Verizon acquiert AOL pour passer un cap dans les contenus mobiles

L’opération confirme la convergence entre les secteurs des télécoms et des médias. Mais le bien-fondé de l’opération reste à prouver.
Antoine Landrot

Heureusement pour Lowell McAdam, le directeur général de Verizon Communications, renier sa parole ne tue pas. Début janvier, il déclarait concernant les rumeurs de négociations avec AOL, que le fournisseur d’accès internet et de contenus était «un partenaire potentiel [...]. Mais dire que nous avons engagé des discussions en vue d’une acquisition importante n’est vraiment pas exact».

L’opérateur télécoms n’en a pas moins déposé hier une OPA sur AOL à 50 dollars par actions (soit une prime de 17,4% par rapport au cours de clôture de lundi), valorisant ce dernier à 4,4 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros) dette comprise. Un prix 37 fois inférieur à sa capitalisation au plus haut de la bulle internet.

Selon les termes de l’OPA, AOL deviendra une filiale de Verizon et conservera à sa tête son directeur général Tim Armstrong. Lowell McAdam a indiqué à Reuters être en discussion avec son homologue depuis l’année dernière.

Ce rapprochement s’inscrit dans la tendance à la convergence des secteurs télécoms et médias, comme l’atteste l’acquisition de DirecTV par AT&T. Concurrencé sur son métier historique, notamment par T-Mobile US qui ne cesse de gagner des parts de marché, Verizon doit se diversifier. Avec AOL, il se renforce dans le streaming vidéo et la publicité sur mobile.

Outre son activité historique, le fournisseur d’accès a musclé son activité publicitaire, qui a progressé de 20% au dernier trimestre 2014 et de 21% au premier trimestre 2015, représentant 45% des revenus du groupe. AOL a récemment acquis Adap.tv, une plate-forme publicitaire automatisée. Les 100 millions de clients de Verizon font entrevoir d’importants débouchés.

Mais si l’opérateur (conseillé par LionTree et Guggenheim Partners) convoite les technologies d’AOL (conseillé par Allen & Co), il n’est pas certain que cela soit le cas pour l’ensemble de ses contenus. AOL est propriétaire, entre autres, des sites internet Huffington Post, TechCrunch et Engadget. Le site d’information Re/code indiquait ainsi hier qu’AOL tentait de trouver un acquéreur au Huffington Post pour un milliard de dollars.

Cette disparité d’activité est mise en avant par plusieurs analystes, qui doutent de l’intérêt réel de l’opération, d’autant plus que le marché de la publicité en ligne est outrageusement dominé par Google et, dans une moindre mesure, Facebook. L’action Verizon n’a d’ailleurs pas été à la fête hier (-0,36%, à 49,62 dollars), tandis que le cours d’AOL flambait de 18,62%, à 50,52 dollars.

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