L’Espagne, l’un des pays les plus affectés en Europe par la pandémie de coronavirus, a lancé ce matin le placement de 10 milliards d’euros d’obligations avec une échéance à 7 ans dans le cadre d’une émission syndiquée. Le gouvernement espagnol a annoncé la semaine passée un vaste plan de soutien budgétaire de 200 milliards d’euros (20% du PIB).
Le Liban va cesser tous les paiements (coupons, principal) relatifs à ses dettes en devises étrangères (Eurobonds), principalement en dollars, a indiqué ce matin le ministère des Finances. Le pays, qui fait face à de fortes tensions sur ses réserves de changes, avait suspendu, début mars, le remboursement de 1,2 milliard de dollars d’obligations externes. Le gouvernement cherche à mettre en œuvre un plan de sauvetage pour sortir le Liban de cette crise financière. Le ministère des finances fera une présentation aux investisseurs le 27 mars.
Après les actions et le crédit «high yield», les investisseurs ont quitté massivement les fonds obligataires la semaine passée, notamment l’ «investment grade».
Après les violentes turbulences de ces derniers jours, deux émetteurs sont présents ce matin sur le marché primaire corporate en euro : Engie et Unilever. Le groupe d’énergie a recueilli 3 milliards d’euros de demande sur les trois tranches proposées : une benchmark à 5 ans avec un spread indicatif au-dessus des midswaps de 180 points de base (pb) et deux green bonds à 8 ans (spread de 200 pb) et à 12 ans (spread de 235 pb).
La semaine écoulée a connu un montant record de retraits sur les marchés obligataires. Au total 108,9 milliards de dollars ont été retirés des fonds obligataires au niveau mondial, selon les données publiées par BoA Global Research sur la base des chiffres EPFR pour la semaine arrêtée au 18 mars. Sur la seule journée du lundi 16 mars, les rachats se sont élevés à 30,2 milliards. Du jamais vu.
Que de couacs de communication à la BCE ! «La politique monétaire est loin, très loin d’avoir atteint ses limites. La boîte à outils de la politique monétaire est encore bien dotée», a dû préciser mercredi matin Robert Holzmann, gouverneur de la banque centrale d’Autriche et membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE). Dans un entretien publié plus tôt par le journal autrichien Der Standard, le banquier central a déclaré que la BCE était à court de munitions pour soutenir l'économie. Ce qui faisait monter le risque d’un krach obligataire sur les dettes souveraines de la zone euro après les premières déclarations maladroites de Christine Lagarde jeudi dernier.
Le mouvement de correction sur les marchés de taux s’amplifie ce matin alors que les Etats annoncent progressivement des plans de soutien budgétaire au niveau mondial pour faire face à la crise du coronavirus et à l’impact sur l’économie des mesures de confinement dont il est difficile d’estimer l’ampleur. Le coût de l’épidémie pour les finances publiques est également difficile à évaluer tant que l’épidémie continuera de progresser et donc l’impact sur les dettes publiques. Ce matin, en Europe, les couacs de communication au sein de la BCE ajoutent aux craintes des investisseurs dans un marché fébrile sur la liquidité.
Les marchés de taux poursuivent leur écartement ce matin en Europe, les investisseurs s’interrogeant sur l’impact des annonces budgétaires pour faire face au coronavirus sur les dettes européennes. L’Allemagne a indiqué être prête à augmenter sa dette.
L’indice dérivé Markit iTraxx Crossover, qui mesure l’exposition des investisseurs au travers des CDS sur les entreprises émettrices notées entre le bas de l’investment grade (BBB) et le high yield (BB), a poursuivi son mouvement de chute jeudi, à 184 points alors qu’il était encore à 206 le 18 février (-11%). Converti en évolution sur les spreads de crédit, cela revient à un bond de 210 à 478 points de base (pb) sur la même période, ce qui montre bien les craintes des investisseurs, peu convaincus de la capacité des banques centrales à contenir le taux de défaut des entreprises face au blocage de l'économie provoqué par le coronavirus.
Les anticipations d’inflation atteignent de nouveau plus bas historiques en zone euro après l’annonce par Donald Trump d’une interdiction pour les Européens (hors Royaume-Uni) de se rendre aux Etats-Unis. Les annonces du président américain accentuent la chute des marchés financiers ce jeudi et les craintes sur l’impact économique de la pandémie de coronavirus.
La liste de conditions pour le versement des 132,5 millions de dollars liés aux obligations pandémies, une forme de « catbond » émise par la Banque Mondiale, semble s’allonger à chaque fois qu’un nouveau critère est rempli. Malgré la progression du coronavirus, ce ne sera donc pas avant le 6 avril, au plus tôt, que l’ensemble en sera vérifié. Le versement des fonds ne concernera d’ailleurs pour le moment que la tranche la plus risquée de ces produits, soit 95 millions de dollars. Bref, pas de quoi convaincre les critiques de la pertinence de la financiarisation du risque d’épidémie, d’autant que, le 3 mars, cette même Banque Mondiale débloquait 12 milliards de dollars à destination des pays émergents pour lutter contre le virus.