Des financements longs aux PME avec Firmfunding

En créant une place de marché en financement des PME, Florence Vasilescu a fait confiance à son intuition. Proposer des placements privés non pas à des ETI mais à des PME fait encore figure de gageure quand elle décide de lancer son projet en 2016. Après un début de carrière en fusions-acquisitions chez JPMorgan, puis CA CIB, elle devient responsable de portefeuille d’entreprises à la direction des émetteurs de l’AMF (Autorité des marchés financiers) et acquiert des convictions. « J’ai vu le monde du financement changer, suite aux contraintes réglementaires renforcées pour les banques et au développement des prêts privés, du financement participatif, se souvient-elle. Les investisseurs évoluaient, les family offices notamment se sont intéressés à ce marché qui s’ouvrait. »

La mise en œuvre procède d’une conviction ferme, forgée à partir de son expérience de terrain. L’obligataire est un excellent outil pour financer in fine les entreprises, il faut le mettre à la portée de celles qui recherchent des tickets de 1 à 10 millions. La mise en place du projet va prendre 18 mois, le temps, pour cette diplômée d’HEC de faire une grande étude de marché. Elle s’entoure de partenaires – des associés issus des cabinets Mazars et Gide, un ex-banquier de marché, un business angel spécialiste du numérique – et met au point une solution entièrement en ligne pour rapprocher PME et investisseurs : « Le digital permet de désenclaver les PME, affirme la dirigeante. J’ai précisément lancé FirmFunding sur l’idée qu’un tel outil servirait le développement des petites et moyennes entreprises, créatrices d’emplois. L’idée de l’utilité sociale du projet a soutenu ma détermination à le mener à bien. »

L’ambition est d’en faire une référence en France, et FirmFunding ne s’autorise aucune erreur. Tout en simplifiant au maximum la démarche des acteurs, il faut répondre aux multiples exigences réglementaires, de l’investissement, des paiements, des règles anti-blanchiment. Côté technologique, Florence Vasilescu avance avec pragmatisme. Plutôt qu’un système propriétaire sur mesure, elle démarre avec une plate-forme en marque blanche, le temps que le parcours client se précise. Le modèle financier est très économe, avec une levée de fonds de seulement 0,3 million d’euros jusqu’ici. Mais les choses avancent rapidement : après 10 millions d’euros de transactions en 2017, FirmFunding devrait engranger 30 millions au premier semestre 2018. Au deuxième semestre, la société va proposer un fonds aux investisseurs qui ne veulent pas choisir les sociétés une à une. Une levée est programmée pour accélérer le développement et l’extension de l’activité à d’autres marchés, et proposer, d’ici 18 mois à deux ans, de l’analyse financière propriétaire à base de machine learning.