
La néobanque N26 réalise une levée historique de 900 millions de dollars

Les levées de fonds record s’enchaînent chez les fintechs. Après Nubank, qui a récolté 1,15 milliard de dollars en juin, puis Revolut, qui a levé 800 millions en août, la néobanque allemande N26 a annoncé ce lundi un nouveau round de financement en Série E d’un montant de 900 millions de dollars (775 millions d’euros), qui lui permet d’atteindre une valorisation de plus de 9 milliards de dollars.
Ce nouveau tour de table a été mené par les fonds américains Third Point Ventures et Coatue Management, rejoints par Dragoneer Investment Group ainsi que certains des investisseurs existants de N26, précise celle-ci dans un communiqué.
Cette levée constitue un record pour une fintech européenne. Et un grand bond pour N26 par rapport à sa valorisation de 3,5 milliards de dollars, atteinte lors de son dernier tour de table en série D de 170 millions de dollars, réalisé en juillet 2019. Au passage, ce tour de table lui permet de devenir la première fintech allemande en termes de valorisation, dépassant même des banques traditionnelles comme Commerzbank, qui capitalise 7,7 milliards d’euros à la Bourse de Francfort.
Accusations de blanchiment
Cette opération est la preuve que les accusations de blanchiment par le régulateur bancaire allemand à l’encontre de N26 n’ont pas refroidi les investisseurs. N26 s’est vue infliger en juin une amende de quelque 4,25 millions d’euros par la BaFin en raison de failles dans son dispositif de prévention du blanchiment d’argent. De fait, elle est dans le viseur du régulateur depuis 2018, même si elle a une licence bancaire à part entière en Allemagne.
Déjà fin mai, l’autorité avait ordonné à la néobanque de mettre en place des contrôles internes pour prévenir le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. L’autorité lui avait demandé de corriger des lacunes «à la fois dans la surveillance informatique et dans la diligence raisonnable de la clientèle».
Fin août, en réaction aux pressions du régulateur allemand, N26 avait annoncé un renforcement de ses moyens de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme avec, notamment, la nomination de « trois experts expérimentés en matière de gouvernance, de risque, de conformité et de finance à des postes de direction clés ».
Depuis son lancement en 2015 par Valentin Stalf et Maximilian Tayenthal, N26 propose des comptes bancaires et des cartes de débit qui peuvent être gérés depuis une application mobile. N26 se fait fort de mettre en avant la simplicité du processus d’ouverture d’un compte bancaire.
L’Europe de l’Est en vue
La société a aussi lancé plusieurs produits financiers, à commencer par des abonnements premium, tels N26 Smart, N26 You ou N26 Metal, qui permettent de créer plus de sous-comptes, d’obtenir des limites plus élevées et d’accéder à plus de modèles de cartes. Les utilisateurs de N26 You et N26 Metal bénéficient également de produits d’assurance dans le cadre de leurs abonnements.
Aujourd’hui, la néobanque basée à Berlin revendique 7 millions de clients dans 25 pays. Avec cet argent frais dans les caisses, elle annonce 1.000 recrutements supplémentaires dans les deux années à venir.
Mais N26 ne semble pas vouloir pousser son développement à l’international. Jérémie Rsselli, DG France et Bénélux de la fintech, cité dans le communiqué, évoque plutôt « l’avènement d’un géant européen ».
Elle opère déjà pour l’essentiel en Europe, un an et demi après avoir fermé son bureau à Londres, et alors qu’au Brésil, où elle a obtenu une licence bancaire en janvier, l’ouverture d’un bureau local reste toujours à l’état de projet, selon son site. Elle opère aux Etats-Unis en partenariat avec Axos Bank.
N26 prévoit désormais de s'étendre vers l’Europe de l’Est tout au long de 2022 : elle envisage notamment d’ouvrir un bureau à Belgrade, en Serbie.
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