante basilique Saint-Pierre. Dans la matinée, des centaines d’entre eux ont participé à une messe présidée par le vice-président de la conférence épiscopale italienne à la Chiesa del Gesu, en plein centre de Rome, après une une veillée de prière vendredi ponctuée de témoignages. «C’est un signal vraiment important pour nous de se sentir plus inclus» dans l'Église, confie à l’AFP Hugo, franco-québécois de 35 ans, qui préfère taire son nom de famille pour des raisons de confidentialité. Il espère que ce signal «permettra à des gens qui sont un peu mi-figue, mi-raisin, de s’autoriser à être plus accueillants envers les homosexuels au sein de l'Église». Mais dans une institution deux fois millénaire dont le catéchisme considère les actes homosexuels comme «intrinsèquement désordonnés», la route est encore longue. «Il y a des peurs et une forme de méconnaissance concernant la vie des homosexuels», déplore-t-il."Si tout le monde rencontrait tout le monde, je pense qu’il y aurait beaucoup de murs qui tomberaient.» Selon lui, «il reste des blocages», notamment pour les couples pour lesquels «l’accès aux sacrements est remis en question». «Former les éducateurs» De son élection en 2013 à sa mort en avril, le pape François, ardent défenseur d’une Eglise ouverte à «tous, tous, tous», a multiplié les gestes d’accueil envers la communauté LGBT, sans pour autant faire évoluer la doctrine. Sa décision fin 2023 d’ouvrir les bénédictions aux couples de même sexe a provoqué une levée de boucliers dans les milieux conservateurs, notamment en Afrique. Quelle décision prendra son successeur américain, jusqu’ici très discret sur la question? Pour Beatrice Sarti, une Italienne de 60 ans venue accompagner son fils homosexuel, «il reste encore beaucoup à faire», à commencer par le changement de mentalités. «Beaucoup de nos enfants ne vont plus à l'église (...) parce qu’on leur a fait sentir qu’ils ont tort. Cela doit absolument changer», explique cette femme originaire de Bologne (Nord), également membre du comité de La Tenda di Gionata. «Le plus urgent serait de former les éducateurs, les séminaires, les prêtres et les évêques, en commençant par le bas, le catéchisme, le magistère» même si «c’est un processus très lent.» En 12 ans de pontificat, le pape François «n’a pas eu peur de prononcer les mots», ce qui a «beaucoup dédramatisé le sujet de l’homosexualité au sein de l'Église», salue Hugo. «Ce n’est plus un gros mot. Et ça, je pense que c’est juste une porte ouverte pour plein d’autres évolutions», veut-il croire. Clément MELKI © Agence France-Presse