
Aéma se lance dans le délicat chantier du rapprochement de ses gestions

Après un démarrage réussi en 2021, Aéma entend encore aller plus loin dans ses mutations. Le groupe né l’an dernier du rapprochement entre la Macif et Aésio mise sur la gestion d’actifs et entend travailler ses synergies dans le domaine en créant un pôle commun pour ses deux sociétés de gestion. En finalisant l’acquisition d’Aviva France en septembre 2021 pour 3,2 milliards d’euros, depuis rebaptisé Abeille Assurances, Aéma a mis la main sur Aviva Investors France, devenu Abeille Asset Management, et ses 122 milliards d’euros d’encours à fin 2021 et ses plus de 150 salariés. Or, le nouveau groupe disposait déjà d’une grande société de gestion avec Ofi AM, 70 milliards d’euros d’encours à fin 2021, détenu à 60,93% par la Macif, 25,8% par Matmut et 13,3% Ofivalmo Partenaires. Ce qui soulevait alors des questions sur l’avenir d’Aviva Investors France au sein d’Aéma et de potentiels doublons.
«En matière de synergie, nous travaillons sur un rapprochement de nos sociétés de gestion d’actifs», a annoncé Adrien Couret, Directeur général d’Aéma, lors de la présentation des résultats 2021 du groupe. «L’idéal serait, d’ici la fin de l’année, la création d’un groupe unique de gestion d’actifs pour répondre au double enjeux de compétitivité coût et bénéficier d’une complémentarité de modèles entre Ofi AMqui est un groupe ouvert avec beaucoup de gestion internalisée et Aviva Investors France qui est plus tourné vers le monde des banques», poursuit le dirigeant qui précise toutefois être «attaché à l’expression des marques» laissant entendre qu’une seule marque ne serait pas créée. Avec 192 milliards d’euros d’encours sous gestion à fin 2021, Aéma s’affirme comme le cinquième gestionnaire d’actifs français.
Recherche de rentabilité
Si, sur le papier, ce rapprochement paraît logique, il pourrait, dans les faits, se révéler bien plus compliqué. Même si la complémentarité des deux sociétés de gestion est avancée, elles présentent des profils qui pourraient apparaître comparables. Les 70 milliards d ‘euros gérés par Ofi portent à 40,4 milliards d’euros sur les mandats, à 21,1 milliards d’euros sur la gestion collective et 8,9 milliards d’euros sur le non coté. Pour sa part, Abeille Asset Management gère notamment des mandats pour des banques et des assureurs et le contrat de la puissante association Afer qui pèse pour 56 milliards dans les encours du gestionnaire. Ces similitudes, avec un poids important des mandats, plutôt que de constituer un atout, pourraient se révéler être une faiblesse pour le nouvel ensemble. La réunion des deux sociétés de gestion positionne en effet le groupe sur un secteur dont la rentabilité baisse de manière structurelle.
Les ambitions d’Aéma ont beau être légitimes, et la taille de l’ensemble importante, le groupe est encore loin des sociétés de gestion comparables. Ostrum, par exemple, la structure de Natixis qui se concentre sur la gestion assurancielle, dispose de plus de 440 milliards d‘euros sous gestion et ne cache pas ses ambitions de se développer pour accroître sa rentabilité. Aéma, pour s’assurer des revenus stables ou plus élevés, devra donc rapidement trouver des cibles pour augmenter sa taille ou chercher à développer les expertises à forte valeur ajoutée. Deux voies semées d’embuches.
Résultats en ligne
Outre cette annonce, Aéma s’est félicité des premiers résultats annuels du nouveau groupe, «conforme aux attendus», qui font de lui le cinquième acteur de l’assurance en France. Il présente un chiffre d’affaires de 11 milliards d’euros - 16 milliards d’euros estimés avec l’intégration annuelle d’Aviva France qui ne s’est faite que pour le dernier trimestre- réparti à 36% en dommages, 36% en épargne retraite et 28% en santé prévoyance. Son résultat net ressort à 104 millions d’euros, tiré vers le bas par un ratio combiné dommages de 101,9% et un ratio combiné santé prévoyance de 104,4%, plombés respectivement par la hausse de la sinistralité et le 100% santé. Le taux de couverture SCR, sa marge de solvabilité, est de 155%.
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