
Worldline ne revendra pas ses terminaux de paiement à des concurrents

Six mois après avoir mené à bien son OPA à 7,8 milliards d’euros sur Ingenico, Worldline retourne sur le marché du M&A. Mais cette fois-ci en endossant sa casquette de vendeur. Avec l’appui d’UBS et de BNP Paribas, le spécialiste français des paiements électroniques dispose aujourd’hui d’une feuille de route claire pour le plan de cession de ses activités de terminaux de paiement. Selon les informations recueillies par L’Agefi, le mémorandum d’information portant sur ce périmètre de près de 320 millions d’euros d’Ebitda devrait être envoyé dans les prochains jours. Cela dans le but d’obtenir des premières offres d’ici fin mai. Mais le dossier ne serait pour autant pas ouvert à tous. En effet, Worldline ne souhaiterait pas voir de concurrents se positionner. La piste d’un adossement serait donc à ce jour exclue, le groupe tricolore préférant entamer des discussions avec des fonds d’investissement. Contacté, Worldline n’a pas répondu à nos sollicitations.
Un marché à 79 milliards de dollars
Un périmètre de cette envergure pourrait faire émerger un LBO à plus de 3 milliards d’euros. Une manne qui permettrait à Worldline d’alimenter ses ambitions en matière de croissance externe, notamment dans le segment des paiements électroniques. Dans le cadre d’une interview accordée à L’Agefi l’an dernier, Gilles Grapinet, PDG de Worldline, avait exprimé son souhait de poursuivre la consolidation en Europe et au-delà. Le groupe tricolore figure aujourd’hui à la quatrième place mondiale d’un marché en pleine expansion. Selon l’institut américain MarketsandMarkets, la taille des paiements électroniques devrait passer de 79,3 milliards à 154 milliards de dollars (128,5 milliards d’euros), entre 2020 et 2025.
La revente des activités de terminaux électroniques de Worldline avait été envisagée par le groupe, lors de son rapprochement avec Ingenico. Qui plus est, la Commission européenne avait décidé de conditionner le mariage entre les deux champions français des paiements à cette issue. «La présente concentration aurait réduit la concurrence dans le secteur des services de facilitation des paiements par cartes en magasin en Autriche, en Belgique et au Luxembourg», avait notamment fait savoir sa vice-présidente Margrethe Vestager, le 30 septembre dernier. En Autriche comme en Belgique, Worldline trône déjà à la première place du secteur de la fourniture et de la gestion de terminaux de point de vente.
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Italie : face à la baisse des ventes, les vignerons d'Asti baissent leur production
Castel Boglione - De bonnes vendanges se terminent et les feuilles commencent à jaunir autour d’Asti, dans le nord de l’Italie, mais cette année des raisins resteront dans les rangs: les vignerons ont décidé de produire moins face à la baisse des ventes en Russie et en Amérique. Après deux années compliquées, l’Italie devrait se classer cette année premier producteur mondial de vin, devant la France, selon les estimations publiées début septembre par les vignerons. Mais «c’est une médaille en chocolat», regrette le secrétaire général de l’Union italienne des vins, Paolo Castelletti. «La consommation de vin baisse, surtout sur notre principal marché à l’export, aux Etats-Unis. Les baby boomers, en vieillissant, réduisent leur consommation». Sans compter les droits de douane américains, qui rendent les exportations moins profitables et pourrait porter les vins italiens au-dessus de la «barre psychologique» de 20 dollars la bouteille, selon M. Castelletti. Les vins d’Asti sont aussi particulièrement appréciés en Russie, mais la demande a baissé depuis le début de la guerre contre l’Ukraine. Quelque 17 millions de bouteilles s’y étaient encore écoulées en 2023, puis 12 en 2024, et l’objectif pour 2025 est de surnager à 10 millions. Au total, la demande à l’export pour les vins italiens a ralenti de 4% sur les cinq premiers mois de 2025. Il s’agit alors de miser toujours plus sur la qualité plutôt que sur la quantité, selon M. Castelletti. Mais alors que certains vignobles en France ont décidé d’arracher des vignes, et que la Commission européenne pousse dans ce sens, l’Union italienne des vins milite plutôt pour une production qui s’adapte aux fluctuations du marché, «en accordéon». Vins légers Autour d’Asti (Piémont, nord), les vignerons ont ainsi décidé de produire moins de vin pétillant cette année, passant de 10 à 9 tonnes de muscat blanc par hectare de vigne. Dans son domaine entouré de vignes à perte de vue, la Ca’ dei Mandorli (la maison des amandiers), Stefano Ricagno analyse ses premiers jus avec un oenologue français. Au-dessus de la cave, sous un soleil de plomb, des vendangeurs indiens donnent les derniers coups de sécateur dans les vignes. Les vendanges ne se sont jamais terminées aussi tôt, remarque le viticulteur en baskets blanches: «on pensait produire beaucoup, mais il a fait très chaud. La récolte du muscat est presque en ligne avec nos objectifs (abaissés)». Héritier de six générations de vignerons, Stefano Ricagno, 46 ans, préside l’appellation d’origine contrôlée «Asti», qui couvre près de 10.000 hectares de collines inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco. Asti s’est fait un nom avec des mousseux dorés à faible teneur en alcool, généralement autour de 7% pour l’"Asti» et de 5% pour le «Moscato», dont la quasi-totalité de la production est vendue aux Etats-Unis. Les ventes de l’AOC «Asti», de 100 millions de bouteilles en 2023 et 90 en 2024, devraient tomber à 85 millions en 2025, et les vignerons voient augmenter leurs stocks. «On verra en 2026 si les guerres se terminent, et que les marchés se reprennent», lance Stefano Ricagno. D’autres appellations italiennes comme la Valpolicella en Vénétie ont aussi réduit les volumes cette année face à ce marché incertain. - Artisanaux - D’autres vignerons ne veulent pas entendre parler de ces quotas et appellations. A quelques kilomètres d’Asti, à Nizza Monferrato, Francesco Pozzobon, 35 ans, a repris des vignes abandonnées et les laisse vivre sans produits phytosanitaires, semant entre les rangs des trèfles et des fèves. «On a trop produit et mal produit», regrette le jeune viticulteur. «Avec la baisse de la demande, il y aura un écrémage naturel». Et si le rendement de sa Tenuta Foresto est bien plus irrégulier et faible que celui de ses voisins, à 3 tonnes de l’hectare, il vend cher et jusqu’en Chine ses vins «artisanaux». Pour rebondir, l’appellation Asti veut que ses bulles conquièrent l’apéritif, alors qu’elles sont cantonnées au dessert en Italie, en surfant sur le nouveau goût des clients pour des vins moins forts en alcool, souligne Stefano Ricagno. Taimaz SZIRNIKS © Agence France-Presse