
Coinhouse mise sur son antériorité pour asseoir sa position d’institutionnel du Web 3

L’année 2022 a sonné la fin du marché haussier pour l’écosystème crypto. Les nombreuses faillites dans le secteur et surtout celle de la plateforme FTX, à l’origine d’une sévère crise de confiance, poussent de nombreux groupes industriels du monde classique à réfléchir à deux fois quant au choix des partenaires pour s’engager dans le Web 3.
Coinhouse veut profiter de 2023 pour s’affirmer comme intermédiaire privilégié pour permettre aux particuliers et aux entreprises d’appréhender le Web 3, terme générique désignant le futur internet reposant sur infrastructure basée sur les réseaux blockchain avec des échanges essentiellement en cryptoactifs.
«Une grand partie de l’adoption des cryptos passera par la simplification de l’expérience utilisateur. C’est sur ce créneau que nous voulons plus que jamais nous positionner», a expliqué jeudi le PDG Nicolas Louvet, lors de la présentation de la stratégie globale de son groupe pour l’année qui vient.
Apparu début septembre, le slogan «mieux qu’une cryptobanque» prend alors tout son sens alors même que Coinhouse a dû stopper ses livrets crypto fin décembre, son offre de rendement phare, à la suite de graves difficultés économiques rencontrées par Genesis, l’une de ses principales contreparties. L’entreprise dirigée par Nicolas Louvet affirme tout de même travailler sur un nouveau produit de rendement crypto qu’elle espère lancer au plus tôt en 2023.
18 entreprises du CAC 40
Le dernier boom crypto a montré que de nombreux secteurs pouvaient potentiellement être transformés par l’utilisation de la blockchain et des cryptoactifs, du secteur financier au luxe, en passant par les réseaux sociaux avec le Métavers, et le jeu vidéo. «En 2021, 27% de notre chiffres d’affaires provenait de collaboration avec les entreprises. Cette part se situe actuellement à 42%», se réjouit Nicolas Louvet qui affirme également que Coinhouse travaille avec 18 entreprises du CAC40.
Acteur parmi les plus importants d’Europe, Coinhouse a été la première entreprise française à être enregistrée comme prestataire de services sur actifs numériques (PSAN) auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). Elle entend miser sur cette antériorité en tant qu’entreprise régulée pour notamment gérer la conservation d’actifs numériques et les échanges entre monnaies traditionnelles et cryptomonnaies. En ligne de mire, des offres destinées à simplifier la diversification de trésorerie, l’épargne ou encore le paiement.
«Nous travaillons beaucoup avec les professions libérales mais aussi avec des collectivités territoriales notamment sur de l’événementiel. On voit donc que le sujet des cryptos ne touche pas simplement les grands groupes», précise Romain Saguy en charge des opérations chez Coinhouse.
Coup d’arrêt à l’agrément PSAN
La réglementation est revenue au cœur de l’actualité en début d’année avec l’introduction d’un amendement proposant de rendre obligatoire l’agrément PSAN, finalement écarté mardi par les députés. L’un des arguments du sénateur Hervé Maurey à l’origine de l’amendement rejeté était «qu’aucun PSAN n’avait demandé son agrément». L’Agefi peut affirmer que c’est faux puisque selon nos informations, plusieurs acteurs, pour certains de premier plan, ont entamé une procédure auprès de l’AMF pour l’obtenir.
«Nous avons demandé l’agrément en 2020 juste après avoir obtenu l’enregistrement (PSAN). Mais nous avons ensuite décidé d’arrêter le processus», assure Nicolas Louvet. «A l’époque, le régulateur nous avait assuré que l’enregistrement PSAN nous ouvrirait des portes notamment vis-à-vis des banques, ce qui n’a quasiment pas été le cas. En plus de cela, les enregistrements se sont rapidement multipliés dans les mois suivants», ajoute-t-il.
A ces contraintes s’ajoute l’épineuse question de la concurrence déloyale d’acteurs étrangers non-enregistrés. A titre d’exemple, un investisseur français pouvait investir dans FTX, alors même que la plateforme fondée par Samuel Bankman-Fried n’était pas PSAN. Un biais concurrentiel dissuasif. Coinhouse estimait donc ne plus avoir d’intérêt à obtenir l’agrément. En revanche, Nicolas Louvet précise bien à L’Agefi que son entreprise a bien repris la procédure pour obtenir le précieux sésame.
«Notre objectif est bien d’être agréé le plus vite possible en France et ensuite, sans plus attendre, demander l’agrément MiCA (Markets in Crypto-Assets) pour être parmi les premiers en Europe à l’obtenir», précise le dirigeant. MiCA, sur lequel un accord politique a été trouvé cet été, doit rentrer en application au plus tôt en 2024 et promet d’harmoniser les régulations cryptos entre les États membres et rendra l’agrément obligatoire pour pouvoir opérer en Europe.
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