Wal-Mart est rattrapé par une affaire de corruption au Mexique

L’affaire avait fait l’objet dès 2005 d’un rapport interne, selon le New York Times. Les dirigeants actuels du groupe pourraient être mis en cause.
Yves-Marc Le Reour

Les errements passés de Wal-Mart au Mexique sapent la crédibilité de sa gouvernance. Suite à un article du New York Times paru ce week-end, un porte parole du leader mondial de la distribution a déclaré hier soir être «très préoccupé» par l’enquête interne, toujours en cours, ouverte à l’automne par le groupe pour déterminer l’implication exacte de ses dirigeants dans les pratiques de corruption qui lui ont permis de se développer rapidement au Mexique. Le groupe a en effet à l’heure actuelle près de 2.100 magasins dans ce pays contre un peu plus de 10.000 à l’échelle mondiale. Tout en soulignant que ceci portait sur des faits «vieux de plus de six ans», le groupe «tente vraiment de savoir ce qui s’est passé», a ajouté David Tovar. Ce dernier note également que les actionnaires de Wal-Mart avaient été avertis en décembre dernier de l’enquête en cours.

En septembre 2005, Cicero Zapata, un ex-responsable de la filiale mexicaine de Wal-Mart, avait révélé que plus de 24 millions de dollars avaient été distribués à partir de la fin des années 90 en pots-de-vin par le groupe pour obtenir des permis de construire ayant considérablement accéléré son expansion locale. Le journal américain souligne qu’un rapport interne au groupe, resté secret, confirmait la violation des lois américaines et mexicaines. Mais cela n’a pas empêché Eduardo Castro-Wright, alors patron de la filiale mexicaine, d’être promu vice-président de Wal-Mart en 2008.

L’actuel directeur général Mike Duke, ainsi que son prédécesseur Lee Scott, membre du conseil d’administration, ont de fortes chances d’être mis en cause. Le premier était en charge des opérations internationales du groupe. Plusieurs analystes et juristes soulignent que «le groupe sera obligé de consacrer des millions de dollars à cette enquête qui pourrait durer entre 2 et 4 ans».

Cette affaire survient dans un pays peu réputé pour sa vertu en matière de gouvernance. Une étude réalisée en 2011 par Transparency International sur 28 pays montrait qu’en matière de pots-de-vin payés par des entreprises, le Mexique arrivait en troisième position derrière la Chine et la Russie. Le think tank «Private Sector Center for Economic Studies» estimait la semaine dernière que la corruption coûtait au pays près de 115 milliards de dollars par an, soit 10% de son produit intérieur brut (PIB).

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