La Banque centrale européenne affine encore sa communication

Les économistes relèvent que la banque centrale se réfère désormais explicitement à l'évolution de l'écart de production dans la zone
Solenn Poullennec

La Banque centrale européenne (BCE) a encore modifié son discours pour prévenir les anticipations de remontée des taux. Même si elle a déçu plus d’un économiste en écartant l’idée d’une baisse des taux la semaine dernière, le fait qu’elle se réfère désormais à l’écart de production dans la zone euro pourrait démontrer qu’elle gardera une politique monétaire extrêmement accommodante encore longtemps.

Lors de la réunion, en mars, sur les taux, du conseil des gouverneurs de la BCE «la mollesse (slack) de l’économie a retenu l’attention», a expliqué le président de la BCE, Mario Draghi jeudi dernier. «Par mollesse, j’entends un faible taux d’utilisation des capacités de production, un écart de production qui est certes difficile à mesurer mais, quelle que soit la mesure que vous prenez, il est très important et on estime aujourd’hui qu’il se résorbe très lentement».

Ces propos n’ont pas été immédiatement relevés mais au cours des derniers jours plusieurs membres de la BCE ont insisté sur cette référence à l’écart de production «output gap». «La politique d’orientation des anticipations (forward guidance) a été précisée par cette référence au ‘slack’. Malheureusement, cela n’a pas été relevé», a ainsi déclaré le vice-président de la BCE, Vitor Constancio, lors d’une interview à la presse cette semaine.

«Si la conférence de presse a pu donner l’impression que la BCE est simplement contente de la façon dont se présentent les prévisions de croissance et d’inflation, la réalité est probablement différente», analyse l’économiste de BNP Paribas CIB, Luigi Speranza. Il en déduit que la BCE devrait «rester hautement sensible à tout ralentissement de l’inflation».

Aux yeux des économistes de Citi, cette référence aux capacités inutilisées «peut être interprétée de deux façons, soit la BCE maintient sa politique inchangée plus longtemps, soit l’écart de production considérable conduit à assouplir la politique monétaire». Selon Richard Barwell, économiste chez RBS, «cela semble signaler clairement aux marchés que de bonnes nouvelles sur la croissance ne devraient pas conduire à un resserrement de la politique monétaire».

A ses yeux, cependant, cette nouvelle référence ne devrait pas suffire à contenir les anticipations de remontée des taux car l’écart de production est très difficile à mesurer. «Ce message est basé sur une variable que le marché ne peut pas observer de façon indépendante».

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