
La BCE pourrait envisager une nouvelle opération LTRO

La BCE peut-elle se permettre le luxe de ne rien faire? La zone euro, à l’instar des Etats-Unis et du Royaume-Uni, a connu une hausse sensible des taux longs qui pâtissent de la perspective d’une réduction des rachats d’actifs par la Fed et du timide frémissement constaté au sein de son économie. Le taux allemand à 10 ans a ainsi gagné plus de 50 points de base (pb) en trois mois pour franchir la barre symbolique des 2%. «Nulle part, sauf au Royaume Uni, la hausse des rendements longs n’est imputable à celle des primes d’inflation», constate en outre Natixis.
Certes, les rendements des obligations à 2 ans sont pour le moment mieux protégés, entrainant une pentification de la courbe notamment sur le segment 2 ans-10 ans qui a atteint 171 pb, soit une hausse de 30 bp depuis juin. Pourtant, l’écart entre le rendement des taux à 2 ans américain et allemand est resté stable à 18 pb sur les trois derniers mois malgré la différence d’orientation des politiques monétaires de la Fed et de la BCE. Dans le même temps, le taux à 10 ans américain s’écartait du taux allemand à hauteur de 35 pb.
Lors de la conférence de presse suivant la réunion mensuelle de la BCE qui s’est tenue jeudi, son président Mario Draghi a déclaré que l’autorité monétaire se tenait prête à agir si les taux courts n’étaient plus cohérents avec la «forward guidance». Le Crédit Agricole estime que «le fait que la BCE ait évoqué plus explicitement les conditions de liquidité sur le marché monétaire nous conforte dans l’idée qu’elle ne resterait pas passive face à une forte remontée des taux». Une baisse des taux directeurs semble peu probable. «Le marché considèrerait que cette baisse du taux repo serait la dernière, partant qu’il ne pourrait plus que monter, ce qui constituerait un très mauvais signal pour la partie longue de la courbe», explique Natixis.
Dans ce contexte, l’autorité européenne pourrait ainsi envisager une nouvelle opération de refinancement à très long terme (VLTRO) «qui ciblerait plus spécifiquement les prêts aux PME comme collatéral», ajoute le Crédit Agricole. Une opinion partagée par Barclays qui évoque un tel scénario «dans le cas où les excès de liquidités continuent à se réduire dans les prochains mois et poussent les Eonia et anticipés d’Eonia à la hausse». L’Eonia restait stable vendredi à 0,07%, mais les «forwards» à un an ont dépassé vendredi la barre de 0,50%.
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse