Les acteurs du financement participatif divisés sur la gestion du risque
La dernière édition des Ateliers de la finance responsable a été l'occasion de revenir sur les pratiques des plateformes de crowdfunding.

Entre
érosion du monopole bancaire et financement de projet socialement responsable,
le crowdfunding intrigue. La dernière
édition des Ateliers de la finance responsable qui s’est tenue mardi 3 juin a
été l’occasion pour certaines structures dédiées au financement participatif de
détailler leurs pratiques en matière de gestion du risque, de forme juridique appropriée
et de rémunération.
La
question des responsabilités juridiques divise les intervenants dans la mesure
où certains considèrent que c’est au prêteur de supporter le risque de
l’opération quand d’autres, à l’image
de la coopérative SPEAR font reposer
le risque sur les banques partenaires. « La plateforme se cantonne au rôle d’apporteur d’affaires et de dépôts
tandis que la banque s’assure de la viabilité économique du projet et porte
donc le risque » explique François Desroziers, co-fondateur de SPEAR. Frédéric
Chaignon, directeur des ventes de Prêt d’Union, présent sur le crédit à la
consommation, précise avoir « mis en
place un système de mutualisation qui permet de gérer les risques en diversifiant
un investissement sur plusieurs milliers de crédits. Ainsi les impayés de
quelques emprunteurs ne vont que faiblement impacter la rémunération des
investisseurs pour un rendement compris
entre 4 et 5 % net des défauts par an. Comme nos emprunteurs sont des ménages
français très solvables, des salariés en CDI, des fonctionnaires ou des retraités),
la probabilité de défaut est relativement faible. »
Au
niveau des rémunérations, Spear perçoit des frais de souscription de 3 %, mais
aussi une commission sur le montant emprunté (2%) payé par l’emprunteur, une
commission d’apporteur d’affaires et une
rémunération des dépôts reversée par les banques partenaires. Cette dernière « nous permet de
rémunérer nos épargnants par l’intermédiaire d’intérêts de parts sociales »
précise François Desroziers. « La plateforme prévoit d’atteindre son point
mort cette année avec une collecte de 2 millions d’euros, ce qui correspond à
un doublement des flux entre l’année 2013 et 2014. »
Avec
un modèle économique différent, associant prélèvement de frais de dossier pour
chaque crédit et assurances facultatives aux emprunteurs, Prêt d’Union prévoit
d’être rentable en 2015 avec une production de crédit de l’ordre de 120
millions d’euros.
Ni
Prêt d’Union, ayant déjà obtenu ses agréments auprès de l’ACPR/AMF ni SPEAR, qui a choisi le statut de société anonyme coopérative
à capital variable ne seront directement impactés par l’entrée en vigueur de
l’ordonnance sur le financement participatif prévue pour le 1er octobre 2014.
Ce texte crée un contexte plus favorable au développement des plateformes de crowdfunding grâce à la définition d’un statut spécifique et à
l’octroi d’importantes souplesses à savoir la possibilité d’être dispensé
d’établir un prospectus pour proposer des offres de titres financiers ou celle
pour les particuliers de pouvoir accorder des crédits directement aux
entreprises. L’assouplissement de la réglementation ainsi que l’accroissement
de la sécurité juridique vont certainement renforcer l’attrait pour ce nouveau
champ d’activité. SPEAR s’attend ainsi à une évolution de son environnement
concurrentiel.