Charles Hamieh (ClearBridge Investments): «L’infrastructure est une oasis de stabilité au cœur des tempêtes de marché»

Charles Hamieh, gérant chez ClearBridge Investments délivre à L’Agefi sa vision de l’évolution des actifs infrastructure.
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Charles Hamieh, associé dirigeant de ClearBridge Investments (Ex-Rare Infrastructure)  - 

Vous suivez la classe d’actifs Infrastructure depuis 25 ans. Comment l’intérêt des investisseurs a-t-il évolué ?

C. Hamieh : Il y a 25 ans, nous devions entreprendre un travail pédagogique conséquent pour persuader nos investisseurs de l’importance de la classe d’actifs d’infrastructure, qui nécessite une forte consommation de capital et présente une faible liquidité. À l'époque, nous leur disions : «Faites-nous confiance.» Aujourd’hui, le paradigme a changé: le rôle du secteur est désormais évident et incontournable et son attractivité n’est plus contestable.

Si les investissements en infrastructures étaient principalement réservés aux institutionnels avant, en raison du ticket minimal requis pour ces opérations, la donne est en train de changer et désormais, de plus en plus d’investisseurs s’intéressent à ce secteur.

Si le spectre d’investisseurs s’élargit, c’est en partie car cette classe d’infrastructure résiste aux tensions sur les marchés. Pour quelle raison ?

La crise sanitaire a, une fois de plus, démontré que les infrastructures font preuve d’une grande résilience lors de périodes de tension sur les marchés. Par exemple, en 2022, alors que le monde sortait du Covid et que les taux d’intérêt et l’inflation augmentaient, l’indice MSCI AC World a chuté de 13 % en euros, tandis que la stratégie ClearBridge Global Infrastructure Value a progressé de 3,1 % et la stratégie Income de 1,3 %, démontrant ainsi que le secteur des infrastructures peut apporter une plus grande stabilité sur des marchés volatils.

Plusieurs raisons expliquent cette performance. Tout d’abord, les infrastructures englobent principalement des services essentiels tels que le transport, l'électricité et l’eau, qui sont relativement décorrélés des cycles économiques. Ces activités sont souvent régulées voire monopolistiques et bénéficient de contrats à moyen et long terme, générant ainsi des revenus stables, peu importe le contexte économique. En conséquence, cette classe d’actif offre des flux de trésorerie prévisibles et réguliers, ce qui rassure les investisseurs en période de crise.

Par ailleurs, dans le contexte inflationniste actuel, la classe d’actifs des infrastructures présente un intérêt particulier car une grande partie des revenus est souvent indexée sur l’inflation. Enfin, il ne faut pas oublier le soutien considérable de la part des pouvoirs publics.

Un des défis majeurs des acteurs du marché aujourd’hui est la transition bas carbone. Quel rôle jouent les infrastructures dans la transition bas-carbone ?

Le lien entre les infrastructures et les enjeux climatiques s’avère inextricable. Une grande partie de l’empreinte carbone générée à l’échelle d’un pays est liée à ses infrastructures. Indispensables pour servir nos besoins quotidiens, elles génèrent également des émissions de gaz à effet de serre tout au long de leur durée d’exploitation. Aujourd’hui, le défi est de transformer les infrastructures et leurs usages en vue de la transition bas-carbone. L’attachement que les États entretiennent pour le charbon et le gaz sont parfois difficiles à rompre, mais nombre d’entre eux ont signé des engagements «net zéro» qui les incitent à prendre des mesures aujourd’hui et pour l’avenir afin de parvenir à un environnement plus faible en carbone. Les entreprises de services publics et d’infrastructures de transport joueront un rôle majeur dans cette transition.

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