
Oaktree cherche 10 milliards de dollars pour financer les grands LBO

Oaktree Capital Management, le fonds américain spécialiste de la dette, notamment décotée, a annoncé le lancement d’une offre en dette privée large cap, baptisée Oaktree Lending Partners (OLP). Ce fonds vise à collecter 10 milliards de dollars auprès d’investisseurs institutionnels en vue d’octroyer des prêts de 500 millions ou plus à des grandes entreprises américaines sous LBO (leveraged buyout) générant en moyenne plus de 100 millions de dollars d’Ebitda (résultat d’exploitation).
La société de gestion, connue en France pour avoir repris la dette de Vivarte mais échoué à redresser le groupe, et son principal actionnaire Brookfield investiront 2 milliards de dollars dans le fonds qui, via le recours au levier, pourrait financer jusqu’à 20 milliards de prêts au cours des deux prochaines années.
«Le besoin de ce type de financements est significatif, mais nous anticipons une concurrence restreinte compte tenu du retrait des banques de ce segment et du manque de prêteurs non bancaires disposant de l’envergure nécessaire, la flexibilité et l’expertise crédit. Nous sentons que cela crée des opportunités pour financer à des taux attractifs des opérations avec des covenants solides et des ratios de levier bas», indique Howard Marks, cofondateur d’Oaktree dans un communiqué. Le rendement des prêts des grands LBO a fortement augmenté en 2022, pour atteindre 12,4% en moyenne à la fin de l’année, selon la société de gestion.
A lire aussi: Les refinancements de LBO tournent au casse-tête
Doublement des encours
Cette initiative d’Oaktree intervient alors que les grandes banques américaines rechignent désormais à financer ce type d’opérations. D’une part car la hausse massive des taux d’intérêt et l’inflation ont durement touché le marché du crédit. D’autre part, «elles doivent gérer leur portefeuille de prêts LBO octroyés de manière agressive entre 2019 et 2021, une période durant laquelle la concurrence accrue a conduit les prêteurs à accorder des crédits très favorables aux emprunteurs, au détriment des prêteurs», rappelle Oaktree dans une lettre à ses clients consultée par le Financial Times.
En parallèle du financement de grands LBO, OLP pourra se déployer en s’appuyant sur sa prise de participation dans le britannique 17Capital l’an passé, le spécialiste des financements de portefeuilles de private equity (NAV financing) cofondé par les Français Pierre-Antoine de Selancy et Augustin Duhamel en 2008. Le fonds pourra ainsi apporter des financements répondant aux problématiques des sociétés de gestion elles-mêmes.
OLP vient s’ajouter aux méga-fonds de direct lending levés ces dernières années, portés par la forte croissance de la part de marché dans l’univers du LBO de ces financeurs, certes plus chers que les banques ou les marchés obligataires, mais plébiscités pour leur agilité et leur flexibilité. Ares Management détient toujours le record du plus gros fonds avec 13,3 milliards de dollars levés en 2021. Le fonds britannique est de nouveau sur la route à la recherche d’au moins 11,6 milliards. Il est suivi dans ce classement par HPS Investment Partners et ses 11,7 milliards bouclés la même année, selon les données de Preqin.
Le fournisseur de données anticipe une croissance annuelle de près de 15% du segment de la dette privée dans le monde, dont les actifs sous gestion devraient donc quasi doubler au cours des cinq prochaines années pour atteindre 1.216 milliards de dollars en 2027, contre 613 milliards estimés à fin 2022.
