
PAI Partners a de l’appétit dans la distribution alimentaire

Révélé dans les colonnes de L’Agefi en septembre, le processus de vente du pôle épicerie des enseignes Grand Frais (Euro Ethnic Foods) que pilotait Goldman Sachs a atteint son épilogue. PAI Partners a racheté 60% du capital de cet actif, devenant ainsi le premier actionnaire devant les fondateurs, Léo et Patrick Bahadourian (40%). Une fratrie qui peut avoir le sentiment du devoir accompli. La transaction a été menée sur la base d’une valorisation de plus d’un milliard d’euros, selon nos informations. Mais les deux frères n’entendent pas pour autant quitter leur pépite et devraient rester étroitement associés à la stratégie comme au développement d’EEF. Héritiers de la célèbre famille de commerçants lyonnais, l’un et l’autre sont notamment connus pour avoir racheté à la barre du tribunal de commerce de Lyon le spécialiste de la livraison à domicile de surgelés Toupargel. Il y a deux mois, le journal d’enquête Mediacités avait enquêté sur certaines de leurs sociétés listées dans les Panama Papers.
Figurant parmi les plus grandes fortunes françaises, Léo et Patrick Bahadourian ont fait d’EEF un véritable succès. Le chiffre d’affaires de ce pôle opérant principalement les rayons épicerie des Grand Frais en France, en Belgique et au Luxembourg a été multiplié par cinq au cours des dix dernières années, à près de 450 millions d’euros en 2020. Le tout pour un Ebitda qui avoisinerait 80 millions d’euros, selon nos sources. Une marge exceptionnellement élevée dans l’univers de la distribution. «Les frères gèrent aussi bien l’amont, c’est-à-dire la négociation des prix des produits, que l’aval, avec la distribution. Or ils parviennent à s’approvisionner au meilleur prix», constate un proche du groupe.
Un intérêt pour Prosol
PAI Partners prévoit d’accompagner EEF lors des nouvelles ouvertures de magasins Grand Frais et dans la poursuite de son activité B2B. Une intégration verticale, devant permettre d’étendre les compétences de l’entreprise sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de la production à la vente en rayon, en passant par la transformation des produits, est aussi au programme. Enfin, le fonds, qui conserve dans ses fonctions la présidente exécutive Christelle Le Hir et le directeur général délégué Arnaud Pascal, ne cache pas son intérêt pour aider EEF à grandir par croissance externe.
Dans cette optique, PAI Partners pourrait se positionner dans le processus de cession à venir de Prosol, le pôle fruits et légumes, poissonnerie et crèmerie de Grand Frais, a appris L’Agefi. Un morceau de choix puisque cette entité, fondée par Denis Dumont et rachetée pour près de 1,4 milliard d’euros par Ardian il y a trois ans, n’est autre que le principal actif de l’enseigne. A 160 millions d’euros, son Ebitda est près de deux fois plus important que celui d’EEF. De quoi envisager une valorisation comprise entre 2,5 et 3 milliards d’euros, à en croire certains professionnels du M&A. Le démarrage formel de ce vaste processus de cession devrait démarrer dans les premières semaines de 2021, sous l’égide de Morgan Stanley et de Jean-Baptiste Marchand, fondateur de la boutique Amala Partners.
Troisième et dernier pilier de Grand Frais, le pôle boucherie est quant à lui exploité par la famille Despinasse. Mais ici, aucun processus de vente n’aurait été pour l’heure enclenché. Prosol, EEF et le pôle boucherie sont reliés par un groupement d’intérêt économique afin de mutualiser leurs moyens et de prendre des décisions pour les développements à venir de l’enseigne – laquelle comptait 227 magasins en France en début d’année.
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