
Worldline met le prix pour emporter SIX Payment Services
Worldline ne devra pas se tromper dans l’intégration de SIX Payment Services (SPS), la filiale de paiements du groupe suisse SIX acquise pour 2,303 milliards d’euros. Remportée à l’issue d’un processus «très compétitif» de l’aveu même de Thierry Breton, le président de Worldline, en raison de l’intérêt des fonds de private equity pour ce type d’acteurs, l’acquisition se fait sur un multiple valeur d’entreprise sur Ebitda estimé à 17,5 fois en 2019, pour la première année d’intégration, synergies comprises. Le multiple revient à 11 fois en annualisant l’intégralité des synergies attendues.
Worldine anticipe des synergies annuelles d’environ 110 millions d’euros en 2022, dont 25% seront réalisées dès 2019 et la moitié en 2020. Elles viendront de la rationalisation des coûts, notamment dans les infrastructures informatiques, les dépenses générales et administratives, les achats et l’immobilier, l’optimisation des ventes et du support client, ainsi que d’un accroissement du chiffre d’affaires. Le groupe prévoit que la transaction soit «légèrement relutive» sur le bénéfice par action en 2019, «relutive entre 5% et 9%» en 2020 et «relutive avec un taux à deux chiffres» en 2021.
Cette acquisition, la plus importante de son histoire, était stratégique pour Worldline dans un métier où l’effet volume joue à plein. Avec SPS, la filiale d’Atos augmente de 30% son chiffre d’affaires pour le porter à 2,3 milliards d’euros, et se renforce en Suisse (la moitié du chiffre d’affaires de SPS), en Autriche (13%) et au Luxembourg (10%).
En plus d’un prix élevé, Worldline a fait une concession pour emporter l’approbation de SIX. L’acquisition sera financée en grande partie en actions ce qui permettra au groupe suisse de devenir actionnaire de la société fusionnée. Worldline va émettre 49,1 millions d’actions, soit 27% de son capital, au profit de SIX. Atos conservera 51% du capital. Worldline versera une soulte de 283 millions d’euros en numéraire. Ce financement permet au groupe de conserver «une confortable marge de manœuvre financière, supérieure à 2 milliards d’euros fin 2019, hors augmentation de capital, pour poursuivre la croissance externe», apprécient les analystes d’Oddo BHF.
Selon Gilles Grapinet, le directeur général de Worldline, le potentiel de consolidation du marché européen des paiements reste important, du fait d’une fragmentation liée à la diversité des devises et des systèmes nationaux. Numéro 1 dans les services aux commerçants par exemple, Worldline-SPS ne détiendra pourtant que 10% de parts de ce marché, et 20% dans les services financiers.
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