Les créanciers actionnaires de Terreal soldent une aventure mouvementée

L’autrichien Wienerberger rachète le gros des actifs du fabricant français de tuiles, passé sous le contrôle de Park Square Capital, Goldman Sachs AM et Barings en 2013.
Alexandre Garabedian

Terreal tourne enfin la page des fonds d’investissement, vingt ans après être sorti du giron de Saint-Gobain. Passé en 2013 sous le contrôle de ses créanciers – Park Square Capital, Goldman Sachs Asset Management et Barings en tête –, le fabricant français de tuiles en terre cuite va voir le gros de ses activités reprises par son concurrent Wienerberger.

Le groupe autrichien a annoncé le 20 décembre le rachat des activités de Terreal en France, en Italie, en Espagne et aux Etats-Unis. La transaction inclut aussi les actifs de Creaton outre-Rhin, une société allemande que Terreal avait acquise en 2020 pour 123 millions d’euros. Le groupe français et ses fonds actionnaires conserveront seulement les activités de Creaton en Autriche, en Pologne et en Hongrie. Autant dire la portion congrue : alors que Terreal prévoit de réaliser un chiffre d’affaires consolidé global de 880 millions d’euros en 2022, les actifs cédés devraient représenter des revenus de 740 millions d’euros, selon une présentation de Wienerberger à ses investisseurs.

La transaction se fait sur une valeur d’entreprise d’environ 600 millions. Ce prix représente un multiple de 6 fois le résultat brut d’exploitation (Ebitda) estimé en 2022. L’acquéreur prévoit une croissance de l’Ebitda à 130 millions en 2025 et 150 millions l’année suivante, sur un marché européen de la toiture porté par la rénovation et le souci d’efficacité énergétique. Wienerberger espère boucler l’opération fin 2023 ou début 2024.

Comme Monier ou Materis, Terreal a été l’un des symboles en France des excès des rachats à effet de levier (LBO, leveraged buy-out) dans les années 2000. Après deux ans dans le portefeuille de Carlyle et Eurazeo, l’entreprise avait été revendue en 2005 à LBO France pour 860 millions d’euros, plus du double de son prix d’achat. Mais la crise financière de 2007 et le retournement des marchés immobiliers avaient fait s’écrouler le bel édifice. En 2009, le groupe restructurait une première fois sa dette, avant que LBO France n’en confie totalement les clés quatre ans plus tard aux créanciers. Parmi ces derniers figuraient aussi la Société Générale et KKR.

Fin 2018, ces créanciers actionnaires avaient étudié une vente avant d’opter pour un refinancement de la dette. Passé le trou d’air du Covid, puis la digestion de Creaton, Terreal et la majorité de ses 3.200 salariés peuvent désormais écrire leur avenir chez un industriel.

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