
Retraite par capitalisation, l’indispensable réforme

Elle devait être le marqueur du quinquennat d’Emmanuel Macron, elle en symbolise les ambitions contrariées. La réforme des retraites s’est fracassée en mars 2020 sur le mur du Covid, après des semaines de protestation qui avaient paralysé les transports de la capitale. Le locataire de l’Elysée rêve de ressusciter, d’ici à l’élection présidentielle, deux mesures phares de son projet : la pension minimale à 1.000 euros, qu’on imagine populaire, et la suppression des régimes spéciaux, qui promet de l’être un peu moins auprès des syndicats des entreprises concernées.
Le dossier reste d’une actualité brûlante, mais mérite mieux qu’un coup politique à quelques mois d’un scrutin. La réforme des retraites doit trouver sa place au cœur des débats de la prochaine campagne. Elle est appelée de ses vœux par une courte majorité de Français, bien conscients que la démographie ne garantit plus l’avenir d’un système auquel le pays consacre près de 15 % de son produit intérieur brut, trois fois plus qu’il y a soixante ans. L’équité intergénérationnelle, si durement éprouvée par cette pandémie dont les jeunes générations paieront l’addition économique, en dépend aussi.
Encore faut-il que la prochaine réforme, si elle se veut réellement structurelle, lève un vieux tabou, celui de la retraite par capitalisation. Le projet de système universel par points, sommet du génie technocratique français, faisait l’impasse sur un dispositif en usage chez la plupart de nos voisins. Sans illusions sur l’équilibre du régime par répartition, nos concitoyens capitalisent pourtant depuis longtemps afin de se constituer un complément pour leurs vieux jours. Les succès de l’immobilier de placement, de l’assurance-vie, et depuis peu du Plan d’épargne retraite, en témoignent. Mais il s’agit, comme pour le PER, de solutions individuelles et facultatives, que leurs avantages fiscaux réservent aux ménages aisés.
Une couche de capitalisation collective, en complément et non en substitution d’un système par répartition, allierait l’équité et la logique économique, pour peu que sa mise en œuvre n’alourdisse pas les prélèvements pesant sur les employeurs et les salariés. Elle donnerait aussi aux entreprises l’accès à un bassin bien plus profond de financement en fonds propres. Les Français, paraît-il, ne supportent pas les fonds de pension. Les rares privilégiés qui y ont goûté semblent pourtant s’en satisfaire. L’Etablissement de retraite additionnelle de la fonction publique a fait ses preuves. Pourquoi ce qui est bon pour quelques millions de fonctionnaires cesserait-il de l’être pour l’ensemble des cotisants du public et du privé ?
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