David Prinçay (Binance): «L’Europe peut devenir le leader mondial de la blockchain»

David Prinçay, le patron de Binance France, dévoile à L’Agefi ses ambitions pour les prochains mois dans l’Hexagone, mais aussi dans d’autres pays européens.
Louis Tellier
David Prinçay, patron de Binance France, société enregistrée comme prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) à l’AMF en mai 2022
David Prinçay, patron de Binance France, société enregistrée comme prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) à l’AMF en mai 2022  - 

Le 5 mai dernier, Binance a officiellement été enregistré comme prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Une «étape importante», pour David Prinçay, le patron de Binance France, qui veut maintenant solidement établir dans l’Hexagone la plus grosse plateforme d’échanges de cryptomonnaies au monde. Pour ensuite partir à la conquête de l’Europe.

Les utilisateurs pouvaient déjà avoir accès aux services de Binance avant votre enregistrement, pourquoi le statut de PSAN était-il important pour vous ?

David Prinçay : Cet enregistrement prouve notre sérieux, notre capacité à passer à l’étape supérieure. Aujourd’hui, on estime que l’on est à 8% d’adoption pour la blockchain en France. Si on veut augmenter ce pourcentage, il faut donner encore plus de garanties à ceux qui veulent se lancer, en leur proposant des espaces clairs et rassurants pour pouvoir apprendre.

Etait-ce aussi une manière d’envoyer un message aux autres régulateurs ?

C’était effectivement aussi notre intention. La France est un pays du G7, connu pour la rigueur de ses règles financières. Connaître ce processus avec le régulateur est aussi structurant pour nous, parce que l’on est une jeune start-up bénéficiant d’une croissante très forte. Obtenir le PSAN montre notre capacité à passer à l’étape supérieure de notre développement. Je pense que le fait qu’un acteur de notre envergure cherche à s’enregistrer en France a été une bonne nouvelle pour les autorités. Cela a montré notre volonté de nous plier à cet exercice, que certains jugent d’ailleurs facultatif. Pour nous, il était indispensable. Binance propose énormément de services, les échanges [avec les régulateurs] ont été nombreux, précis. On ressort grandi d’un exercice comme celui-ci.

Par le passé, de nombreuses voix de l’écosystème français ont critiqué cette réglementation, jugée trop stricte pour empêcher son bon développement…

Il faut faire la distinction entre la réglementation et l’imposition. Notre système d’imposition sur les cryptomonnaies n’est pas forcément le plus compétitif d’Europe. Mais, concernant la réglementation, la France a été pionnière en la matière en Europe, et avec des règles claires dès le départ, qui allaient dans le bon sens.

Avec cet enregistrement, vous allez pouvoir mener des opérations à destination du public français. A quoi peut-on s’attendre dans les mois qui viennent ?

Déjà, il y aura VivaTech [du 15 au 18 juin à Paris], où «CZ» [Changpeng Zhao, fondateur et PDG de Binance] sera invité d’honneur. Il y aura également des événements organisés avec Binance Labs à Station F. Nous voulons vraiment participer à développer l’éducation sur la blockchain, un sujet qui requiert des connaissances complexes en finance ou en sécurité informatique. Binance vient en France pour créer un écosystème compétitif au niveau mondial et, pour cela, il nous faudra énormément de personnes compétentes.

Peut-on imaginer des partenariats avec des écoles par exemple ?

Cela fait partie des options, bien sûr. Nous pouvons imaginer des cursus comme le «Webimarathon», où l’on avait formé près de 6.000 personnes à distance en deux mois. C’est quelque chose que l’on sera amenés à refaire. Je suis convaincu que, dans deux ans, être codeur dans la blockchain sera un métier à part entière.

Combien de personnes allez-vous embaucher dans les mois qui viennent en France ?

Nous tablons sur une croissance très forte. Nous serons environ 250 avant la fin de l’année [contre une quarantaine actuellement]. Mais Binance est une entreprise globale. Nous ferons donc aussi venir nos profils les plus compétents du monde entier en France avec leurs équipes, en plus de créer des emplois. Le but est de donner le plus d’opportunités possible à l’écosystème français de grandir le plus rapidement possible.

La parité femmes/hommes est aussi quelque chose qui nous tient à cœur. Il y a une émergence très intéressante de profils féminins talentueux et qui ont envie de faire passer le message que les femmes ont leur place dans cet écosystème. Actuellement, il y a plus de femmes que d’hommes au sein de Binance France et nous en sommes fiers.

Sentez-vous que le regard change sur les cryptomonnaies au niveau européen ?

Les mentalités vis-à-vis de la blockchain ont évolué positivement depuis 2017. Je le constate chez la plupart des gouvernements que j’ai l’occasion de rencontrer. Nous avons des processus d’enregistrement en Espagne, au Portugal, en Suède et en Italie. Nous constatons les bénéfices d’avoir obtenu cet enregistrement PSAN en France : le regard sur nous est maintenant très positif. Les pays européens se rendent compte qu’il y a une carte à jouer dans la blockchain. L’Europe peut devenir le leader mondial de la blockchain.

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