Plus d'articles du même thème
-
Private Corner renouvelle son offre de dette privée
Après avoir levé 40 millions d'euros sur son dernier véhicule de dette privée, la plateforme digitale structure un nouveau fonds de fonds de dette privée avec CVC Credit sur une stratégie de CLO Equity et General Atlantic pour la dette privée opportuniste. -
Aberdeen noue un partenariat avec un fournisseur d’infrastructures pour le non-coté
Aberdeen a annoncé le 1er septembre un partenariat stratégique avec Titanbay, un fournisseur européen d’infrastructures pour le non-coté, afin d’aider les distributeurs et les gestionnaires de fortune britanniques à surmonter les complexités opérationnelles et technologiques qui surviennent lorsqu’ils accèdent aux marchés privés. -
Nemera accueille LGT Capital Partners à son capital pour poursuivre son expansion mondiale
Le spécialiste lyonnais des dispositifs d'administration de médicaments a vu son chiffre d'affaires progresser au-delà du demi-milliard d'euros ces dernières années, tiré par les nouveaux traitements de l'obésité.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- La convergence entre actifs cotés et non cotés est « un enjeu fort pour les sociétés de gestion »
- Andera officialise la cession de Patrimmofi à Vyv
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
- Le géant de l’IA Anthropic se valorise 183 milliards de dollars
- Les transactions dans la gestion de patrimoine dynamisent le non-coté
Contenu de nos partenaires
-
Médicaments non utilisés : jusqu'à 1,7 milliard d'euros gaspillés chaque année selon la Cour des comptes
Paris - Les médicaments prescrits en ville mais non consommés représentent chaque année en France entre 561 millions et 1,7 milliard d’euros, selon une évaluation de la Cour des comptes publiée jeudi qui appelle à identifier les produits les plus jetés et les raisons de ce gaspillage. A ce jour, «les modalités de collecte et de traitement des médicaments non utilisés ne permettent pas de connaître de manière précise les montants et la nature des dépenses de médicaments qui auraient pu être évités», souligne la Cour des comptes. Son évaluation des coûts a été réalisée à partir des quantités de médicaments non utilisés collectées par l’organisme Cyclamed chargé de leur récupération. La facture atteint jusqu’à 1,7 milliard d’euros si le calcul prend en compte tous les médicaments mais elle tombe autour de 561 à 788 millions d’euros si les plus coûteux en sont exclus, détaille la Cour des comptes. Le volume de médicaments jetés et collectés par Cyclamed représentait 8.503 tonnes en 2023. Le potentiel de réduction de ces déchets peut être évalué entre 224 millions à 867 millions d’euros, selon l’enquête conduite par la Cour des comptes. Il est «indispensable que les pouvoirs publics améliorent leur connaissance de l’usage des produits de santé, prescrits, dispensés et remboursés, et comprennent pourquoi certains d’entre eux ne sont pas utilisés», écrit l’instance de surveillance des finances publiques. Elle préconise de s’appuyer sur l’expertise de Cyclamed pour quantifier les médicaments non utilisés, évaluer la proportion des médicaments périmés, identifier les produits les plus gaspillés et en déterminer les raisons afin de «susciter des mesures de prévention». La redistribution des médicaments non utilisés pourrait être, selon elle, «une mesure prometteuse», en particulier pour les médicaments coûteux ou très prescrits. De même, certains dispositifs médicaux (béquilles, fauteuils roulants, déambulateurs etc..) pourraient être réutilisés, remis en état ou recyclés pour récupérer au moins leurs composants, préconise le rapport. Parmi ses autres recommandations pour un meilleur usage des produits de santé (médicaments et dispositifs médicaux), la Cour des comptes propose d’inciter les industriels à adapter les conditionnements et les délais de péremption. Les produits de santé ont représenté un coût de 36,05 milliards d’euros pour l’assurance maladie en 2023, dont 25,26 milliards au titre des médicaments et 10,79 milliards au titre des dispositifs médicaux. Le gouvernement vise une réduction des dépenses de santé de l’ordre de cinq milliards d’euros l’an prochain. © Agence France-Presse -
Tout pour l'union
Marine Tondelier, Jean-Luc Mélenchon et la parabole des aimants
Après la chevauchée fantastique du Nouveau Front populaire en juillet 2024, la patronne des Verts se rêve en magnétiseuse de la gauche pour transformer la répulsion PS-LFI en attraction gouvernementale -
Assurances
Ukraine : une Europe « volontaire »... jusqu'où ?
Lors de la réunion de la Coalition des volontaires, jeudi à l'Elysée, vingt-six pays se sont engagés à fournir des troupes en échange de garanties de sécurité, mais uniquement si la paix est signée