
Les œuvres virtuelles NFT valent de l’or aux enchères

Une œuvre numérique réalisée par l’artiste Beeple, Everydays: The First 5.000 Days, vendue en mars dernier 69,3 millions de dollars (57 millions d’euros) chez Christie’s. Le mème (animation originale) du Nyan Cat (photo), célèbre chat arc-en-ciel, vendu environ 530.000 euros en avril dernier... Ce sont des œuvres d’art virtuelles, vendues aux enchères pour des prix astronomiques. Grâce à un nouveau moyen de les monnayer, les NFT (non-fongible tokens ou jetons non fongibles), qui ont probablement donné de la valeur à des œuvres auparavant sous-cotées. Un marché pourtant très instable, les ventes de NFT ont fortement chuté la semaine dernière.
Raz-de-marée ou bulle éphémère, tout le monde se convertit aux NFT et aux cryptomonnaies dans le petit monde de l’art. En généralisant les événements virtuels, en un an, le confinement a accéléré ce phénomène. Ce printemps, les vénérables maisons de vente aux enchères Christie’s et Sotheby’s ont annoncé leurs premières ventes d’œuvres d’art numériques en NFT ; Sotheby’s indiquait accepter désormais les deux principales cryptomonnaies, bitcoin et ethereum, comme moyens de paiement, et ce dès sa vente d’une œuvre – physique, elle – du street artist Banksy, Love is in the Air. Mise aux enchères le 12 mai à New York pour 3 à 5 millions de dollars, elle s’est arrachée pour 12,9 millions. Le client paiera en cryptomonnaie.
Sécurité maximale
Les NFT ont plusieurs avantages, dont la sécurité : certificats d’authenticité réputés inviolables, ils permettent à l’acheteur d’un objet numérique (dessin, animation, vidéo, photo, musique) d’être certain d’en être le propriétaire. « C’est un type de ‘token’ unique, indivisible, inviolable et non reproductible grâce à la blockchain », souligne Marc des Ligneris, responsable des investissements chez NapoleonX, un spécialiste des crypto-actifs.
Les maisons de vente aux enchères sont accompagnées par des spécialistes, comme la plateforme d’échanges Coinbase, qui indique aider Sotheby’s à « gérer les fluctuations de prix ».
Les acquéreurs ? Loin d’être des acheteurs dans l’art traditionnel ou des investisseurs classiques, ce sont souvent des personnes évoluant dans l’univers des cryptomonnaies, ayant les connaissances nécessaires pour effectuer de telles transactions. Ceux ayant remporté les plus grosses ventes de NFT disposent souvent d’importantes sommes en cryptomonnaies. « Plus de 90 % des achats des NFT sont réalisés par des détenteurs de cryptos. Vu l’augmentation massive des valeurs des cryptomonnaies, nombre de ces détenteurs ont cherché à diversifier leurs actifs », souligne Philippe Rodriguez, managing partner chez Avolta Partners.
Logique, les classiques maisons de vente aux enchères ont intérêt à s’y positionner. Question d’image, voire de survie. « C’est une façon de ne surtout pas casser l’ancien modèle d’intermédiation dans lequel elles sont. Elles ont les garanties, les clients, et les galeries passent par elles », poursuit Philippe Rodriguez.
Si le NFT s’est imposé dans l’art, les autres usages potentiels sont multiples. « Cela devient une technologie à part entière à travers une application simple et utile. On s’en sert déjà beaucoup dans l’industrie musicale, avec des artistes tels que les Kings of Leon », commente Alexander Moiseev, chief business officer chez le spécialiste de la cybersécurité Kaspersky.
Les jeux vidéo figuraient parmi les secteurs précurseurs : même l’éditeur tricolore Ubisoft a commercialisé des pièces de collection sous forme de tokens NFT sous sa licence-star Lapins Crétins, l’argent collecté étant reversé à l’Unicef. Le NFT s’impose aussi dans le luxe et la mode, où il permet de surfer sur la notion de rareté et de rallier des communautés de fans. « Tout est identifiable avec le NFT, il n’y a pas de marché noir possible », insiste Marc des Ligneris. Qui imagine déjà des usages dans « l’économie réelle », comme l’immobilier, les places de concert ou de sport, ou encore le marché de l’identité.
Plus d'articles du même thème
-
Les taux souverains japonais atteignent un plus haut sur dix ans
La Banque du Japon est intervenue pour contenir la baisse des prix en rachetant pour 300 milliards de yens de govies. -
La semaine prochaine, le marché attendra l'emploi américain sous la menace du «shutdown»
Une paralysie budgétaire des Etats-Unis à partir de dimanche pourrait empêcher la publication de statistiques clés. -
Moody’s alerte sur le risque systémique des prêts à effet de levier
La concentration du marché du crédit privé entre les mains de quelques gérants et l’ouverture de la classe d’actifs aux particuliers pourraient entraîner de graves crises de liquidité.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Vanguard va lancer deux ETF obligataires
- Aucune banque française ne figure parmi les 40 marques européennes les plus valorisées
- L’étau se resserre autour de la fiscalité du patrimoine
- Rattrapé par des suspicions sur Credit Suisse, UBS décroche en Bourse
- ADP, Vinci et Eiffage affichent leur confiance face à la menace de surtaxe
- Coty entrera jeudi à la Bourse de Paris
Contenu de nos partenaires
-
A boulets rouges
Sophie Binet déclare la guerre aux patrons
La nouvelle secrétaire générale de la CGT joue le rapport de force face aux chefs d'entreprise tant dans les réunions ministérielles que sur les piquets de grève -
Editorial
Climat: le difficile numéro d’équilibrisme du Président
Le chef de l’Etat a beau promettre du concret, de la simplicité, du «positif», la transition écologique est comme le courant électrique : on va invariablement de la borne «plus» vers la borne «moins» -
Tambouille
Loi de programmation des finances publiques: la majorité embarrassée par l'aide du RN
Le parti de Marine Le Pen pourrait s'abstenir sur la LPFP, devenant de fait un allié incontournable de la majorité. Celle-ci réfléchit à l’option d'un 49.3, gênée par l'idée d'afficher une victoire grâce au RN