Vivarte demande à ses prêteurs d’abandonner une partie de leurs créances

Sous mandat ad hoc, le groupe d’enseignes de prêt-à-porter affiche 300 millions d’euros d’Ebitda annuel face à 2,8 milliards de dette résiduelle
Olivier Pinaud

Les données sont désormais sur la table. Lors d’une réunion tenue hier sous l’égide de l’administratrice judiciaire Hélène Bourbouloux, Marc Lelandais, le président de Vivarte, a été clair avec ses quelque 170 créanciers: la société a décidé de «reporter tout paiement dû à ses prêteurs au titre de la dette d’acquisition contractée par ses holdings financières en 2007». Une décision logique après le placement sous mandat ad hoc de la société d’enseignes de prêt-à-porter (La Halle aux Vêtements, Caroll, Kookaï…) et de chaussures (André, Minelli…) dans l’incapacité de rembourser les 2,8 milliards d’euros de dette résiduelle héritée du LBO de 2007 mené par Charterhouse.

Le groupe a déjà remboursé 1,1 milliard. Mais face à une dégradation des résultats, le montant résiduel de dette représente plus de 9 fois l’excédent brut d’exploitation, tombé l’an dernier à 300 millions d’euros, loin des 390 millions de 2012 et des 477 millions de 2011. Ce levier est largement supérieur au plafond fixé à 6,05 fois et intenable pour une société de ce secteur, soumise à la concurrence de géants comme Zara et H&M.

Vivarte dispose d’environ 300 millions d’euros de disponibilités, soit moitié moins qu’un an auparavant. La direction est décidée à utiliser ces ultimes ressources pour assurer le redéploiement des enseignes à bout de souffle, principalement La Halle, qui représente à elle seule un quart des 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel du groupe.

Obtenu en 2012, le report à 2018 de 2 milliards de dette n’a fait que repousser le problème. «Cette fois, la direction de Vivarte est décidée à régler la question et le plus vite possible pour préserver l’activité, plus sensible que celle de sociétés comme la Saur ou Eurotunnel, également passées par un mandat ad hoc», explique un proche des discussions. Epaulée par Rothschild, elle a demandé aux créanciers, pour la plupart des fonds spécialisés dans la dette décotée, de renoncer à une partie de leurs créances pour ajuster le niveau de dette à celui de l’Ebitda. Avec, comme menace ultime, de placer la société en procédure de sauvegarde.

De leur côté, les créanciers qui se sont prononcés en janvier dernier contre un gel des covenants bancaires demandent plus d’informations sur le plan d’affaires de la direction. Des cessions d’actifs pourraient permettre de desserrer le carcan de la dette. Une perspective à laquelle s’est toujours refusé Vivarte.

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