
La Cnil veut s’imposer comme régulateur sur le sujet du paiement

La gardienne des données personnelles veut s’imposer sur le sujet du paiement. La Commission nationale informatique et libertés (Cnil) va publier ce mercredi un Livre blanc dédié à ce sujet, accompagné d’un débat en ligne.
Elle compte ainsi « éclairer le public sur ces enjeux et anticiper les transformations à venir » dans le domaine du paiement, et surtout sur la question de la gestion des données de paiement des particuliers. « Ce sont des données à caractère personnel : données d’achat, données financières, données contextuelles, concernent bien des aspects de l’existence des individus », précise Marie-Laure Denis, présidente de la Commission, dès l’introduction de ce Livre blanc, que L’Agefi a pu consulter. « Elles peuvent permettre de ‘tracer’ leurs activités personnelles, de cerner leurs comportements ; elles peuvent être utilisées pour commettre des fraudes », avertit-elle.
Risques de traçage des données de paiement
« Nous avons vu arriver de nouvelles solutions de paiement, et cela s’est accéléré avec la pandémie, ainsi que la popularisation des cryptomonnaies. Il y a de nouvelles pratiques qui arrivent sur le terrain, de nouveaux acteurs, et les risques évoluent aussi », précise à L’Agefi Aymeric Pontvianne, conseiller finances et innovation à la Cnil. En 2020, les paiements sans contact ont ainsi bondi de 37%, avec 5,1 milliards d’opérations, et les transactions par carte en ligne de 13,2%, selon le dernier rapport de l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement.
Dans son Livre blanc, la Cnil préconise notamment la préservation de l’anonymat des paiements et le libre choix des moyens de paiement. Elle souligne aussi l’importance d’une protection de la confidentialité des transactions dès la conception dans le projet en cours d’euro numérique, lancé par la Banque centrale européenne en juillet. « Ce projet d’euro numérique est très important, car il a le potentiel de tracer des paiements. Le Comité européen de la protection des données a adressé une lettre à la Banque centrale européenne en juillet sur le risque de non-protection des données, lui demandant d’être associé à ces travaux », précise Aymeric Pontvianne.
Quant aux fintechs, dernières venues dans l’écosystème, elles devront aussi jouer le jeu – elles ont intérêt à « faire de leur conformité au RGPD un atout de confiance pour les clients amenés à confier leurs données pour de nouveaux usages », estime l’institution.
Surtout, la Cnil veut trouver sa place en tant que régulateur auprès du secteur bancaire. Depuis l’entrée en vigueur du règlement général sur la protection des données (RGPD) en 2016, qui unifie la protection des données personnelles des individus, la Cnil a rejoint le banc des régulateurs du secteur bancaire. Encore doit-elle trouver sa place aux côtés des autres régulateurs, telle l’Autorité de contrôle prudentiel et de régulation (ACPR).
En la matière, la Cnil, prudente, entend se positionner comme guide, plutôt qu’en mettant en avant ses pouvoirs de sanction. Pas de commentaires, donc, sur le nombre de saisines dans le secteur bancaire, même si certaines fintechs ont déjà exprimé leurs réticences à se conformer au RGPD : « ce n’est pas le cas le plus fréquent. Ce Livre blanc, c’est un accompagnement à la conformité, pour contribuer au débat public, ouvrir des pistes de travail pour favoriser la mise en conformité de toute la chaîne des acteurs, assurer la sécurité juridique », souligne Aymeric Pontvianne.
Ce qui passera d’abord par une consultation publique, ouverte en ligne jusqu’au 15 décembre, qui accompagnera son Livre blanc, pour lancer des pistes de travail avec le secteur.
Par ailleurs, la Cnil espère faire adopter par les fédérations professionnelles un code de conduite professionnel - un outil qui existe dans le RGPD pour préciser ses conditions d’application dans un secteur. La Cnil dit avoir déjà des contacts avec l’Association du paiement et la Fédération bancaire française (FBF).
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Yémen : 35 morts et 131 blessés dans des raids israéliens sur les Houthis
Sanaa - L’armée de l’air israélienne a bombardé mercredi des sites des Houthis au Yémen, faisant 35 morts et 131 blessés, ont indiqué ces rebelles, qui contrôlent de larges pans du pays y compris la capitale Sanaa. «Le nombre de martyrs et de blessés parmi les citoyens victimes du crime sioniste perfide est passé à 35 martyrs et 131 blessés», a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anees Alasbahi, sur X, en précisant que ce décompte n'était pas définitif. Il avait dans un premier temps fait état de neuf morts et 118 blessés, et de recherches dans les décombres pour retrouver des disparus. Les raids ont ciblé la capitale Sanaa et la province de Jawf (nord), où Israël a indiqué avoir frappé des «cibles militaires» des Houthis. «Nous continuerons à frapper. Quiconque nous attaque, nous l’atteindrons», a déclaré après ces raids le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. La télévision Al-Massirah, organe des Houthis, a fait état de «martyrs, blessés et plusieurs maisons endommagées dans l’attaque israélienne contre le quartier général de l’Orientation morale», du nom donné aux services de communication des forces rebelles dans la capitale. Un grand panache de fumée grise s’est élevé au-dessus de Sanaa après les frappes, dont le bruit a résonné dans toute la ville, régulièrement attaquée par Israël, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Nos défenses aériennes affrontent actuellement des avions israéliens qui lancent une agression contre notre pays», a déclaré dans l’après-midi le porte-parole militaire houthi, Yahya Saree. Tirs vers Israël Selon deux journalistes de l’AFP à Sanaa, un bâtiment utilisé par les forces armées houthies a été touché. Al-Massirah a également fait état de frappes israéliennes contre des bâtiments gouvernementaux à Jawf. L’armée israélienne, qui avait annoncé la veille avoir intercepté un missile tiré du Yémen, a dit avoir frappé des «camps militaires où des membres du régime terroriste avaient été identifiés, le siège des relations publiques militaires des Houthis et un site de stockage de carburant». Sa nouvelle attaque survient trois jours après qu’un tir de drone, revendiqué par les Houthis depuis le Yémen, a blessé un homme en tombant sur l’aéroport de Ramon, dans le sud d’Israël. Le mois dernier, des bombardements israéliens ont tué le Premier ministre et 11 responsables houthis, dans la plus importante opération israélienne contre ces rebelles proches de l’Iran. Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont multiplié les tirs contre Israël et les attaques de navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens. En réponse, Israël a mené plusieurs séries de frappes meurtrières au Yémen, visant des ports, des centrales électriques et l’aéroport international de Sanaa. © Agence France-Presse