La mixité est encore inégalitaire dans la fintech aussi

Hélène Truffaut
mixité dans les fintech

Tech, banque-finance, entrepreneuriat : la triple peine pour les femmes ? Ce qui est sûr, c’est que les chiffres de la mixité dans la Fintech française ne sont pas bons, selon les résultats de l’étude menée par France FinTech, Arkéa et le cabinet Roland Berger, publiée le 4 avril. En 2019, les femmes ne représentent encore que 33% des effectifs du secteur (contre 26% il y a trois ans). Elles ne sont que 12% à y occuper un poste de direction, proportion qui tombe à 9% chez les fondateurs.

«On avait le sentiment qu’on était sur un terrain neutre, avec un horizon des possibles très ouvert et de la place pour tout le monde», commente Axelle Lemaire, ex-secrétaire d’État chargée du numérique et désormais partner global head of Terra Numerata chez Roland Berger. Pour qui «la promesse initiale de la Fintech a été déçue». La féminisation du secteur progresse, mais très (trop) lentement, souligne l’enquête.

Une situation qui s’explique par trois facteurs majeurs, expose Thierry Quesnel, partner chez Roland Berger : la formation et les biais d’orientation en faveur des garçons vers les études scientifiques – un classique ! ; la représentation culturelle du milieu financier, bancaire et technologique qui en découle, plus hermétique à la participation des femmes. Et différents freins psychologiques (peur d’entreprendre, autocensure…), qui amènent ces dernières à renoncer à une carrière dans la Fintech.

La convention collective Syntec adoptée par la plupart des jeunes pousses, nettement moins avantageuse que celle de la banque (notamment en matière de congé maternité), n’incite d’ailleurs pas à la mobilité. De fait, les hommes issus de l’industrie bancaire et assurantielle demeurent les principaux acteurs de cet écosystème. Qui prospère en vase clos ou presque.

Plus préoccupant : selon les témoignages recueillis, l’accès aux sources de financement demeure inégalitaire, constituant un obstacle aux projets entrepreneuriaux féminins. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2017, les femmes ont levé 142,5 millions d’euros, soit 7% du total des fonds alloués aux projets de création dans la Fintech. Et, au premier tour de financement, le ticket moyen est moitié moins élevé : 3,5 millions d’euros pour les femmes, contre 6,9 millions pour les hommes.

Fait révélateur : en France, les dix fonds de capital-risque les plus investis dans des levées de fonds Fintech rendues publiques réunissent 78 partners, dont seulement cinq femmes. Cherchez l’erreur.

*Etude réalisée sur la base d’un sondage mixte sur la composition des équipes (97 répondants), d’un sondage adressé à des femmes (50 réponses) et de 24 entretiens individuels avec des femmes de l’écosystème Fintech.

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